Échecs : Viswanathan Anand perd son titre face à Magnus Carlsen

Ramalingam Va, à Chennai, traduit par Alice Robert
1 Décembre 2013



Le jeune prodige norvégien Magnus Carlsen a détrôné l'Indien, quintuple champion du monde, Viswanathan Anand, lors du championnat du monde d’échecs à Chennai. Organisé par la Fédération Internationale des Échecs, le Championnat du monde promettait aux vainqueurs la somme totale de près d'1 milliard cinq cent mille roupies indiennes, soit près de 19 millions d’euros.


Le Norvégien Magnus Carlsen et l'Indien Viswanathan Anand  | Crédits photo -- NTB Scanpix / AFP / Kent Skibstad
Le Norvégien Magnus Carlsen et l'Indien Viswanathan Anand | Crédits photo -- NTB Scanpix / AFP / Kent Skibstad
12 parties se sont succédé, au cours desquelles les joueurs se sont disputés le titre. Après quatre premières parties qui se sont soldées par un score nul, la pression est montée d'un cran, chacun des deux joueurs n'ayant qu'une envie : s'imposer lors des parties suivantes et ainsi prétendre au titre de champion. Magnus Carlsen a pris le dessus sur Anand lors de la cinquième manche. À ce moment, il goûta à la victoire pour la première fois. Ce qu’il reproduit avec brio lors de la partie n°6. La pression a immédiatement gagné Viswanathan Anand, qui, pour conserver son titre, devait remporter les parties suivantes. Peine perdue, Carlsen a pris à chaque fois l’avantage sur Anand, qui ne parvint qu’à une égalité lors des deux matchs suivants. Carlsen s’est assuré le titre de champion lors de la 9e partie, alors qu’Anand était manifestement hors jeu. Le score final fut de 6,5 à 3,5 ce qui permit à Carlsen de s’offrir le titre de champion du monde d’échecs.

La fin du règne d’Anand ?

Viswanathan Anand est considéré comme le numéro 1 des échecs en Inde. Il a acquis sa notoriété alors adolescent, en recevant le titre de maître international à l’âge de 15 ans. À 18 ans, il reçoit la Padma Shri, décoration civile attribuée par le gouvernement, faisant de lui le plus jeune Indien de l’histoire à recevoir cette distinction. Il obtient son premier titre de champion du monde en 2000.

En plus d’être le premier Indien à remporter le titre, il a occupé pendant plus de 15 mois la première place des classements de la Fédération internationale des échecs (FIDE). Il fut aussi un champion du monde incontestable de 2007 à 2013. Anand est considéré comme le meilleur joueur de Blitz - ou « jeu éclair » - de sa génération. Beaucoup d’experts voient en la défaite d’Anand la fin d'un règne, la fin d'un maître du jeu.

Un événement suivi par de nombreux fans

Bien que les échecs ne soient pas le jeu le plus dynamique qui soit, ce championnat a attiré de nombreux fans. Des admirateurs ont afflué en nombre de l’étranger pour voir les deux grands maîtres internationaux se disputer le titre. Parallèlement au championnat, de multiples tournois d’échecs ont été organisés en Inde. De nombreux médias ont consacré des reportages aux joueurs d’échecs les plus prometteurs de la ville de Chennai et de ses quartiers.

Lors de la cérémonie de clôture le 25 novembre dernier, Carlsen a remporté le trophée, prix auquel se sont ajoutés près de 11,6 millions d’euros, contre environ 710 000 euros pour Viswanathan Anand. Le gouvernement du Tamil Nadu étant le principal sponsor de ces championnats, les prix ont été remis par le Premier ministre de l'État indien du Tamil Nadu.

L’Inde : une affaire d’échecs

Les échecs constituent depuis longtemps une tradition en Inde. On rapporte qu’ils auraient été inventés au VIe siècle ap. J.-C. et se seraient progressivement diffusés en Occident par la Perse. Ce jeu était connu jadis sous le nom de Chaturanga, qui signifie « quatre membres » en sanskri, chaque membre désignant l’une des quatre divisions de l’armée indienne à savoir l’infanterie, la cavalerie, les chars et les éléphants. Les échecs traditionnels indiens se jouaient sur un tablier de 8x8 cases, bien qu’il existait aussi des versions de 9x9 et 10x10 cases. La forme traditionnelle des échecs présentait quelques différences avec celle que nous connaissons aujourd’hui. La plus significative réside en la reine actuelle, autrefois appelée Mantri, qui signifie « Ministre ».

Le Chanturanga était un jeu de simulation de batailles et servait à indiquer les stratégies militaires indiennes de l’époque. Il aurait emprunté son nom sanskrit à une bataille figurant dans l’épopée indienne de la Grande Guerre de Mahabharata. L’érudit islamique Abu al-Hasan Ali ibn al-Husayn al-Mas'udi qui vécut entre 896 et 956 ap. J.-C. a affirmé qu’à l’époque, les pièces d’échecs en Inde étaient fabriquées en ivoire. Aussi, s’il semblerait que les premières échecs datent de la célèbre dynastie des Gupta, les historiens Gerhard Josten et Isaak Lender soutiennent être remontés jusqu’aux origines des échecs en Afghanistan, dans la dynastie de Kushan.

L’avenir des échecs en Inde

Viswanathan Anand a fortement encouragé la jeune génération indienne à jouer aux échecs en compétition. Par conséquent, de nombreux enfants en Inde maîtrisent le jeu depuis leur plus jeune âge. Plusieurs écoles ont accepté des élèves en raison de leur aptitude en la matière et les aident à atteindre l’excellence. Or, rien de tout ceci n’aurait pu être envisageable sans la victoire du jeune prodige de 14 ans lors du championnat d'échecs cadets national avec un score de 9/9 !

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