En suivant le chemin de bronze et de pierre

28 Février 2015



Souvent qualifiée de dernière dictature d'Europe, la Biélorussie a généralement une image négative dans la presse internationale. Pourtant, c’est un pays dont le patrimoine national est d’une grande richesse, mêlant les répercussions de son passé soviétique à la nouvelle jeunesse biélorusse.


Crédit Eugénie Rousak
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La capitale, située sur la rivière Svislotch, revêt un nouveau visage artistique au XXIème siècle. Après sa destruction durant la Seconde Guerre mondiale, Minsk s’est reconstruite et s’est embellie, devenant une ville propre et culturellement fascinante. Aujourd'hui, les façades sont complètement refaites, et les musées et théâtres remis à neuf. Enfin, les parcs abritent désormais de nouveaux habitants en bronze et en pierre. Notre voyage commence par les figures historiques de la ville, celles qui ont su résister à de multiples changements et aménagements.

Pendant le règne de l’Union soviétique, beaucoup de villes possédaient une, voire plusieurs statues à l’effigie du fondateur du léninisme. Contrairement aux autres capitales où ces statues ont été détruites ou déplacées dans des parcs spécialisés, la silhouette de Lénine occupe toujours sa place devant la maison du gouvernement.
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En traversant la ville par l’avenue de l’Indépendance, nous arrivons dans un autre endroit historiquement symbolique, la place de la Victoire. Le passé soviétique est rappelé par l’obélisque de 38 mètres et par une flamme du souvenir. Les architectes U.Karol, G.Zagorski et les sculpteurs Z.Azgur, A.Bembel et S.Selikhanau ont travaillé ensemble pour rendre hommage aux victimes civiles et militaires biélorusses de la Seconde Guerre mondiale.

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Finalement, dans la rue Melnikayte, se trouve le mémorial « Trou », qui rend hommage aux 5 000 victimes du ghetto de Minsk, tuées ici-même le 2 mars 1942. Une composition parallèle aux marches, « le dernier chemin », illustre un groupe de personnes, adultes et enfants, qui descendent dans le trou. L’architecte Leonid Levin et les sculpteurs Finskii et Polok ont eu besoin de huit ans pour réaliser ce monument.

Ces Biélorusses connus

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L’art et la culture sont également très présents dans le passé biélorusse, et les nombreuses statues des écrivains, accompagnés de leurs personnages, en sont des preuves. Ainsi, la grande majorité des parcs minskois porte le nom d'artistes qui ont profondément influencé le patrimoine culturel national.
 
L’exploration commence face à la Philharmonie nationale avec un monument du poète biélorusse Yakub Kolas, qui a été inauguré pour son 90ème anniversaire. Avec ses œuvres qui illustrent la richesse de la nature biélorusse et la psychologie des paysans, il est l’un des classiques de la nouvelle littérature du pays. A ses côtés se tiennent honorablement deux compositions de ses personnages.

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A seulement quelques stations de métro, Maksim Gorky, écrivain soviétique reconnu, est fièrement assis dans le parc d’attractions du même nom au centre de la capitale. On lui doit notamment sa trilogie autobiographique Enfance/ Ma vie d'enfant (1914), En gagnant mon pain (1915-1916) et Mes universités (1923).

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En face de ce lieu de loisirs se trouve un autre espace vert, le parc de Yanka Kupala, poète et écrivain biélorusse du XXème siècle. Debout, il accueille bravement les visiteurs et les invite à découvrir sa maison-musée, et d’autres œuvres d’art près de la Svislotch.

Crédit Eugénie Rousak
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Une composition rend notamment hommage à la nuit de Kupala, fête traditionnelle slave. La sculpture met en évidence deux jeunes filles qui glissent leur couronne de fleurs dans l’eau pour savoir si leur destinée leur apparaîtra durant l’année.

Lieux culturels

En face du parc de Yanka Kupala se dresse le majestueux cirque national biélorusse, qui a ouvert ses portes pour la première fois en 1959. Quatre sculptures, qui relèvent à la fois de l’esthétisme et de l’insouciance de l’enfance, ont été conçues par Sergei Bondarenko.

Crédit Eugénie Rousak
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En parlant des lieux culturels biélorusses, le théâtre national de l’Opéra et Ballet tient également une place importante, aussi bien par son influence culturelle que par la richesse de ses sculptures. Une composition de trois personnes, avec au centre Apollon portant des couronnes de fleurs et qui domine fièrement l'entrée principale du bâtiment.

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Pour accéder au théâtre, les visiteurs traversent un parc qui abrite une composition de trois mètres créée par Lev et Sergei Gymelevski présentant trois danseuses et une dame, dont l’allure de la robe mérite le détour.

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Les œuvres de Vladimir Jbanov

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La contribution sculpturale de Vladimir Jbanov est sans doute la plus importante de la capitale. Né dans les années cinquante à Minsk, il a renouvelé la scène artistique biélorusse, en produisant des pièces dénuées de principes idéologiques ou de pensées absolues.

A Minsk, cet artiste a réalisé une vingtaine de compositions, qui sont devenues aujourd'hui des endroits phares de la ville et constituent un véritable bagage culturel. Ses sculptures amusent les habitants de la ville, en diversifiant leur quotidien et en créant une nouvelle ambiance dans la capitale. Des bijoux en bronze sont dispersés dans les ruelles et les parcs, au plus grand plaisir des Minskois et des visiteurs, qui n’hésitent pas à se faire prendre en photo à côté ou à grimper dessus.
 
L’endroit favori des photographes est sans doute l’équipage de deux chevaux et d'une calèche en face de la mairie de Minsk. Dans le noir, cet hommage au premier gouverneur de la capitale est souvent confondu avec de vrais chevaux.

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Deux compositions se retrouvent ensemble à l’entrée du bazar, une rue de la place Yakub Kolas. La première, qui présente une jeune femme avec son petit chien et un photographe est assez paradoxale. Compte tenu de sa tenue, de sa coiffure dont les boucles ont dû lui prendre quelques heures, et de la barrière semblable à celles de Saint Pétersbourg, on peut supposer que cette dame sort tout droit d’un roman de Tchékhov du XIXème siècle. Face à elle travaille un photographe souriant, et jugeant sa tenue et son chapeau melon, il pourrait nous venir du début du XXème siècle. Pourtant, un élément ne correspond pas : la marque « Polaroid » de l’appareil photographique n’a commencé à élaborer ses modèles qu’à la fin des années quarante.

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La seconde composition, représentant un cheval et un tout petit oiseau, se dresse un peu plus loin. C’est sûrement la sculpture préférée des enfants, qui n’hésitent pas à grimper sur l’étalon. Le rôle du petit oiseau est ainsi double : d’un côté, il anime la scène, de l’autre, il permet de se hisser sur le cheval.

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Le plus grand rassemblement de sculptures de Vladimir Jbanov se trouve dans le square Michailovski, juste à côté de la place de l’Indépendance. C’est également ici que l’aventure minskoise de ce sculpteur a commencé avec la Dame sur le banc en 1998.

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La seconde sculpture du parc a une histoire tragique. Le producteur Vladimir Golinskii a décidé d’offrir une statue à la ville de Minsk, et a demandé de l’aide à Vladimir Jbanov. Les deux hommes se sont décidés sur une figure masculine qui demande une cigarette aux passants, et dont Golinskii a servi de modèle. Le producteur est mort avant que la statue ne soit terminée…

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Le dernier monument du square est une jeune fille avec un parapluie à trous. C’est un témoin de la tragédie de mai 1999 au festival de la bière, qui a coûté la vie à 53 personnes. Des filles de 15 à 18 ans pour la plupart. 

C’est ici que s’achève notre voyage à travers les ruelles et les parcs de la capitale biélorusse. Finalement, la ville abrite de véritables merveilles et mérite d’être visitée et revisitée ! 
 

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Étudiante en dernière année de master Finance et Stratégie à Sciences Po Paris, je suis passionnée... En savoir plus sur cet auteur