Euro 2020 : l'anti Qatar de Platini ?

Julien Desbuissons
13 Octobre 2013



Selon un conseiller de Michel Platini, le président du l'UEFA, l’instance principale du football européen aurait émis l'idée d’inviter les équipes du Brésil et de l’Argentine à disputer l’Euro 2020 de football. Si l'idée semble n'en être qu'à l'état de réflexion, un conflit d'intérêts avec la FIFA pourrait se cacher en coulisses.


Crédits Photo -- REUTERS/Ivan Milutinovic
Crédits Photo -- REUTERS/Ivan Milutinovic
Un pavé dans la mare de la Fédération internationale de football (FIFA). Voilà comment peut être résumée la réflexion faite par un conseiller de Michel Platini - dont le nom n’a pas été dévoilé -, le samedi 5 octobre dernier, dans le quotidien britannique The Independent. Il a proposé d’inviter les équipes nationales du Brésil et de l’Argentine à participer au Championnat d'Europe des Nations 2020.

Si «l’idée en est encore à un stade peu avancé» pour ce porte-parole de l'homme le plus influent du monde du football sur le Vieux-Continent, elle est en train de germer dans les bureaux de l'instance située à Nyon, en Suisse. «Cela fait plusieurs décennies que ça se fait en Amérique du Sud. La Copa America (l'équivalent de l'Euro sur le continent sud-américain, ndlr) invite fréquemment des équipes d'autres continents. Pourquoi pas l'Europe ?», s’interroge le conseiller de l’ancien capitaine de l’équipe de France. Outre ces deux grandes nations du football mondial, le Mexique et le Japon semblent également faire partie d’une liste de pays qui pourraient recevoir une invitation pour l’Euro 2020.

Un concurrent au Mondial 2022 ?

Alors que pour la première fois depuis sa création, la compétition se déroulera dans des villes de plusieurs pays d’Europe (treize au total) de manière simultanée, une autre particularité vient appuyer la volonté de Michel Platini : la présence de 24 équipes au départ du tournoi - contre seize jusqu’à présent. Une forme d’ouverture qui semble concurrencer le Mondial organisé par la FIFA deux ans plus tard, au Qatar. D'autant plus que les critiques sont toujours nombreuses autour de l’organisation de la Coupe du monde 2022 dans ce micro-État de la péninsule arabique.

En cause ? Les accusations d'esclavagisme émises à l'encontre des constructeurs des stades, révélant par la même occasion la mort de 44 ouvriers sur les chantiers durant l’été 2013. Pointée du doigt, dans ces réalités plutôt obscures, la FIFA a réagi par l’intermédiaire de son président, Sepp Blatter : «J'exprime tous mes regrets pour ce qui se passe dans un pays, quand il y a des morts sur des constructions qui sont en relation avec la Coupe du monde. Nous ne pouvons pas dire que cela ne nous concerne pas, mais ce n'est pas une intervention directe de la FIFA qui va changer cela. Cette intervention ne peut être faite que par le Qatar lui-même et le Qatar a confirmé qu'il allait le faire. Il y a aussi beaucoup d'entreprises européennes. Ce sont ces entreprises qui sont responsables de la condition des ouvriers, mais ce n'est pas la responsabilité de la FIFA

La présidence de la FIFA en toile de fond ?

Comme si cela ne suffisait pas, une autre question vient perturber l’organisation de la Coupe du monde 2022 version qatarie, celle de son déroulement en hiver pour éviter les trop grosses chaleurs durant l’été (jusqu’à 50°). En effet, si la décision est prise par la FIFA de jouer le Mondial l’hiver, cela obligerait les ligues des championnats européens à ajuster leurs calendriers. L’Angleterre a déjà manifesté son désaccord sur la question.

Dans ces conditions, la compétition européenne représenterait, si ce n'est une réelle alternative, un moyen de pression pour les opposants à la compétition mondiale. «Beaucoup de personnes à la FIFA parlent de diminuer le pouvoir du Vieux Continent, en réduisant le nombre d’équipe européennes à la Coupe du monde (Ndlr : treize sur trente-deux), mais également celui des membres exécutifs (huit sur vingt-quatre)», ose même le conseiller de Platini, en guise de justification.

Au-delà des raisons pratiques, un autre combat semble se jouer en coulisses. En froid avec Sepp Blatter, Michel Platini, pas désintéressé par le poste en 2015, souhaiterait imposer son style et ses idées. En invitant des nations affiliées à la principale organisation du football mondial, il parviendrait à réaliser un véritable coup de force, prouvant sa capacité à fédérer autour d’un projet et à s’attirer les faveurs des présidents de Fédérations. Entre véritable information ou intox, rien ne semble encore établi à l’heure actuelle. Alors qu’un porte-parole de l’UEFA affirme «ne pas être au courant de l’histoire racontée par The Independent», le pavé pourrait tout de même bien créer quelques vagues supplémentaires.

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