Fujimori, un avenir incertain

30 Mai 2013



Au Pérou, un débat sur la grâce éventuelle de l’ancien président Alberto Fujimori divise la population. En octobre 2012, en soulignant son état de santé préoccupant, ses enfants ont déposé une demande de grâce présidentielle. En 2007, Fujimori avait été condamné à 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité et corruption.


Photo -- Peru.com
Photo -- Peru.com
L'ancien président d’origine japonaise avait pris le pouvoir en 1990 et dirigea ensuite l’État d’une main de fer. Lors de son mandat présidentiel de 1990 à 2000, Fujimori avait lutté contre le mouvement maoïste « Sentier lumineux ». En 2000, suite à un énorme scandale de corruption, sa démission par fax depuis un hôtel de Tokyo fait les gros titres.

Les uns se souviennent d’une période de répression et de corruption, les autres le présentent comme le sauveur du pays après une époque de terreur marquée par de nombreux attentats du « Sentier lumineux ».
En septembre 2007, le Chili a finalement extradé l’homme que les Péruviens appellent « el chino ». Auparavant, une bataille juridique avait fait obstacle à l'extradition de Fujimori, réfugié au Japon. Emprisonné depuis 7 ans, le politicien de 74 ans souffre d’un cancer. En automne dernier, Keiko Fujimori et ses frères et sœurs ont déposé leur requête, permettant à Fujimori de procéder à des examens médicaux. Après avoir reçu un rapport d'une commission spéciale, le pouvoir de décision appartiendra au président actuel, Ollanta Humala. Cependant, « ses compétences sont encadrées par la loi », souligne Jose Miguel Vivanco, directeur de Human Rights Watch en Amérique latine, « sinon, sa décision risque d’être discriminatoire ».

Des dispositions législatives prévoient la possibilité de gracier Fujimori dans le cas d’une maladie incurable ou des conditions d’emprisonnement causant un danger de mort, ce qui ne serait pas du goût de ses adversaires, rappelant que l’ancien dictateur profite de conditions d’incarcération luxueuse, logeant dans une villa avec jardin sous surveillance médicale permanente. Quelques-uns reprochent à la famille Fujimori de jouer sur son état de santé afin de susciter la compassion des Péruviens. Quant aux sympathisants de Fujimori, ils conservent une influence politique considérable.

Au sein de la société péruvienne, des événements traumatisants du passé semblent tomber rapidement dans l’oubli. En 2006, Alan Garcia, un ancien président péruvien, responsable d’une récession et inflation déstabilisante pendant les années 80, était réélu. En 2011, sa fille Keiko Fujimori annonce sa candidature aux présidentielles afin de poursuivre la politique de son père, rassemblant de nombreux partisans autour d'elle.


Notez


Manuel Leidinger
Je suis Manuel, étudiant ERASMUS en Droit à l'Université Lyon II. Je viens d'Allemagne mais j'ai... En savoir plus sur cet auteur