L'Australie, nouvelle terre d'Asie ?

Nathalie Macq
5 Juin 2013



Le nombre d’Australiens nés à l’étranger augmente de jour en jour, et notamment celui des personnes nées en Asie. C’est un phénomène multiculturel très récent qui fait de ce pays le numéro 1 en matière d’immigration asiatique.


Étudiants asiatiques à Brisbane
Étudiants asiatiques à Brisbane
Leur venue est en partie dûe à la facilité d’obtention des visas de résident temporaire, puis de résident permanent, avant d’atteindre le summum : la citoyenneté australienne. Trouver du travail dans ce pays est moins contraignant qu’ailleurs, et bien que la vie soit plus chère, un travailleur de classe moyenne gagnera forcément plus que dans les pays anglo-saxons qui entourent l’Asie. Le système d’assurance maladie australien appelé « Medicare » est lui aussi plus avantageux que celui de ses voisins, notamment comparé à celui des États-Unis.

Aussi grande que soit l’Australie, sa densité de population est une des plus faibles du globe, soit 2,9 habitants au kilomètre carré. L'Australie fait partie du plus petit continent du monde, mais cela n’empêche pas l’afflux de personnes de tous horizons depuis une vingtaine d’années. Après avoir été victimes de l’« Australian White Policy », ce sont des travailleurs et des familles entières qui immigrent dans ce grand pays. Cette loi autorisait uniquement les personnes de race blanche, principalement provenant de pays anglo-saxons, mais aussi de Grèce ou d’Italie, à entrer dans le territoire, et ce pendant 70 ans.

Aujourd’hui ce sont en grande majorité des étudiants asiatiques qui font leur apparition. De tous les pays anglo-saxons qui entourent l’Asie, l’Australie est le pays qui détient le coût le plus bas pour un diplôme universitaire supérieur. Avant la flambée du dollar, la licence australienne était de 35 % inférieure à celle du Royaume-Uni, et 73 % inférieure à celle des États-Unis, sachant qu'obtenir un diplôme australien ouvre plus de portes dans le domaine professionnel et permet de gagner un meilleur salaire. En outre, l’Australie est un des pays les plus faciles d’accès. Comparée aux États-Unis et au Canada, l’obtention du visa étudiant est très simple et rapide. Les universités australiennes se sont vite adaptées, comme l’Université de Monash dans l’état de Victoria qui est à la pointe de la culture asiatique. Sa cantine propose régulièrement des nouilles de Singapour et son pôle sportif des activités telles que le Taekwondo, le Judo, le Wu Shu et d’autres arts martiaux venant d’Asie. En parlant d’adaptation, les rues australiennes sont remplies d’affiches et de publicités traduites en chinois, japonais ou même en coréen, parfois les 3, ce qui est assez surprenant au premier abord.

La mondialisation a aussi joué un rôle très important, car l’Asie est aujourd’hui l’une des plus grandes puissances économiques mondiales. Le Japon, la Chine, la Corée et l’Inde sont les 4 premiers pays destinataires des exportations australiennes de 2010. Réunis avec Taiwan, Singapour et la Thaïlande, ils représentent 63 % du chiffre total. Par conséquent, aujourd’hui la Chine est un élément aussi essentiel à la sécurité économique et à la prospérité de l’Australie que les États-Unis le sont pour l’aspect militaire. Bien sûr, la proximité des deux continents dite « just next door » et le climat très favorable sont des facteurs à prendre en compte dans le déplacement de ces populations.

L’Australie et la plupart des pays d’Asie sont aujourd’hui réunis dans plusieurs institutions économiques telles que l’ASEAN + 6, l’APEC, le TPP et le FPDA. Ces organisations ont toutes en commun un objectif de libre échange des biens, de croissance et de développement ainsi que de paix et de stabilité. Ces pays sont donc prêts à faire une croix sur le passé et à commencer de nouvelles relations diplomatiques.

Faire partie du « Siècle asiatique », signifie avoir une meilleure productivité, un système scolaire et d’innovation parmi les 5 meilleurs au monde, mais aussi l’étude de l’Asie dans les manuels d’école ainsi que l’apprentissage d’une langue asiatique (mandarin, hindi, indonésien ou japonais). « Ce sont de bonnes nouvelles pour l’Australie et cela devrait particulièrement changer notre état d’esprit concernant les relations économiques entretenues avec l’Asie jusqu’à aujourd’hui », a assuré Julia Gillard, Premier ministre du gouvernement australien durant son discours d’octobre 2012.

L’Asie est donc devenue essentielle à la croissance et au développement de l’Australie. Cependant, l’Australie qui se déclare envers et contre tout appartenir au monde occidental, sera-t-elle un jour obligée de revoir sa position ?

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