L’UE remet en question le système d’étiquetage britannique sur les produits alimentaires

Marie-Laurentine Bérenger
16 Novembre 2014



Pour lutter contre l’obésité, le Royaume-Uni a lancé un code nutritionnel tricolore sur ses produits alimentaires. Plusieurs pays européens dénoncent un système qui risque de pénaliser leurs exportations. L’UE se penche sur la question.


Crédit Lyzadanger/Flickr/CC
Crédit Lyzadanger/Flickr/CC
Une étude récente, publiée dans le journal médical The Lancet , montre que le Royaume-Uni est l'un des seuls pays occidentaux, avec l’Islande et Malte, à afficher des taux d’obésité et de surpoids aussi élevés. Près de 67% des hommes et 57% des femmes britanniques sont déclarés en surpoids. Chez les jeunes, l’obésité touche 26% des garçons et 29% des filles. Le taux ne cesse d’augmenter depuis trente ans et on entend dire qu’il pourrait doubler d’ici à 2050. Jusqu’ici, aucun pays n’a réussi à lutter contre ce phénomène. 

Des couleurs pour plus de lisibilité

Au Royaume-Uni, l’obésité est devenue le premier problème de santé publique. Ainsi, le ministère britannique de la santé a inauguré un système de trois couleurs (rouge, orange et vert) qui devrait permettre aux consommateurs de se repérer parmi les produits sur le marché, de les comparer et de faire les bons choix. 

Ces pastilles sont apposées directement sur l’étiquette et indiquent les quantités de sucres, de graisses, de sel et de calories contenues dans les produits. 

Un dispositif trop « simpliste » et paradoxal

Les réactions se sont rapidement multipliées un peu partout en Europe. Au sein des pays membres comme des organisations agricoles, les opposants dénoncent un système qui, selon eux, conditionne le consommateur dans ses intentions d'achat plus qu’il ne l’informe. L’huile d’olive reçoit une pastille rouge, parce qu’elle affiche une présence de matières grasses supérieures à 17,5g pour 100g, alors qu’elle renferme une excellente source d’antioxydants et de polyphénols, bénéfiques pour le système cardiovasculaire (si consommée modérément) et que ses vertus sont reconnues par l’ensemble de la communauté scientifique.

En Italie, beaucoup craignent que le côté « simpliste » et assez arbitraire du dispositif n’induise le consommateur en erreur au lieu de lui faciliter la vie. Par exemple, le Coca-Cola Light reçoit une pastille verte, car il ne contient pas de sucres mais des édulcorants de synthèse, ainsi qu'un colorant caramel E150d reconnu comme cancérigène par l’OMS, ce qui ne figure pas dans la notation et démontre la limite du dispositif. 

La réaction tardive de l’UE

Vivement opposée au code de couleurs britannique  qui risque de mettre en péril les exportations de ses produits régionaux tels que fromages, huile d’olive et charcuteries, l’Italie a alerté la Commission européenne il y a plus d’un an. Après avoir assuré que le système de couleurs ne constituait pas un obstacle pour les échanges commerciaux compte tenu de son caractère facultatif, la Commission est depuis revenue sur ses positions et a récemment lancé une procédure d’infraction contre le Royaume-Uni, lui donnant deux mois pour s’expliquer sur son code nutritionnel. 

Quelle que soit l’issue de la procédure sur le potentiel maintien du code de couleurs, la lutte contre l’obésité devra avant tout passer par l’éducation du consommateur, à l’école comme à la maison, tous âges confondus. Seul obstacle: compter sur son bon vouloir, c’est aussi prendre le risque que cela ne fonctionne pas. Dans ce cas, il ne restera plus qu’à inventer un nouveau dispositif dans les supermarchés.

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