L'énigmatique The Child of Lov est mort

14 Décembre 2013



The Child of Lov n’est plus. Le 10 décembre, le chanteur né en Belgique qui a fait ses armes aux Pays-Bas a tiré sa révérence à 26 ans de la plus triste des manières. Il était la discrétion incarnée, mais ses quelques titres, eux, sont bien assez brillants pour qu'on s'en souvienne.


Crédits photo -- David Edwards
Crédits photo -- David Edwards
On behalf of the family and as his manager I must announce that Martijn Teerlinck aka Cole Williams aka The Child of Lov aka Sun Patzer is no longer with us. He lived a life of struggle and can now rest peacefully. […]” The Child of Lov. Une gueule à la Zlatan Ibrahimovic recouvrée façon hipster. Chaîne en or. Chemise ornée de palmiers. Le regard vide.

Et pourtant… L’enfant Cole Williams était proche du génie. Réussir à mélanger hip-hop, electro et funk, il fallait le faire. Et bien. Produit par Double Six, petite sœur du très bon Domino Records, son premier album éponyme était sorti en juin et avait bousculé les codes. L’un des albums les mieux accueillis par la presse musicale britannique de référence. Pour sa première, The Child of Lov s’était même payé Damon Albarn.

Il avait choisi de garder l’anonymat, le succès l’a dépassé. Pour Stereogum c’était une « énigme » et le NME est forcé d’avouer qu’il avait dû « sortir de sa cachette pour venir leur donner sa première interview ». Il aura fallu lui décerner un NME award pour découvrir cette petite tête, souriante pour une fois.

Pharrell + rock + soul

« Pour moi, ça sonne comme du N.E.R.D. Je voulais faire quelque chose un peu plus de rock comme Fly or Die, mais avec un peu de soul aussi ». Le compte y est. Heal, c’est un peu le morceau qui vous fera rêver à chaque fois que vous l’écouterez. Chanter par un névrosé, mais sur un ton aussi excitant qu’un bon vieux Pharrell Williams. Ou même un Gnarls Barkley (ceux qui en valent vraiment la peine, attention). La critique l'a reconnu pour ça, pour avoir réussi à réinventer non pas un, mais plusieurs genres. Ajouter à cela une personnalité plus que mystérieuse et casanière, la trame était parfaitement bien lancée.

C’est un son clairement surprenant, addictif et qui se suffit à lui-même. Pas besoin de savoir que ses héros s’appellent Otis Redding et Prince pour apprécier la griffe The Child of Lov. Une délicatesse absolue, qui plaira à tous ceux qui fuient lorsqu’ils entendent parler de l’étiquette « artiste hip-hop ». Même insensibles à ce mot, ou prétendus insensibles à tout, des titres comme Fly ou Give vous feront tendre de l’autre côté.

L’enfant prodige

The Child of Lov ne laissera pas un carnet très vaste. Mais une chose est sûre, le peu qu’il a laissé suffira pour inspirer les prochains qui n'auront peut-être pas le même talent, mais un peu de son audace. Le petit était très prometteur.

“In his own words: 'When I was younger, I had a tough time physically. I have seen too many hospital beds. It made me stronger. Makes you realize death is always near, for anyone. And what a wonderful thing life is and how grateful we should be.” Un mystère travaillé pour dissimuler ce qui peut servir de leçon de vie, la clé est peut-être ici. 



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