Le Grand Retournement, une tragi-comédie sur la crise

17 Janvier 2013



Le 23 janvier, un film engagé sur le capitalisme débarque dans nos salles obscures. Une énième production sur le sujet ? Non, ici, il s’agit d’une comédie grave, sans concession, aux accents théâtrales et accusateurs sur la finance.


Le Grand Retournement, une tragi-comédie sur la crise
C'est la crise, la bourse est au plus bas, les banques sont à deux doigts de mettre la clé sous la porte, l'économie agonise... Une seule solution pour ces institutions: demander de l'aide à l'État! Le Grand Retournement de Gérard Mordillat est une adaptation « D'un retournement l'autre : Comédie sérieuse sur la crise financière en trois actes et en alexandrins », une pièce de Frédéric Lordon. Un auteur qui connait bien son sujet et les rouages du système puisqu'il est économiste et directeur de recherche au CNRS. Cet ovni cinématographique, un hybride entre film et pièce de théâtre nous dépeint la crise de l'intérieur.

Comme sur les planches, le film est rythmé par plusieurs actes, chacun représentant une partie des enjeux qui se sont réellement déroulés durant cette période de marasme économique. De la découverte par les banques de leur situation critique à l'intervention salvatrice de l'État, tout y passe. Les dialogues sont en alexandrins et en rimes, mélangeant ainsi le vocabulaire du capitalisme aux termes élégants du théâtre classique. L'effet est déroutant, mais plaisant. Le casting est prestigieux, on retrouve Jacques Weber, François Morel et Édouard Baer pour ne citer qu'eux. Tous les acteurs comme la plupart des dialogues sont excellents, ils jouent avec justesse sur les codes du théâtre. 

Cette comédie tragique se déroule presque uniquement dans une usine désaffectée. Tout un symbole. D'ailleurs, tout le long des 1h17 du film, le système bancaire et la gestion de la crise par l'État sont vivement critiqués. Le texte intelligent est composé de phrases bien senties, comme Elie Triffault jouant le rôle du Président de la République qui affirme en s'adressant aux banquiers: « Après vos clients c'est moi que vous braquez ». Le ton est donné, c'est à la fois drôle et dramatique tout en étant une charge dénonciatrice contre le système ultra libéral.

Le côté théâtral et les dialogues en vers de douze syllabes ne plairont pas à tout le monde. On ne peut que regretter l'impression de réquisitoire et le coté manichéen des personnages. Mais c'est cela aussi qui fait le charme de cette œuvre engagée.


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Julien Lopez
Astronaute, blogueur, esthète, amateur de cinéma, Don Draper du dimanche, animateur radio et bien... En savoir plus sur cet auteur