Le Qatar, à la conquête du luxe

Amina.A
6 Juin 2013



Après avoir fortement investi dans l'or noir, les groupes qataris se lancent dans la mode. En créant la marque Qela, le pays investit les plus grandes capitales, poursuivant ainsi son expansion mondiale.


Le Qatar, à la conquête du luxe
Si l’on y regarde de plus près, nous pouvons faire un constat indéniable : le Qatar est un pays à qui tout réussi. Au cœur de l’actualité, il n’a jamais autant fait parler de lui. Les raisons ? Des investissements partout dans le monde, dans tous types de secteurs, qui fructifient continuellement les comptes du pays. Un pays minuscule par sa taille, de même superficie que la Corse, mais géant par ses performances. Une croissance qui frôle les 20%, un taux de chômage nul, un salaire moyen qui dépasse l’entendement (8 500€)… Tout semble réussir à ce petit émirat. Pourtant, celui qu’on appelle le géant à l’or noir ne semble plus compter autant qu’avant sur ses hydrocarbures. Sa nouvelle lubie ? La multiplication des investissements à l’étranger. La 3ème réserve mondiale de gaz naturel souhaite diversifier son économie et pour cause : il tape dans le luxe.

De l’or noir au luxe

Le bling-bling est très connu des Qataris : îles artificielles, hôtels hauts de gamme que seuls les riches héritiers ou businessmen peuvent s’offrir – voire, certains couples en voyage de noces, de grandes maisons à la mode… En bref, le luxe et la démesure règnent sur le Qatar qui souhaite faire de son pays une destination phare : à croire que Doha souhaite détrôner son voisin Dubaï. En réalité, l’excentricité des hôtels luxueux présents à Doha n’a pas à rougir face aux hôtels de Dubaï, même si ce dernier est le seul au monde à détenir un hôtel aux 7 étoiles dorées. Le Qatar fait, effectivement, partie de ces pays qui impressionnent par leur modernité et leur richesse qui frôlent la superficialité.

Le Qatar, un pays à la mode

La relation quasi-fusionnelle entre le Qatar, la mode et le luxe a enfin porté ses fruits : le pays a donné naissance à sa propre marque de luxe. Si le Qatar se permet de créer une marque dite de luxe aujourd’hui, c’est grâce à une certaine légitimité. En effet, le pays avait déjà un pied dedans grâce à ses différents investissements, notamment en France (LVMH, Le Tanneur…). A travers cette soif d'investir, le Qatar Luxury Groupe a lancé QELA, une marque qui entre de plain-pied dans le secteur du luxe, annonçant sa vocation de s’étendre à l’international. Comme promesse, une large catégorie de produits : maroquinerie, bijoux, prêt-à-porter, chaussures, lunettes de soleil, tout y passe !

Les dates d’ouvertures ne sont pas annoncées mais la directrice marketing a avoué surveiller les avenues huppées de Paris et New-York dans l’optique d’une prochaine ouverture aux côtés des plus grands noms de la mode. Le lancement pourrait compter au total une dizaine de villes, grandes capitales de la mode dont Londres, Milan, Paris, New-York, Tokyo et Singapour.

Bien qu’ils soient en train de travailler sur les collections, aucune information n’a filtré quant au style ou à l’inspiration de la marque : tout ce qu’on sait, c’est qu’ils espèrent inaugurer leur première boutique à Doha d’ici fin 2013.

« QELA », un projet de longue date

Si le nom et le logo de la marque viennent d’être dévoilés récemment, la marque avait déjà été déposée comme trademark aux États-Unis et dans les registres suisses en 2009. Un poil préventif, le groupe qatari avait déjà acheté le nom de domaine www.qela.com en 2002. Des mises à jour y ont été faites très récemment.

Trop d’espoir ?

Certes, tout réussit au Qatar qui est actuellement assis sur un lit d’or. Mais comment expliquer l'émergence d'une marque de luxe ? Être actionnaire est une chose, fonder une marque en est une autre. Pour être qualifié de « marque de luxe » les maisons que nous connaissons – et reconnaissons – aujourd’hui ont bénéficié d’une réelle histoire, d’un patrimoine unique et de dizaines d’années de preuve et de travail acharné. Les différents investissements du Qatar et son expérience dans le domaine de la mode ne seront peut-être pas d’une très grande aide pour dépasser le stade éphémère de « marque à la mode » avec QELA.

Cela dit, on peut comprendre maintenant la signification de ce 1% du groupe LVMH, presque symbolique, qui appartient au fonds d’investissement qatari, et permet au Qatar l’accès aux informations et au savoir-faire. Les Qataris ont su être malins en investissant directement chez la concurrence : rien de mieux que de connaitre les chiffres du groupe en face pour connaitre ses propres objectifs. Une taupe à découvert, en somme. Des rumeurs ont annoncé que la fabrication de la maroquinerie serait assurée par la marque française Le Tanneur, rachetée en 2011. Tous ces investissements ne seraient-ils que stratégie, longuement réfléchie et prévue ?

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