Le dernier coup d’Etat …

Tribune libre

2 Avril 2013



Dimanche 24 mars 2013, le président centrafricain, François Bozizé, a été chassé du pouvoir par la rébellion nommée Séléka. Bozizé a été victime du même coup d’Etat qui l’avait fait arriver au pouvoir il y a exactement dix ans, confirmant une fois de plus qu’en politique, « qui tue par l’épée périt par l’épée ».


REUTERS/Alain Amontchi
REUTERS/Alain Amontchi
Cet énième putsch sur le continent africain mérite d’être fermement condamné comme l’ont fait l’Union africaine et l’Union européenne, puisque les négociations étaient en cours entre les parties en conflit. Mais on est aussi en droit de se demander pourquoi il n’y a pas eu cette même condamnation de la part de ces institutions lors des coups de force de Côte d’Ivoire et de Libye, perpétrés contre les régimes respectifs de Laurent Gbagbo et de Mohammar Kadhafi.
Y aurait-il donc des coups d’Etat que l’on doit soutenir et d’autres que l’on doit dénoncer ?

Néanmoins, le nouvel homme fort de Bangui, Michel Djotodia, a rapidement, au cours d’une conférence de presse donnée cette fin de semaine, calmer l’opinion nationale et internationale en promettant qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections présidentielles prévues dans trois ans. Faudrait-il le croire ?
On se souvient en effet que le Général Robert Guei avait fait la même promesse en Côte d’Ivoire lorsqu’il prit le pouvoir suite à un putsch savamment fomenté contre Henri Conan Bédié. Il soutenait alors ne pas être « un ambitieux du pouvoir », et d’être « venu pour balayer la maison », et partir une fois ce travail fait. Pourtant, il s’est par la suite accroché au pouvoir, même après avoir perdu les élections contre Laurent Gbagbo en 2000. Michel Djotodia finira-t-il par faire comme le Général Robert Guei ?

Quoi qu’il en soit, il est grand temps que la prise du pouvoir par les voies illégales cesse en Afrique, possèdant le record des putschs. Quiconque voudrait conquérir le pouvoir devrait d’abord conquérir les masses par le suffrage universel. Autrement, l’Afrique continuera à garder l’image d’un continent où pour prendre le pouvoir, il suffit de prendre les armes. Or, tout pouvoir que l’on conquière par les armes et la force, on le dirige par les armes et la force.
Il est donc grandement souhaitable que le coup d’Etat de Bangui soit le dernier dans ce pays, mais aussi sur tout le continent africain afin de qu’il garde l’image d’un continent où le pouvoir se prend par les voies légales.

Notez


Etienne SEGNOU
Correspondant à Douala, au Cameroun, pour Le Journal International. En savoir plus sur cet auteur