Le plagiat ministériel, c’est grave docteur ?

30 Janvier 2013



En Allemagne, le doctorat revêt une importance sociale particulière. La ministre de l’Education, Annette Schavan, en a fait l’expérience.


Le plagiat ministériel, c’est grave docteur ?
« La personne et sa conscience ». C’est le titre de la thèse soutenue en 1980 par Annette Schavan, ministre de l’Education d’Angela Merkel depuis 2005. Si la ministre assure avoir la conscience tranquille, les accusations qui la visent sont sérieuses : Frau Schavan aurait plagié sa thèse. L’équivalent en France serait d’avoir fait du commerce avec des terroristes pour financer une campagne présidentielle. 

Docteur, une position sociale valorisée

L’université de Düsseldorf a ouvert une procédure qui pourrait aller jusqu’à la suppression du titre de docteur pour la ministre. Or, ce titre est particulièrement valorisé en Allemagne, où le titulaire d’un doctorat peut faire précéder son nom de la mention « Professeur ». Le doctorant sait qu’il sera facilement recruté et qu’il pourra prétendre à une rémunération supérieure à la moyenne. En France, en revanche, seuls les docteurs en sciences dures ont peu de difficultés à s’insérer sur le marché du travail.

Les différences culturelles entre systèmes éducatifs français et allemand restent nombreuses. Les jeunes Allemands considèrent que les études sont un moment d’épanouissement personnel. Ils profitent donc de cette période de leur vie pour se chercher, et il n’est pas rare de croiser des étudiants de 27 ou 28 ans. En revanche, le système scolaire français, caractérisé par l’existence des grandes écoles, pousse l’étudiant à valider rapidement son diplôme.

Vers un doctorat franco-allemand ?

Pourtant, une coopération a été introduite avec la création en 1997 de l’UFA (Université franco-allemande). Trop peu connue des étudiants français et allemands, elle propose des programmes intégrés et des co-tutelles de thèse. Les étudiants français préféreront-ils un jour la mention « Professeur » à celle d’ « ancien X » ? 

Ils devront dans ce cas prendre garde à ne pas pouvoir être suspectés de plagiat, cette tare semblant toucher plusieurs ministres allemands. L’an dernier, le docteur Karl-Theodor zu Guttenberg, ministre de la Défense, alors même qu’il était pressenti pour devenir le nouveau chancelier, a ainsi dû renoncer à son titre universitaire. Il était à l’époque la cible des attaques d’Annette Schavan. Dites donc, docteur, ce ne serait pas l’hôpital qui se moque de la charité ? 

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Laurène Perrussel-Morin
Ex-correspondante du Journal International à Berlin puis à Istanbul. Etudiante à Sciences Po Lyon... En savoir plus sur cet auteur