Les îles Andaman, un paradis en sursis

Karine Hochart, Inde
15 Avril 2013



Destination de rêve, les îles Andaman suscitent de plus en plus l’intérêt des touristes. L’endroit serait l’un des mieux conservés de la planète… Mais pour combien de temps ? Après un court séjour sur ces îles paradisiaques, voici quelques impressions d’une jeune voyageuse.


Les îles Andaman, un paradis en sursis
Les îles Andaman, situées dans l'océan Indien, sont administrativement rattachées au territoire indien des îles Andaman-et-Nicobar. L’archipel compte 204 îles (570 en comptant les îles Nicobar) situées entre le golfe du Bengale et la mer d'Andaman, à environ 200 kilomètres au sud de la Birmanie.
Son climat tropical, ses plages de sable blanc bordées de palmiers, sa végétation luxuriante et ses eaux turquoises font des îles Andaman un endroit paradisiaque. Les îles abriteraient les plus belles plages du monde. Le territoire vallonné et densément boisé offre une flore et une faune remarquables. La totalité du territoire est recouverte à plus de 80 % d'une forêt primaire tropicale, où s'épanouit une multitude de plantes endémiques, dont de nombreuses variétés d'orchidées uniques au monde. Un important réseau de mangroves héberge des espèces rares comme le crocodile marin ou le paisible dugong (variété de lamantin), et des récifs coralliens sont peuplés d’une diversité de poissons multicolores. Longtemps méconnues, les îles ont été jusqu’alors préservées, conservant une riche biodiversité, aujourd’hui terriblement mise en péril.

Menacée par quoi ?

Depuis les années 1980, l'archipel connaît un continuel développement touristique. Celui-ci a été relativement ralenti avec l’opposition de la population locale à l’ouverture d’un aéroport international. Deux solutions possibles demeurent: prendre l'un des vols intérieurs reliant Chennai ou Calcutta à l'aéroport militaire de Port Blair ou bien s'embarquer pour une traversée de cinq jours du golfe du Bengale en bateau pour rejoindre l’archipel. La difficulté d’accès aux îles a longtemps limité l’afflux touristique. Aujourd’hui de plus en plus prisée par les touristes indiens qui en font une destination privilégiée pour les voyages de noces, mais également par les touristes étrangers ayant eu vent de ce coin de paradis, les îles Andaman accueillent 100 000 visiteurs de plus qu’il y a 10 ans. Et l’arrivée de tous ces nouveaux vacanciers a de lourdes répercussions écologiques sur l’équilibre fragile d’Andaman. Des dégâts sont d’ores et déjà mesurés dans l’eau de mer, et d’autres sont bien visibles en surface. Les coraux ont perdu en qualité et en nombre (de 30% environ). En se promenant, on observe aujourd’hui des bouteilles en plastique disséminées un peu partout sur l’île et sur les rivages. Les déchets plastiques constituent le principal fléau apporté par le tourisme : l’île n’étant dotée d’aucune structure pour gérer les déchets, ces derniers sont soit ponctuellement incinérés par la population locale soit laissés dans la nature.

Parmi tous les problèmes auxquels un territoire insulaire peut être soumis, la gestion des déchets apparaît comme une priorité flagrante. Sans oublier l’impact direct sur la population locale, qui a vu son environnement se détériorer et l’apparition de maladies liées à la pollution.

La solution : voyager responsable !

Au lieu de consommer d’innombrables bouteilles d’eau, les voyageurs ont pourtant la possibilité de remplir leur bouteille vide dans les magasins ou restaurants de l’île. Mais finalement peu de touristes le font et beaucoup préfèrent racheter une bouteille. Résultat, on consomme toujours plus de bouteilles en plastique, qu’on ne peut pas gérer sur l’île une fois utilisées. Un moyen efficace pour limiter la profusion des déchets plastiques résiderait en la mise en place d’un système de caution à l’achat de la première bouteille, afin d’inciter les touristes à réutiliser leur bouteille. Ce système de caution a déjà été mis en place dans certaines zones protégées en Inde, comme au parc animalier de Mysore (Karnataka), où l’efficacité a pu en être constatée. En outre, une sensibilisation auprès des touristes concernant les problèmes liés à l’insularité notamment sur les difficultés d’approvisionnement en eau, en l’électricité et sur la gestion des déchets, semble indispensable pour responsabiliser chacun.

Si l’on veut enrayer le processus de dégradation des îles Andaman tout en conciliant développement touristique, qualité de vie pour sa population locale ainsi que protection de la biodiversité, il est urgent de prendre des mesures. Ces dernières devront avoir pour objectif de responsabiliser les touristes en proposant des actions simples à mettre en œuvre et efficaces. Si la pollution par les plastiques représente la partie la plus choquante pour un visiteur, nous ne sommes pas sans savoir que le début d’un tourisme de masse sur une île implique des conséquences à d’autres niveaux, allant au-delà de l’aspect visible, et qu’il faudra également traiter.

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