Lionel Messi au cœur d’un réseau de drogue ?

Julien Desbuissons
18 Décembre 2013



Selon El Mundo, la garde civile espagnole a ouvert le lundi 16 décembre une enquête sur les organisateurs colombiens de matchs amicaux de football auxquels a participé Lionel Messi, la star argentine du FC Barcelone. Entre blanchiment d’argent, trafic de drogue et vedettes du ballon rond, l’affaire mettrait en cause le rôle joué par Jorge Messi, le père du joueur.


DR
DR
Le scénario semble improbable, tout droit sorti de l’imagination d’un producteur de séries. Mais la réalité reste pour le moins embarrassante pour un des meilleurs joueurs de football de la planète, Lionel Messi. Selon le quotidien espagnol El  Mundo, la Garde civile s’intéresserait de près à l’organisation de matchs amicaux entre les « Amigos de Messi » (« Amis de Messi ») et des équipes hétéroclites, dans le cadre de rencontres à caractère caritatif. La raison ? Ces rendez-vous sportifs seraient un prétexte pour des narcotrafiquants colombiens de blanchir leur argent sale, issu du commerce de la drogue. Même si le quadruple Ballon d’Or paraît très éloigné cette affaire, son père, Jorge Messi, pourrait avoir joué le rôle d’intermédiaire entre les footballeurs et les dealers. Une nouvelle qui s’ajoute à un épineux dossier de fraude fiscale dans lequel le joueur et son paternel ont déjà été impliqués.

Encore au stade des suppositions, et sous le respect du secret d’instruction, cette enquête vise une entreprise colombienne qui se charge de l’organisation d’événements multiples (concerts, spectacles, rencontres sportives). Si son nom n’a pas été révélé, les matchs de charité auxquels ont pris part Messi et certains de ses coéquipiers du Barça (Javier Mascherano, Dani Alves, José Manuel Pinto) auraient permis à des cartels de recycler leur argent sale.

« Il n'a pas été démontré que de l'argent avait été blanchi à travers ces matches de charité », a toutefois précisé une source policière, rejetant toute implication des footballeurs dans les activités délictueuses présumées de cette entreprise.

Des places fictives au stade pour les mécènes

En revanche, cette même source indique que Jorge Messi «était le représentant des joueurs et, à ce titre, il parlait avec son fils» pour le tenir au courant de l'organisation des matchs et de son éventuelle participation. S’il semble, à ce stade de l’enquête, que Jorge Messi ignorait également les éventuelles pratiques frauduleuses, il resterait « au cœur » de l’affaire pour El Mundo puisqu’il aurait moyenné « une commission entre 10 et 20 % du capital blanchi.» La source policière, elle, explique : « Outre le blanchiment d'argent, l'entreprise se chargeait d'organiser des matchs de charité pour lesquels elle avait comme interlocuteur le père de Messi. Mais cet homme n'a rien à voir avec l'entreprise.»

Sur la forme, les rencontres sportives amicales présentent la particularité de proposer aux mécènes des entrées virtuelles, définies sous le nom de « Fila 0 » ( « Rang 0 », ndlr). Des places fictives donc, qui ne donnent pas accès au stade, mais permettent aux donateurs de financer tout de même les objectifs caritatifs de la rencontre. Évidemment, ces billets sont une aubaine pour toute organisation cherchant à blanchir des capitaux issus d’affaires mafieuses ou illégales puisque les ventes sont à peu près incontrôlables. Les organisateurs sont alors en mesure d’annoncer le chiffre de leur choix.

L’ESPAGNE SE DIVISE SUR L’AFFAIRE

Du côté de l’Espagne, Lionel Messi, actuellement en phase de récupération d’une blessure qui le tient éloigné des terrains depuis le mois d’octobre - et dont le retour à la compétition n’est pas prévu avant janvier 2014 -, a déjà été entendu par les enquêteurs. Tout comme ses partenaires cités. Simplement pour confirmer leur participation à ces rencontres et écarter leur implication dans l’affaire. Toujours très divisée au moment de traiter d’une actualité brûlante, la presse nationale s’est emparée du camouflet pour créer une certaine forme de consternation dans le pays. Alors que le quotidien sportif Marca, proche du Real Madrid - rival du FC Barcelone -, reprenait sans nuance l’information d’El Mundo, les quotidiens sportifs catalans, eux, criaient au scandale. Le site internet du Mundo Deportivo n’hésitant pas à titrer « Ils attaquent Messi.»

Pour le tribunal d'instruction numéro 51 de Madrid, dirigé par le juge Eduardo Lopez Palop, la question est maintenant de savoir si le prestige de Lionel Messi a été utilisé pour blanchir de l’argent issu des pires trafics des narcos colombiens. La famille du joueur a quant à elle fait savoir qu’elle se réservait le droit d’entamer des poursuites judicaires à l’encontre du quotidien El Mundo. Le prodige argentin attend quant à lui de connaître le nom du Ballon d’Or 2013, récompensant le meilleur joueur du monde de l’année, qui sera décerné le 13 janvier prochain et dont il est le quadruple tenant du titre. Il fait déjà partie des trois finalistes en présence du Portugais Cristiano Ronaldo et du Français Franck Ribéry.

Notez