Mariage gay : Hawaï change de bord

Clément Comis
1 Novembre 2013



Le Congrès hawaïen examine depuis le 28 octobre le projet de loi SB1 « relatif à l’égalité des droits ». La proposition ouvrant la voie au mariage homosexuel a obtenu hier un large soutien de la part du Sénat. Elle sera soumise dans les prochains jours à la Chambre des représentants, majoritairement démocrate. Si elle est approuvée, la loi entrerait en vigueur le 18 novembre.


Crédits photo -- D'Arcy Norman
Crédits photo -- D'Arcy Norman
La question du mariage homosexuel a longtemps divisé l’îlot américain. À Hawaï, la poussée en faveur du mariage gay a débuté en 1990, lorsque trois couples de même sexe ont vu leurs demandes de permis de mariage refusées par des élus du comté. Ils ont poursuivi l'État pour discrimination fondée sur le sexe. En 1998, les électeurs hawaïens ont empêché la question du mariage homosexuel d’être tranchée par voie judiciaire en promulguant un amendement à la Constitution de l’État, selon lequel seul le législateur pourrait en décider. Plus précisément, l’amendement rajoutait à la Constitution que « Le législateur doit avoir le pouvoir de réserver le mariage aux couples de sexe opposé ».

C’est en 2011 que le gouverneur Abercrombie a signé un projet de loi d'union civile offrant une certaine protection aux couples de même sexe et à leurs familles. Les premières unions civiles ont eu lieu le 1er Janvier 2012. Selon un récent sondage, 55 % des habitants d'Hawaï pensent que le mariage entre individus de même sexe devrait être légalisé, contre seulement 37 % s’y opposant.

Une implication religieuse contestée

Le projet de loi, qui bénéficie du soutien de certains groupes religieux, prévoit une exemption qui protégerait le clergé et les institutions religieuses réticentes de conclure ou de reconnaître les mariages homosexuels. Les opposants estiment que l'exonération n'est ni suffisante, ni adaptée, et certains affirment qu'elle ne saura jamais répondre à leurs préoccupations. Une seule chose reste claire : les groupes religieux opposés au projet de loi sont unis dans un même effort pour mettre la question du mariage devant les électeurs.

« Le message de notre coalition est de laisser les gens décider s'il faut changer la définition du mariage », a déclaré James Hochberg, président de HFA, le bras militant de la HFF (Hawaii Family Forum) qui comprend parmi ses membres l'Église catholique et les congrégations évangéliques. « Nous voulons un amendement constitutionnel ». Un tel acte impliquerait une procédure semblable au référendum.

Le baroud d’honneur républicain

La parti républicain, premier groupe politique d’opposition sur l’îlot, mené par le sénateur Bob McDermott tente le tout pout le tout pour bloquer la promulgation de la loi. Ce dernier a déposé une plainte affirmant que les législateurs n'ont pas le pouvoir constitutionnel de modifier la définition du mariage. Le représentant Bob McDermott, coordinateur de groupe de la minorité républicaine, propose une lecture restrictive de l’amendement constitutionnel de 1998 qui stipule que « le législateur doit avoir le pouvoir de réserver le mariage aux couples de sexe opposé ». Selon lui, seul le pouvoir législatif détiendrait la capacité juridique de ne pas ouvrir le mariage aux personnes même sexe.

Mais McDermott actionne clairement une campagne de la terre brûlée. Il y a deux jours, il a tenté ce qui aurait constitué un coup d’État du côté républicain du Congrès, en cherchant à renverser la direction dans le seul but d’y installer des dirigeants plus conservateurs.

En témoigne la dernière campagne anti-mariage gay menée par la Hawaiian Republican Assembly, « l'aile républicaine du parti républicain » pour prévenir les habitants d’Hawaï du « défilé d’horribles politiques » qui suivraient la légalisation du mariage homosexuel. Ce dernier serait « simplement un tremplin pour que le gouvernement légitime et normalise par la force toutes sortes de comportements déviants. De terribles conséquences vont affecter tout le monde et tout ce qui peut être imaginable, et ce pour toujours. »


Dans une dernière tentative, le sénateur Bob McDermott est l'un des 30 membres du Parlement à avoir organisé une audience où près de 4000 personnes ont témoigné pendant deux minutes. L'audience pourrait prendre plus de 129 heures, soit plus de cinq jours d’auditions de 24 heures. Jonathan Goldberg-Hiller, politologue à l'université d'Hawaï qui a beaucoup écrit sur le contentieux décennal concernant le mariage homosexuel dans l’État, a déclaré que les efforts pour rendre le projet plus acceptable étaient le « dernier souffle » pour tenter d'empêcher une inévitable légalisation du mariage homosexuel à Hawaii.

Cette bataille pour l’égalité se propage à travers l'Amérique, et aujourd'hui, 13 États ainsi que le district de Columbia reconnaissent le mariage homosexuel, tandis que la Cour suprême a invalidé une loi interdisant au gouvernement fédéral de reconnaître les unions civiles.
Le vote intervient à un moment de plus en plus favorable pour le mariage gay aux États-Unis. Seuls sept États avaient reconnu le mariage homosexuel il y a un an, mais le nombre a plus que doublé depuis.

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1.Posté par Pauline Flament le 01/11/2013 18:36
J'espère très sincèrement que le mariage homosexuel sera autorisé à Hawaii.

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