Maroc : le pari de l’énergie renouvelable

16 Juin 2013



Les installations d’Ouarzazate inaugurées par le Roi Mohamed VI, le 17 mai 2013, constituent une nouvelle étape de la concrétisation du plan de production d’énergie renouvelable entamé par le Maroc depuis quelques années. Le Royaume pose beaucoup d’espoir sur cette stratégie énergétique pour assurer son développement.


Maroc : le pari de l’énergie renouvelable
Conscients que la production énergétique constitue un facteur de puissance sur la scène internationale, plusieurs États placent désormais le problème de l’énergie au cœur de leurs préoccupations. Le Maroc ne déroge pas à la règle.

Le souverain marocain avait déjà annoncé en 2007 que « la problématique de l’énergie se pose comme une question fondamentale. L’objectif est de garantir la sécurité énergétique de notre pays, de diversifier les sources d’énergie nationales, par le recours à des énergies alternatives ». Ce discours démontre, parfaitement, que le Maroc souhaite exploiter sa richesse en matière d’énergie verte pour renforcer sa croissance économique durable et se transformer en un véritable producteur d’énergie verte. Ceci s’est traduit par des réalisations aussi bien législatives qu’institutionnelles.

Du point de vue législatif, les députés marocains ont adopté la loi relative à l’efficacité énergétique qui a pour objectif de réguler la production et l’exploitation des énergies renouvelables. Quant au côté institutionnel, il s’agit de relever la création de la société « Morrocan Agency for Solar Energy » et d’un institut de recherche en énergie solaire et énergie nouvelle. S’agissant des financements de ce projet, le fonds pour le développement énergétique a été mis en place et sera chargé de financer les recherches sur l’exploitation de l’énergie solaire et l’énergie renouvelable.

Les importations pétrolières plombent le budget

Dépourvu de ressources en hydrocarbures, le Maroc demeure largement dépendant des importations pétrolières. Celles-ci avoisinent 30 % des importations générales du Royaume, affectant énormément le budget de l’État, car « les subventions accordées pour le soutien des prix intérieurs des produits pétroliers avoisinent l’équivalent des dépenses d’investissement du Budget général », estime Moulay Abdellah Alaoui, président de la Fédération de l’énergie.

Cette situation nuit à la croissance économique de la population marocaine. Elle appelle des efforts de l’État qui ne peut pas réellement intervenir sans puiser dans les réserves budgétaires du pays.

Ce constat peut s’aggraver encore plus étant donné les nouvelles demandes d’énergie (6 % à 8 %) suite à l’évolution démographique et la révolution des infrastructures que connait le Maroc actuellement. Les chiffres illustrent parfaitement cette situation. En effet, la facture du Maroc en matière d’importation d’énergie était de 19 milliards de Dirahm Marocain (DH) en 2002, puis elle est passée à 60 milliards de DH pour atteindre à la fin de l’année 2012, plus de 100 milliards de DH. Cela représente 15 % du PIB, chiffre susceptible de doubler à l’horizon 2030.

Le plan d’énergie renouvelable a pour objectif essentiel de réduire la dépendance du Maroc en le transformant en un producteur d’énergie.

Les installations solaires et éoliennes, dont le fonctionnement est programmé pour 2015, ambitionnent de produire d’ici 2020, plus de 2000 MW d’électricité. Cette énergie est nécessaire pour couvrir 42 % des besoins du pays et par conséquent, permettre au Maroc d’économiser annuellement le coût de plus d’un million de tonnes de pétrole. Les économies budgétaires varieraient de 10 à 15 milliards de DH d’ici à 2030, soit 500 millions de dollars annuellement. De quoi redynamiser le développement économique et social du Royaume.

De plus, la création du « green business » qui ouvre la voie aux investissements étrangers, permet la création d’environ 500.000 emplois, soit une augmentation de 1,91 % du PIB marocain.

Devenir une puissance énergétique

Outre la réduction des coûts budgétaires, le plan d’énergie renouvelable assure la croissance de l’économie marocaine en faisant du pays un exportateur et un modèle en la matière.

Le Maroc espère se positionner comme une puissance énergétique future à l’horizon 2020, voire « un champion de la croissance verte en Afrique » d’après le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka.

En fait, la production énergétique que prévoit le Royaume ne peut être absorbée uniquement par le marché local, ce qui inciterait les responsables marocains à envisager l’exportation, et du coup acquérir des cartes diplomatiques importantes.

La vision du Maroc est, d’ailleurs, appuyée par plusieurs études qui affirment que le Royaume serait capable d’ici à 2025 à exporter 20 % de sa production énergétique. Plusieurs pays européens, en l’occurrence l’Allemagne, la France et l’Espagne ont manifesté leur intérêt au nouveau produit énergétique offert par le Royaume.

Conscient de cette situation, le Maroc s’est attelé pour encadrer l’exportation d’énergie en adoptant la loi 13-09 qui offre « la possibilité d’exporter de l’électricité d’origine renouvelable par l’utilisation du réseau électrique national de transport et des interconnexions ». De fait, le Maroc s’offre une nouvelle opportunité de renforcer ses relations économiques avec ses voisins africains.

De tous ces éléments, la réalisation du complexe solaire au sud du territoire marocain constitue un grand défi pour le pays. Celui-ci semble parier sur une stratégie à long terme se matérialisant par l’exploitation de l’énergie renouvelable dans la perspective de relever un triple défi : dépasser les problèmes de croissance, répondre aux besoins futurs en matière d’énergie et s’imposer comme un acteur énergétique incontournable sur la scène internationale.

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Mehdi RAIS
Doctorant en Relations et Droit Internationaux à l'Université de Rabat (Maroc) et membre du Centre... En savoir plus sur cet auteur



1.Posté par panneau solaire le 11/12/2013 15:40
Plusieurs pays se mettent à utiliser l'énergie renouvelable afin de réduire sa dépense. C'est d'ailleurs le meilleur investissement.

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