Nucléaire aux Etats-Unis : la société américaine en danger ?

21 Août 2014



La puissance de l’arsenal nucléaire américain n’est pas inconnue aux yeux de la planète, bien au contraire : on voit un État qui met en avant sa domination. Cependant, leur système corrompu et les nombreux accidents qui se sont produits sont très faiblement médiatisés. Que savons-nous donc réellement sur l’organisation de la structure qui détient l’arme la plus dangereuse connue par l’homme ?


Crédit DR
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Premier pays au monde à avoir développé les armes nucléaires suite au projet Manhattan - sous l’ordre de Franklin Roosevelt pour combattre les nazis - et actuellement l’État avec le plus d’ogives atomiques actives, les États-Unis forment la puissance nucléaire la plus importante au monde. Malgré le fait que la Russie ait un total de 8420 ogives, il n’en compte “que” 1720 d’actives, tandis que les États-Unis ont en 2150 opérationnels sur ses 7650. Seul pays à avoir mis en pratique cette arme lors des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, il a compté un total de 1054 tests, le premier datant de 1945 et le dernier de 1992. Une moyenne de 20 milliards de dollars par an sont utilisés dans le domaine du nucléaire, et plus de 35 000 personnes sont employées dans les bases nucléaires, malgré les efforts de la part de l’ONU pour le désarmement. 

Qui est en charge ?

Le système nucléaire américain est dur à cerner vu sa confidentialité. Géré à sa création par le National Bureau of Standards, cette responsabilité fût passée au Département de l’Énergie en 1977, après avoir eu plusieurs délégations - surtout pendant la période des tests. Au sein du Département se trouve la National Nuclear Security Administration, qui, comme son nom l’indique, est une commission qui cherche à maintenir la sécurité nucléaire. Certaines fonctions ont aussi été prises en charge par le Département de la Sécurité Intérieure depuis 2002. Enfin, les armes fonctionnelles se trouvent dans une des divisions du Département de la Défense. 

Il semblerait donc logiquement qu’avec un aussi grand pouvoir en main, les personnes en charge soient prudemment choisies. Mais en ce début d’année, une grande partie de l’équipe a dû être changée, pour diverses raisons, notamment les drogues, les problèmes de jeux et les tricheries aux examens. Informations, évidemment, soigneusement cachées des médias. Prenons tout d’abord l’exemple d’une centrale quelconque contrôlant les missiles : la plupart se retrouvent sous la terre, construites dans les années 60 de façon à tenir une explosion nucléaire. Dans beaucoup de ces enceintes se retrouvent des équipes de deux personnes, très jeunes, ayant pour seule expérience d’avoir passé un test écrit. Des tests écrits sont, d’ailleurs, faits régulièrement, de façon à maintenir une bonne équipe. Cependant ils ne sont pas toujours efficaces, comme le montrent les 91 officiers - représentant 20% des missiliers - de la base nucléaire du Montana qui ont triché à leurs examens - événement récurrent depuis 2011. De la même façon, en 2013, 17 officiers ont été licenciés suite à des violations des codes de sécurité et des désordres de personnalité. 

Mais les scandales n’affectent pas seulement les officiers. En effet, le Major Général Michael Carey a dû être licencié en décembre 2013 suite à une représentation officielle lors d’une réunion en Russie. Le général aurait trop bu et eu des comportements déplacés, problème qui lui avait déjà été reproché auparavant. Pour l’Amiral de la Marine Américaine s’occupant des missiles, se sont des problèmes de jeux qui lui sont attribués. En outre, onze autres officiers de l’air seraient impliqués dans de très grandes opérations de drogues. 

Des accidents représentants les failles du système

Avec la création d’une bombe capable de détruire le monde entier, les tests qui ont suivit et les transports de missiles ne sont pas sans conséquences. Le premier accident date de 1954, lors de l’opération Castle Bravo. Test nucléaire fait dans les îles Marshall, cette arme atomique fût la bombe américaine la plus puissante à avoir jamais détonné. Il n’est dont pas étonnant qu’une grande partie de la population ait été affectée par les radiations provoquées par l’explosion, plus étendue que prévu. Les mêmes problèmes ont pu être observés chez les soldats américains étant en contact avec des missiles dans les années 70 et 80. Auprès des populations, le même phénomène s’est produit : en 1990, le RECA a été créé - Radiation Exposure Compensation Act - afin de compenser les personnes ou familles ayant subit des conséquences des radiations. 

Malheureusement ces genres d’incidents sont loin d’être les seuls : en effet, les États-Unis ont failli faire exploser leur propre pays. Le premier grand incident s’est produit en 1958, lors du crash d’un avion transportant une bombe nucléaire. Elle n’a pas explosé, mais la bombe pesant 3400kg n’a jamais été retrouvée, étant sûrement tombée en mer. Un incident du même genre s’est reproduit 8 ans plus tard, mais cette fois les bombes ont explosé près des côtes de l'Espagne, provoquant une contamination radioactive. La même chose s’est passé en 1968 au Groenland. Plus dangereux encore, en 1961, un crash d’avion a provoqué la chute de deux bombes nucléaires en Caroline Du Nord. Celles-ci n’ont cependant pas explosé, et le gouvernement a fait croire que ceci était sans risque. Cependant, encore récemment, des informations qui ont été rendues publiques confirment qu’une des bombes a failli exploser. Outre ce genre d’incidents - dont la liste est innombrable - il y a aussi les missiles transportés par accident. En 2007 nous en avons un exemple choquant : six missiles ont été chargés au bord d’un avion par erreur. Cette erreur est passée inaperçue pendant 36h, et personne ne surveillait l’avion pendant ce temps. 

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Il faut bien tenir compte qu’une fois ces missiles sont lancés, il n’y a aucun moyen de les désarmer. Ainsi, des mesures de prévention sont prises pour qu’il n’y ait aucune explosion non souhaitée, avec de très grandes barrières de sécurité, plusieurs codes devant provenir de personnes différentes, etc. En fin de compte, il n’y a que le Président des États-Unis qui peut réellement décider d’un lancement nucléaire. Sauf accident.

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Carolina Duarte de Jesus
Arrivée en France il y a quatre ans, j'ai entamé des études de Science-Politique. Les relations... En savoir plus sur cet auteur