Référendum aux Malouines : un message clair adressé à l'Argentine

14 Mars 2013



Un référendum a eu lieu les 10 et 11 mars derniers concernant le statut politique des îles Malouines. 99,8% des votants ont affirmé leur volonté de conserver leur appartenance à la couronne anglaise. Une majorité écrasante, au travers de laquelle les habitants de l'île adressent un message à l'Argentine et à l'ensemble de la communauté internationale.


Référendum aux Malouines : un message clair adressé à l'Argentine

Le résultat était connu d'avance. Les chiffres désormais publics semblent défier à présent toute remise en question. Parmi les 1672 citoyens appelés à voter, 99,8% ont indiqué vouloir conserver leur statut politique de territoire d'outre-mer du Royaume-Uni. Trois seulement ont voté contre. Pour Gavin Short, l'un des huit membres de l'Assemblée législative des Malouines, le message est clair : "il est temps que les pays du monde entier respectent la volonté des îles, que l'on mette fin aux mensonges, rhétoriques sans fin et impostures politiques !"


Interrogé par le journal La Nacion, Hugo Swire, responsable de la chancellerie britannique pour les affaires d'Amérique latine, reconnait que le vote des habitants de l'île ne change rien d'un point de vue légal. La mesure avait en effet pour unique objectif d'adresser un message clair à Buenos Aires. Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé à la presse que l'Argentine "devait prendre note du résultat et respecter la volonté des citoyens de l'île". 


La mesure est censée apaiser les conflits entre l'Argentine et le Royaume-Uni qui se disputent la souveraineté des îles depuis plus de trente ans. Toutefois pour Buenos Aires, la situation demeure inchangée. Alicia Castro, ambassadrice argentine de Londres, ne considère pas que le réferendum soit pertinent. Elle accuse le vote aux apparences démocratiques, d'être en réalité un véritable plébliscite orchestré à distance par le Royaume-Uni, lequel ne respecte pas le principe de libre-détermination des peuples.


Avec une participation record de 92% des votants, le déroulement du réferendum a dû faire face à un défi logistique. Bien que 80% des 2 563 habitants de l'archipel résident à Port Stanley la capitale, de nombreux citoyens vivent dans des coins parfois reculés, répartis sur les 12 000 km² du territoire inhospitalier de l'archipel. Pour faciliter la participation, quatre bureaux de vote fixes ont ainsi été aménagés sur les deux îles principales, Soledad et Gran Malvina, et des urnes mobiles ont circulé par avion ou véhicule tout terrain. Au cours des deux jours, les couleurs britanniques ont empli les rues. L'annonce du résultat lundi soir s'est accompagnée d'une ambiance de fête visible dans la capitale comme à l'intérieur de l'archipel.


Selon le gouvernement local, le résultat devrait à présent être porté devant le comité de décolonisation de l'Organisation des Nations Unies de faire valoir le respect du principe d'auto-détermination. L'ONU a en effet invité à maintes reprises l'Argentine et le Royaume-Uni à entamer des négociations concernant la souveraineté de l'île. Mais les deux pays restent fermement campés sur leurs positions, se disputant outre le statut politique, l'accès aux ressources pétrolières. Comme le rapporte un article paru dans le journal Le Monde, la Grande-Bretagne avance comme arguments l'origine britannique des habitants, l'administration du territoire depuis 1833 et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. L'Argentine quant à elle, revendique l'héritage des Malouines à son indépendance en 1816 et la proximité géographique des îles de ses côtes.


En Argentine, les prises de position parmi la population s'unissent pour revendiquer la nationalité de l'île. Des manifestations contre le réferendum se sont déroulées à Buenos Aires ces derniers mois et de nombreux panneaux sur les routes comportent l'inscription : "las malvinas son argentinas". Nelson Castro, journaliste argentin, rappelle toutefois qu'aucun homme politique ne s'est jamais rendu aux Malouines excepté durant le mandat du Président Menem de 1989 à 1999. Sur le plan international, les Etats-Unis, l'ONU et l'Union européenne ont d'ores et déjà indiqué ne pas vouloir prendre position, considérant le réferendum comme une "question d'ordre interne".


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Marion Roussey
Lorsque l'addiction du voyage rencontre la passion de l'écriture, elles forment un cocktail... En savoir plus sur cet auteur