Toronto, le cinéma y va Franco

Florian Cazzola, correspondant à Toronto (Canada)
30 Avril 2013



La 16e édition du Festival International du Film Francophone de Toronto s’est achevée dimanche 14 avril au soir, avec la projection de « Tango Libre », une comédie dramatique franco-belge réalisée par Frédéric Fonteyne. Retour sur ce petit bout de France enclavé en terres canadiennes anglophones.


16th Annual Cinéfranco 2013- Celebrates International Francophone Cinema
16th Annual Cinéfranco 2013- Celebrates International Francophone Cinema
À l’image du printemps, synonyme de recommencement, CinéFranco s’est parfaitement adapté à la culture anglophone pour s’ancrer en terres canadiennes et devenir un évènement culturel mondial incontournable.

Pour le comprendre, il suffit de voir les chiffres : CinéFranco, c’est aujourd’hui 26 longs métrages qui sont projetés et plus de 5.000 entrées en à peine dix jours de projections. Le tout pour un budget qui atteint tout juste les 250.000 dollars. Une réussite à toutes les échelles qui a cependant mis du temps à se dessiner dans une ville que l’on qualifie certes de « cité la plus multiculturelle du monde », mais qui contient moins de 3% de population francophone. Et, malgré ses deux langues nationales (anglais et français), la plupart des habitants de la province de l’Ontario (hors Ottawa NLDR) ne pratiquent pas la langue de Molière. Un constat qui fait malheureusement état de la dualité tant politique que culturelle qui oppose anglophones du Canada et québécois.

« J’y pensais depuis un moment déjà »

À l’image de la génération « black-blanc-beur » de l’équipe de France 98, Marcelle Lean a tenté de réunir les diversités linguistiques autour d’un même axe : le cinéma. Un art que la communauté francophone de la ville Reine s’était jusqu’alors cantonné à promouvoir dans sa version « élitiste et un peu intellectuelle » avoue la fondatrice et directrice du festival.
Et pour mener à bien ce projet ambitieux, une idée lui traverse l’esprit : partager la culture cinématographique francophone avec un public le plus large possible, grâce à l’instauration des sous-titres en anglais. Une idée visionnaire et décisive qui, seize années plus tard, fait encore recette. Et c’est peu de le dire.

Cependant, pour s’inscrire dans la longévité et devenir un évènement marquant de l’année culturelle canadienne, Marcelle Lean et son équipe ont dû s’adapter et « redoubler d’efforts » pour ne pas être avalées par la spirale commerciale du cinéma d’aujourd’hui. C’est donc en qualité de bénévole que le groupe d’une dizaine de personnes, gravitant sous l’œil aguerri de la fondatrice, œuvre, pour que chaque année un nouvel air soit insufflé à CinéFranco.

Le travail de prospection commence au début de l’automne, là où les sorties de films sont les plus denses, et intéressantes. À cette occasion, ce sont « plus d’une dizaine de films qui sont visionnés chaque jour », des discussions interminables, des avis partagés, au milieu desquels surgit une révélation. « Vous savez, c’est ce long-métrage qui captive, interpelle et fait du cinéma francophone, un art visuel à part entière ». Et 2012 a été une année particulièrement prolifique si l’on en croit Marcelle Lean. « Entre des films sociétaux comme Les Invisibles ou L’Affaire Dumont et des films plus divertissants comme Le Prénom […] on est vraiment satisfait de la programmation de 2013. En plus, on arrive à intégrer des films de toutes les nationalités et ça, c’est super ». Une belle démonstration qui prouve que la culture est universelle et n’appartient à personne.

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