Un regard vers la calligraphie

Mashallah News, traduit par Lisa d'Alfonso
13 Juin 2015



Everittee Barbee est un calligraphe américain de 23 ans. Depuis 2007, il a déjà vécu en Écosse, en Autriche, et en Syrie. Aujourd’hui, c’est au Liban qu’il a décidé de vivre. Mashallah News a eu l’opportunité de lui poser quelques questions à propos de son métier.


Surah 49: The Chambers
Surah 49: The Chambers
Alors que cette forme d’art se fait de plus en plus rare, qu’est-ce qui vous a poussé à devenir calligraphe ?
 
Pour faire simple, je trouve ça très relaxant et très amusant. J’ai toujours admiré la calligraphie islamique, mais ce n’est qu’après avoir vécu à Damas que j’ai commencé à pratiquer, avec le maître en la matière Adnan Farid. Depuis, je me suis exercé dans mon coin et j’ai pris des cours avec quelques professeurs. Peu de jours sont passés sans que je n’écrive.  À vrai dire, je panique un peu si je reste trop longtemps sans travailler ma calligraphie. Ça a d’abord été un passe-temps, aujourd’hui c’est devenu mon gagne-pain. Mais pour être totalement honnête, je ne me qualifierais pas de « calligraphe » : je suis plus un artiste qui se sert de la calligraphie comme moyen d’expression. Je n’ai fait qu’un seul stage intensif, et c’était en diwani, qui est la base de tout mon travail. Il me reste beaucoup de choses à apprendre et je dois encore m’exercer considérablement avant de pouvoir me considérer comme un « calligraphe » sans me sentir gêné. Aussi, c’est pour ça que je suis retourné vivre au Moyen-Orient.

Pourquoi pensez-vous que la calligraphie est encore une chose importante à l’heure actuelle ?
 
Au même titre que la plupart des arts arabes et islamiques, je ne pense pas que la calligraphie soit importante, mais véritablement essentielle. C’est une célébration du Moyen-Orient à part entière. Il suffit de regarder la rue Hamra à Beyrouth : sans compter l’héritage culturel incroyable du Liban et du Moyen-Orient, elle est semblable à n’importe quelle rue d’Europe ou des États-Unis, exception faite de la calligraphie dans la signalisation. Avec cet art, on peut chanter une chanson arabe sur un bout de papier, exprimer ses sentiments à la manière d’un chanteur, mais d’une autre façon. C’est un outil dont les usages sont infinis.

Surah 89
Surah 89
Avez-vous un modèle, quelqu’un qui vous sert d’exemple en calligraphie ?
 
Mes plus grands modèles en calligraphie seraient Jila Peacock et Hassan Musa. Jila est une calligraphe et artiste iranienne bien connue pour sa maîtrise impeccable de l’écriture des poèmes de Hafez en nastaliq de façon à faire apparaître diverses formes animales, tout en célébrant l’héritage littéraire de l’Iran. Hassan Musa, lui, est un calligraphe soudanais. Il créé des images incroyablement riches en détails, en se servant de traits issus de la calligraphie islamique, et ce sans écrire de véritable texte. Mon objectif est de fusionner ces deux styles en créant des images vives et en trois dimensions, à l’aide d’un texte facile à suivre et à lire, mais j’ai encore beaucoup de chemin à faire. Et bien sûr, n’importe quel artiste contemporain se servant de la calligraphie islamique dans son travail est en admiration devant la maîtrise des couleurs et les images délicatement équilibrées d’Hassan Massoudy.

Palestine: the Aral Sea of Liberty
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Selon vous, quelle est la plus belle œuvre calligraphique jamais réalisée ?
 
 L’œuvre complète du Coran est d’après moi la plus belle, quelle que soit l’écriture. Après tout, les mots sont ce qu’il y a de plus important en calligraphie. Bien que je ne sois pas musulman, la beauté, aussi bien dans la poésie que dans l’aspect physique et l’équilibre des mots et des lettres, est indéniable. Les lettres du Coran s’accordent parfaitement entre elles, comme si elles dansaient de façon un peu mystérieuse. Une danse jamais aussi bien reproduite quand j’écris mes propres mots ou ceux de célèbres poètes arabes.
 
Plus important encore : sans cette vénération et ce besoin de préserver le Coran, la calligraphie arabe telle qu’on la connaît n’existerait pas. L’importance du Coran ajoutée à l’interdiction de l’iconographie dans l’islam a fait de la calligraphie le plus grand art pendant plus de mille ans dans des sociétés qui étaient les plus libérales et les plus éclairées du monde à cette époque. Cette vénération permanente a permis à la calligraphie islamique d’atteindre un seuil de perfection et de beauté jamais égalé par les autres formes d’écriture dans l’histoire de l’Humanité.

Le site internet d'Everitte : www.everitte.org

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