Bruxelles : Tout nus…et à vélo !

Claire Estagnasié
21 Juin 2013


Nus comme des vers, déguisés ou légèrement vêtus, mais tous à vélo ! Tel était le principe de la 9ème « Cyclonudista » qui s’est tenu samedi 15 juin à Bruxelles. Retour sur un pari écologique et un peu provoc’.


Le concept peut faire sourire. Pourtant, malgré l’aspect cocasse de la manifestation, les revendications des « cyclonudistes » sont très sérieuses. Jérôme Jolibois, organisateur de l’évènement et ex candidat écologique du parti Ecolo Groen au élections communales de Bruxelles, explique que "L'objectif de Cyclonudista est de rendre la ville agréable à vivre pour les cyclistes. Le moyen de transport le plus efficace est le vélo. Or, 75% de l'espace public est occupé par des voitures. Nous voudrions inverser cette tendance et souhaitons que des aménagements spécifiques soient réservés pour le bien-être des cyclistes". Des revendications écologiques donc, derrière l’aspect festif de l’excursion.

Les participants de la 9ème édition de la Cyclonudista se sont rassemblés samedi 15 juin vers 14h sur le square Fère Orban à Bruxelles, avant de sillonner la ville à partir de 15h. Que ce soit sur la place Flagey, dans le centre-ville ou sur le rond-point Schuman, les passants ont eu la surprise de voir débarquer un cortège de cyclistes nus, et/ou portant perruques et autres déguisements pour certains. Chansons, fanfares, pauses pour attendre les retardataires : la manifestation se déroule dans la bonne humeur et sous le regard amusé des badauds.
 
Dans le cortège, beaucoup d’hommes mais peu de femmes : celles qui sont venues ont généralement gardé une culotte. Jeunes et moins jeunes, pas forcément tous à l’aise avec leur corps, ils roulent au rythme des slogans « l’indécence c’est l’essence » ou encore « justice dans les rues ! ». Certains ont osé le tandem, et on peut même apercevoir quelques enfants. Drapeaux et panneaux sont accrochés aux vélos, et beaucoup ont peint leurs revendications sur leurs corps. La police a toléré la manifestation pour autant qu'elle ne heurte pas les bonnes mœurs et a demandé aux participants de couvrir leurs parties intimes, ce qui n’a pas toujours été respecté. Pourtant, les réactions à leur passage sont positives : des sourires, des rires et même des applaudissements.

« L’indécence c’est l’essence ! »

Mais pourquoi avoir choisi de manifester nus ? La nudité a pour avantage de faire le buzz, et de rendre l’événement plus visible, donc les revendications plus entendues. Loin d’être des sortes de Femen à bicyclette, les cyclonudistas reviennent à l’état de nature en pédalant dans le plus simple appareil. « Le vélo comme la nudité sont des symboles de liberté mais la nudité est également un moyen de montrer la fragilité des cyclistes en milieu urbain. Etre nus dans la ville est moins grave que de polluer les poumons des habitants. La nudité est moins choquante que la pollution », a rappelé Jérôme Jolibois.
 
Les propositions des Cyclonudistas ? Réserver les villes aux déplacements doux (vélos et piétons), des transports en commun gratuits pour tous, l’interdiction de la pub pour les autos et les voyages en avion et la non-discrimination de la simple nudité.
 
La manifestation cyclonudistes de Bruxelles est la dernière en date, mais le mouvement a une ampleur internationale. Le concept a vu le jour en 2001 à Saragosse, en Espagne, relayé en 2003 par la création du Mouvement Cyclonudiste International (World Naked Bike Ride). Aujourd’hui, le mouvement compte près de 70 villes des deux hémisphères, avec différentes réceptions selon les autorités locales. Par exemple, la manifestation cyclonudiste du 9 juin 2007 à Paris, a été autorisée puis interdite par la préfecture et annulée avant le départ par les organisateurs de Vélorution. Plusieurs centaines de manifestants ont quand même défilé nus de manière spontanée, avant d’être interpellés par les forces de l’ordre.