Elections en Catalogne: l'indépendantisme éclipse la crise

Valentin Berthoux
4 Janvier 2013


Le 25 novembre dernier, la droite catalane au pouvoir a subi un sérieux revers de médaille aux élections du parlement catalan. Celles-ci ont été convoquées deux ans en avance par le Président de la Generalitat (Communauté Autonome de Catalogne), Artur Mas, suite aux négociations échouées du pacte fiscal avec Madrid et à l'énorme manifestation indépendantiste du 11 septembre 2012.


Mas, issu du parti CiU (Convergència i Unió; droite régionaliste) souhaitait renforcer sa majorité au parlement de manière à pouvoir lancer un référendum sur l'autodétermination de la Catalogne. Le calcul politique était simple: même si son parti n'a jamais officiellement soutenu l'indépendance, celui-ci espérait bénéficier de la récente vague de sympathie envers la cause indépendantiste en soutenant la mise en place d'un référendum. Ce calcul s'est avéré vain, puisque CiU a perdu 12 députés par rapport aux précédentes élections de 2010. Le véritable vainqueur de ces élections a été la gauche indépendantiste, doublant son nombre de sièges au parlement.

Un sérieux revers pour Mas mais pas pour les indépendantistes: plus de la moitié du parlement est désormais favorable à la tenue d'un référendum et à mettre en marche le processus d'indépendance si celle-ci est votée.

La cause paraît sortir renforcée depuis les élections, bien qu'ayant été toujours présente, celle-ci s'invite de plus en plus dans les débats au sein de la société catalane. Le "coup de pub" de Mas semble avoir amplifié l'importance de la question indépendantiste, le tout dans un contexte de grave crise économique et de forte tension avec le pouvoir central, de droite depuis les élections générales de 2011, traditionnellement très opposée à la cause régionaliste.

La formation du nouveau gouvernement a donc été rendue très difficile par un parlement fortement fragmenté. Le 21 décembre, un accord a été signé par ERC (Gauche Républicaine Catalane) et CiU pour former un gouvernement de coalition.

Le nouveau gouvernement de la Generalitat est certainement la preuve de l'importance de la question indépendantiste au sein de la société catalane. Deux partis, diamétralement opposés sur une échelle gauche-droite, ont réussi à s'allier sur la question de l'indépendantisme. L'accord sur la tenue d'un référendum est bien la question qui a primé lors des négociations pour former le gouvernement. Et c'est la première fois, en Catalogne, que la gauche et la droite arrivent à s'unir pour soutenir cette cause, et ce, malgré de nombreuses critiques émises par la gauche sur les thèmes de l'économie et du social. Celle-ci n'a cessé de critiquer les coupes budgétaires menées par CiU durant deux ans pour essayer de réduire la colossale dette de la région. Mais, face à la question de l'indépendance, les thèmes économiques et sociaux, pourtant si souvent discutés en Espagne, ont fortement peiné à s'imposer durant la campagne.

Les deux partis ont été capables de mettre de coté leurs différences pour se réunir autour de la seule question de l'indépendance. Aujourd'hui, c'est certain, la Catalogne semble être entrée dans une nouvelle phase de son combat indépendantiste, au risque d'en oublier une des pires crises économiques de son histoire.