Evguenia Tchirikova: l'opposition au féminin

14 Octobre 2012


Farouche opposante écologiste du Kremlin, Evguenia Tchirikova espère gagner les élections municipales de Khimki, malgré un harcèlement quotidien de la part de l'État. Retour sur une femme qui tient tête au gouvernement Poutine.


Photo: REUTERS/Pyotr Bolkhovitinov
Prix Goldman de l'environnement reçut en avril 2012 pour son combat en faveur de la préservation de la forêt de Khimki face à l'autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg, ce petit bout de femme au caractère bien trempé s'est lancée à la conquête de la ville de Khimki, au nord de Moscou, en déposant le 27 août dernier sa candidature. Soutenue par Alexei Navalny, leader de l'opposition russe, elle doit faire face à Oleg Charov, l'actuel maire de la ville.

Grâce à sa bataille contre l'autoroute, elle est devenue en peu de temps une véritable icône politique, au grand dam du gouvernement. Mais c'est un rude combat que la militante risque de gagner dans un pays où la démocratie n'a pas le dernier mot. En effet, l'État s'attaque directement à sa vie privée, essayant de lui enlever ses enfants pour « maltraitance », passant plusieurs fois son mari à tabac, ou imposant des inspections à son entreprise qui, selon elle, étaient sans fondements.

Sur le plan politique, ses meetings rassemblent peu de monde, tous ayant peur du FSB (anciennement KGB) qui filme les participants. Et pour les plus téméraires, le gouvernement paye des militants du Kremlin pour jouer les troubles-fêtes. « Ils ont ordre de détruire toutes nos affiches, nous savons qu'elles ne tiennent qu'une heure » souligne Nikolia Liaskine, son directeur de campagne. Ils utilisent, pour les convaincre, la carte de la pro-américaine, rhétorique de la guerre froide marchant toujours auprès de la population vieillissante.

Même avec des sondages en sa faveur, l'opposante n'a pas réussi à briguer la municipalité.



ex-Rédacteur en chef du Journal International, accro à l'histoire des monarchies européennes, aux… En savoir plus sur cet auteur