Festival Transeuropa : vivez l’Europe !

4 Octobre 2013


Du 4 au 27 octobre, Alternatives Européennes organise le Transeuropa Festival, un festival culturel organisé simultanément dans 13 villes européennes pour célébrer l’Europe, ses citoyens et promouvoir de nouvelles alternatives à la construction européenne actuelle.


Affiche officielle du Transeuropa Festival 2013
Alternatives Européennes, une organisation européenne transnationale qui met en avant des alternatives à la construction européenne telle qu’elle s’organise actuellement organise le festival Transeuropa dans 13 villes européennes du 4 au 27 octobre. De Paris à Cluj-Napoca en passant par Bologne, Varsovie, Lublin ou Bratislava, un ensemble d’activités artistiques, cinématographiques, de débats, conférences, d’entretiens avec des députés européens seront au programme de cet évènement citoyen. Organisé par les groupes locaux d’Alternatives Européennes dans chacune des villes participantes, le festival se veut un lieu de partage et d’échange autour de l’Europe, de sa culture, de ses pratiques démocratiques et de son évolution.



Rencontre avec Niccolò Milanese, co-président de Alternatives Européennes.

Le Journal International : Un festival pour connecter la culture, le sentiment européen et l’Union européenne en tant qu’institution, comment vous est venue cette idée ?

Niccolò Milanese : L’idée est née d’une frustration (comme tant d’autres actes politiques). Frustration car nous sentions comme un manque d’originalité dans la culture et la philosophie en Europe. Frustration due en partie au manque d’ambition politique ainsi qu’au manque d’alternative politique et culturelle réelle. Au début, notre envie d’agir ne venait pas principalement de l’Union européenne mais nous pensons que l’Europe est l’une des dernières utopies existantes, notamment pour ceux qui ont la chance de vivre dans cette partie du monde. Toute expérimentation politique et culturelle intéressante se réalisera certainement au niveau européen. Nous souhaitions donc récupérer une partie du potentiel utopique de l’Europe de la main des institutions européennes (l’Europe a d’abord été le rêve d’un poète avant d’être un projet politique). De la même manière, nous essayons d’élargir le débat sur des thématiques européennes. Nous le faisons en invitant des artistes, des écrivains, des philosophes à créer un festival sur l’Europe et en impliquant les citoyens dans la création de ce festival qui reflète leurs désirs d’avenir. 

JI : Le mélange festival culturel / Union européenne, simple stratégie pour accueillir des citoyens de plus en plus eurosceptiques ou manière de mettre en avant une Europe plus culturelle et transnationale ?

NM : Nous pensons que l’Europe et l’idée du projet européen sont essentielles pour notre destinée collective et que si nous laissons ces idées tomber en désuétude, elles seront remplacées par des alternatives régressives, nationalistes et xénophobes. Notre objectif n’est cependant pas de « vendre » l’idée de la construction européenne. Nous encourageons les citoyens à être « euro-critique » envers l’Union européenne et l’un des rôles du festival est justement de remettre en question, de manière démocratique, les institutions gouvernantes de l’Europe.

La composante culturelle de notre activité vise à faire émerger une subjectivité européenne ou une série d’imaginaires européens. Cela implique de poser des questions et de dépasser les frontières nationales qui gouvernent encore très largement nos interactions sociales, politiques et artistiques. Des alternatives politiques peuvent apparaître lorsque l’on remet en question le paradigme de l’état-nation notamment sur les manières dont il régit nos vies communes.


JI : Le festival est aussi l’occasion de mettre en avant le travail des groupes locaux d’Alternatives Européennes, de quelle manière ces derniers ont-ils participé à l’organisation de l’évènement ?

NM : Le festival n’existerait pas sans les groupes locaux ! Nous avons organisé le festival pour la première fois à Londres en 2007. A l’époque, il était connu sous le titre original de « London Festival of Europe ». Dès la clôture de la première édition, nous avons été contactés par de nombreux citoyens européens qui souhaitaient s’impliquer davantage dans l’organisation de nos activités et nous aider de quelque manière que ce soit. C’est d’ailleurs ainsi que nous avons créé Alternatives Européennes. 

Nous ne pensions organiser que le festival au début. Nous avons impliqué de nombreuses personnes dans l’organisation du festival chaque année à Londres ainsi que dans la gestion de nos campagnes et de divers projets tout au long de l’année. 
En 2010 nous avions suffisamment d’expérience pour organiser le festival dans différents lieux simultanément (ce qui n’est pas simple !). Cette année-là, il a été organisé dans 4 villes, 12 villes en 2011, puis 14 en 2012 et enfin 13 villes cette année. Peu importe leur lieu de résidence dans le monde, les gens peuvent rejoindre Alternatives Européennes. Quand une ville compte au moins 4 membres actifs, nous pouvons commencer à organiser des activités du festival dans cette localité. Les membres se rencontrent régulièrement tout au long de l’année afin de décider ce qui devrait être organisé durant le festival et nous travaillons ensemble pour trouver des financements, organiser les campagnes de communication etc.


JI : Euroscepticisme grandissant, seuls 34 % des citoyens voient de manière positive l’impact de l’UE sur l’économie, le festival peut-il être un moyen de développer de nouvelles alternatives à l’austérité ? Lesquelles ?

NM : Nous comprenons que seule une minorité de citoyens jugent l’Union européenne de manière positive : nombre de décisions européennes actuelles sont problématiques. Nous pensons qu’il est possible de réformer l’UE en adoptant une approche ascendante et citoyenne, radicalement différente de l’approche descendante qui a dominé le processus décisionnel européen jusqu’à aujourd’hui. Nous essayons de montrer aux gens qu’il est possible d’avoir un impact en tant que citoyen en Europe et qu’il est possible de changer les choses. De la même manière, nous ne pensons pas que le futur de l’Europe ne doive concerner que les institutions officielles, le futur de l’Europe implique aussi la manière dont les citoyens européens interagissent entre eux. Nous pouvons changer les attitudes et passer de la concurrence, la peur ou la répugnance à la coopération et à la confiance si nous organisons des évènements pour que cette coopération et cette confiance se développent et se communiquent. C’est là aussi l’objectif du festival.

Quand il s’agit de développer des alternatives à l’austérité, notre manifeste citoyen propose un certain nombre de propositions concrètes : de la réforme bancaire à l’introduction de législations bancaires pour les débiteurs souverains. Les solutions sont là, seule manque la volonté politique de montrer à la population que la coopération est possible. Et nos leaders politiques échouent piteusement dans ce domaine.


JI : Alternatives Européennes travaille également sur un Pacte Citoyen  pour la démocratie, disponible en ligne, qui sera proposé aux candidats aux élections européennes de 2014 et qui sera discuté lors du festival. Quelles en sont les grandes lignes ?

NM : Plusieurs candidats et députés européens actuels participeront au festival cette année. Nous présenterons également le manifeste citoyen de manière officielle au Parlement européen un peu plus tard dans l’année. L’année prochaine, nous organiserons divers évènements à travers l’Europe pour essayer de rallier les candidats [aux élections européennes, ndlr] autour de nos propositions. Enfin après les élections nous continuerons d’essayer de persuader les membres élus du Parlement et la nouvelle commission. 

JI : 13 villes européennes, beaucoup de villes des nouveaux pays membres de l’UE. Le festival est-il aussi une manière de promouvoir l’intégration de ces pays dans l’UE ?

NM : Nous souhaitons rassembler les gens afin d’apporter des alternatives politiques, sociales et artistiques nouvelles. Les nouveaux pays entrants sont pleins d’enthousiasme à l’idée de participer à ce projet en raison de son principe novateur et du fait que l’Europe a pendant longtemps été divisée.

JI : Des idées pour le futur ? Etendre le festival ? S’arrêtera-t-il à Athènes, malgré le sentiment anti-européen qui y règne ?

NM : Nous travaillons sur divers projets pour être plus actifs en Grèce ainsi que pour ouvrir une antenne du festival d’ici quelques années dans ce pays. La montée des mouvements anti-immigration et néo-fascistes ainsi que le symbole que constitue l’échec de la politique européenne actuelle en Grèce sont également d’importants facteurs à prendre en compte. Mais plus important encore, nous sommes impatients de travailler avec les nombreux Grecs qui ont énormément à offrir au reste de l’Europe en terme d’alternatives politiques, culturelles, sociales et artistiques. La Grèce a toujours été un creuset de la civilisation en Europe. Nous sommes évidemment impatients d’apporter le festival en Grèce.



Plus d'information sur le festival Transeuropa, retrouvez l'interview  de Ségolène Pruvot, coordinatrice du festival (lien en anglais), ainsi que le site officiel


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Amoureux des langues et cultures étrangères, je conjugue mes rêves en anglais, sur l’île… En savoir plus sur cet auteur