Jake Bugg, the young man blues

5 Juin 2013


Son nom ne vous dit peut-être rien mais Jake Bugg est devenu en moins d'un an un phénomène à suivre. Son album sorti fin 2012 a été l'un des plus gros succès au Royaume-Uni. Un album qui porte le nom de son auteur mais aussi tout le fruit de ses jeunes ardeurs.


Jake Bugg a grandit à Clifton, près de Nottingham, la ville de Robin des Bois. Jake, lui, n'a rien volé de son succès. Cigarette dans une main et guitare dans l'autre, il nous livre un album rempli d'un mélange rock, country avec une touche de folk. L'album est une belle réussite, déclassant même les Mumford and Sons des charts britanniques, et on ne s'en plaindra pas.

Bien loin de la nouvelle vague pop folk portée par les Two Door Cinema Club et autres Lumineers, Jake Bugg a littéralement impressionné toute la critique par son authenticité et son professionnalisme. Ses inspirations vont de Don Mc Lean, célèbre auteur-compositeur américain à Hendrix et Oasis.

Avoir la chance d'être propulsé dans la haute sphère musicale par les plus grandes pointures, c'est indéniablement payant. Quoi de plus normal à 19 ans que de jouer avec Noel Gallagher, ancien d'Oasis, et ses High Flying Birds ? Ou de co-écrire ses premières chansons avec Iain Archer, ancien membre de Snow Patrol ? Bien sûr, le petit a été formaté par tout le système. En même temps, quand on est signé chez Mercury, c'est inévitable.

Jake Bugg a bénéficié d’un plan de communication bien huilé mais sa gueule de gamin insolent nous frappe. D’ailleurs pour lui « à la radio, les programmes c’est de la merde ». Le ton est donné. Découvert par le BBC Introducing, un site de la chaîne britannique à la recherche de jeunes talents sans contrat, Jake Bugg met tout le monde d’accord. Le site lui offre l'opportunité de se produire dans l'un des plus grand festival au monde : Glastonbury.

Le « Bieber » exaspérant


Sans tomber dans les clichés assez agaçants de ceux qui le qualifient de « Bieber du rock », Jake Bugg est assez touchant. Quand le bad lad de Nottingham débarque sur scène, on a l'impression de voir un gamin réciter sa leçon. Un peu ennuyé, comme ses musiciens un peu trop nonchalants et statiques. Jake Bugg a une allure assez énervante. Coupe de cheveux vissée sur la tête, une voix éraillée à la Alex Turner, chanteur des Arctic Monkeys, une allure à la Johnny Cash, clope pendue aux lèvres : le genre de gosse qui exaspère parce qu'il vous rappelle l'idiot de votre classe de lycée.

Justement, c'est un morceau, du moins un énorme morceau de Cash qu'il se permet de reprendre pendant ses concerts : Folsom Prison Blues, un très gros risque. Honnêtement, c'est un peu effrayant quand on voit le titre de cette chanson mythique accolé au nom d'un gamin de 19 ans. L'interprétation de la mélodie est parfaite, mais cette voix, cette voix là ne colle pas du tout au blues de Johnny Cash. Malheureusement l'effet de surprise est un peu gâché.

Rick Pearson, journaliste à l'Evening Standard (quotidien londonien) a écrit « [Jake] a été désigné comme le « nouveau Bob Dylan », mais il ressemble plus à un Alex Turner avec une guitare acoustique ». D'après lui, c'est assez étrange que sa musique ait eu autant de succès. Jake Bugg intrigue. Il place dans sa musique des sonorités que l'on entendait plus aujourd'hui, une sorte de rock'n'roll très vintage et pas forcément très populaire aujourd'hui, du moins en Europe. Aux Etats-Unis, la country fait fureur et ce depuis bien longtemps. C'est la musique la plus populaire du pays, loin devant l'électro et la pop. Sur scène, sa country rock plaît et son attitude l'air de rien renforce la sincérité de son style. Pearson conclu son article par « Au final, la comparaison n'est peut-être pas si bête... »

Entraînant et plein de charme, l’album s’ouvre sur le titre « Lightning Bolt » : des notes sorties tout droit d’un bon vieux morceau de country de l'ouest américain. On l’imagine avec sa guitare, nous lancer ce morceau comme si de rien était. C’est efficace, ça en deviendrait presque saisissant.

«Taste It », incontestablement LE morceau de l’album, fait partie de ces chansons qu’on retient d’un coup. L’arrogance de Jake Bugg est pardonnée, sa guitare folk nous a conquis. Le titre « Two Fingers » est un condensé de ses passions : smoking, drinking and music. Un petit effet mélancolique qui aurait peut être dû en rester là. Certaines ballades comme le titre « Ballad of Mr Jones » ou « Simple As This » sont presque inutiles et gâchent un peu le plaisir.

En faisant revivre des sonorités perdues confondues entre ce cher rock anglais et le folklore américain, Jake Bugg se révèle très audacieux. Etonnant pour son âge mais très révélateur d'un style musical old-school assumé. D'après le magazine NME, le deuxième album serait en préparation sous la houlette du producteur Rick Rubin (producteur des albums posthumes de Johnny Cash et des plus grands albums rock américains). On attend, impatiemment...