Journée mondiale des Nations Unies : « C’est votre monde »

Fabien Aufrechter
28 Octobre 2013


À l’occasion de la journée des Nations Unies qui commémorait jeudi 24 octobre les 68 ans de la Charte des Nations Unies, petit retour sur l’histoire d’une institution qui incarne la paix depuis la fin de la Première Guerre mondiale.


Crédits photo -- Yann
C’est avec l’intervention des États-Unis dans les conflits de la Première Guerre mondiale que s’impose l’idée d’une organisation internationale pour aider à résoudre les conflits par le dialogue. En faisant voter par le Sénat l’engagement des États-Unis dans la guerre, le président Woodrow Wilson songe déjà à faire reposer la paix sur une future coopération entre les Etats, au sein d’une institution.

Ce sera chose faite en 1919 : le Traité de Versailles adopte les 14 points de Wilson qui prévoient la création d’une Société des Nations (SDN). Mais l’isolationnisme des républicains américains et l’opposition frontale au projet du puissant sénateur Henry Cabot Lodge met fin au rêve wilsonien. Le refus des États-Unis de rejoindre la Société des Nations condamne cette dernière à l’impuissance avant même qu’elle ne commence ses activités à son siège situé à Genève.

Malgré cette image de faiblesse que l’on garde de la Société des Nations, celle-ci est cependant relative puisque de nombreuses questions y ont été réglées dont la guerre colombo-péruvienne, la crise des îles d’Åland et le différend gréco-bulgare. Cependant, son incapacité à réagir face à l’invasion de la Mandchourie par le Japon, de l’Abyssinie par l’Italie ou face à la guerre d’Espagne annonce déjà son déclin.

Lorsque l’Allemagne nazie quitte la Société des Nations en 1933, le réarmement des puissances de l’Axe, puis l’Anschluss de l’Autriche par l’Allemagne en 1938, l’invasion de la Tchécoslovaquie, celle de la Pologne puis la déclaration de la guerre générale en Europe sonnent le glas de la Société des Nations. Celle-ci maintient toutefois ses activités pendant le conflit, sous la direction de l’Irlandais Sean Lester, dernier Secrétaire général.

De la Société des Nations à l’Organisation des Nations Unies

Après la création de la Déclaration des Nations Unies en 1942, il est question de remplacer la Société des Nations par une nouvelle institution, plus à même de protéger la paix dans le monde que ne l’avait été la SDN. Décision prise lors de la conférence de Yalta, une conférence spéciale est donc convoquée en juin 1945 à San Francisco durant laquelle l’Organisation des Nations Unies (ONU) a vu le jour grâce à la signature de sa Charte.

Composée entre autre d’un Conseil de sécurité, d’une Assemblée générale, d’un Conseil économique et social ainsi que d’un Secrétariat et d’une Cour internationale de justice, l’ONU n’est pas une nouvelle Société des Nations : elle est dotée d’une armée pour la paix (les Casques bleus) et peut prendre des résolutions effectives. L’ONU incarne, lors de sa création, l’espoir d’une paix qui empêchera le déclenchement d’une Troisième Guerre mondiale.

La politique soviétique de la « chaise vide » jusqu’à la guerre de Corée (1950-1953), puis la paralysie des institutions onusiennes tiraillées entre l’URSS et les Etats-Unis pendant la Guerre froide, laissent à penser que l’Organisation des Nations Unies n’est en fait pas plus efficace que ne l’était la Société des Nations.

Cependant, celle-ci s’impose à travers des missions comme lors de l’envoi d’une force de maintien de la paix à Chypre en 1964, des résolutions comme celles prises lors de la guerre des Six Jours au Proche-Orient ou l’adoption de traités comme celui de non-prolifération des armes nucléaires (1968).

Outre la supervision d’élections, l’ONU obtient des cessez-le-feu dont ceux en Angola et au Salvador en 1991. Impuissante face au génocide rwandais et dans la guerre du Kosovo, l’organisation de paix est affaiblie par la guerre en Irak déclenchée par les Etats-Unis en l’absence de résolution de son Conseil de Sécurité. La mauvaise gestion de la situation à Haïti suite au tremblement de terre en 2010 et l’inaction vis-à-vis du conflit syrien actuel ont renforcé les critiques.

Le rêve onusien

Cette année, l’Assemblée des Nations Unies avait décidé que la Journée mondiale des Nations Unies coïnciderait avec la Journée mondiale d’information sur le développement. Fidèle à ses valeurs, l’ONU n’hésite pas à laisser le devant de la scène aux causes qu’elle soutient.

Défendant la paix, les droits des femmes et des enfants, la lutte contre la corruption, le droit à la santé, celui à une alimentation saine ou la protection de l’environnement, l’Organisation des Nations Unies détient un savoir faire unique qui a été récompensé par plus d’une dizaine de prix Nobel de la paix, dont celui de cette année décernée à une de ses organisations : l’Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques.

La Journée des Nations Unies

Jeudi dernier, partout dans le monde, des événements ont été organisés pour promouvoir ce rêve de paix. À Libreville au Gabon comme à Lomé au Togo, des stands recouvraient les esplanades des ministères des Affaires Etrangères et du Palais des Congrès pour présenter les activités de l’ONU au public. À l’université de Lahore, au Pakistan, comme dans d’autres institutions, un séminaire a été organisé pour commémorer l’anniversaire de la charte de l’ONU. À Yaoundé au Cameroun, des événements divers ont été organisés toute la semaine, en particulier pour promouvoir le droit des femmes. À Dakar au Sénégal, c’est une grande opération de don du sang qui a été lancée pour l’occasion. Pendant ce temps, à New York s’ouvrait une séance de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Au-delà de ces événements, la journée des Nations Unies a également été l’occasion d’annonces et de bilans. Profitant de l’ouverture de l’Assemblée générale, Ban Ki-Moon a ainsi réaffirmé sa volonté de parvenir à une solution diplomatique pour résoudre la situation en Syrie et souligné les préoccupations de l’ONU vis-à-vis du réchauffement climatique. Le gouvernement tunisien a profité de cette journée pour s’adresser à l’assemblée onusienne et la remercier de son aide pour la démocratisation, encourageant un développement des activités de l’organisation internationale.

S’il ne fallait retenir qu’une chose de cette journée, c’est que l’ONU n’est pas une institution lointaine. Présente auprès des populations qui ont besoin de son aide, l’Organisation des Nations Unies cherche à aider chacun à se réapproprier le monde que ce soit par des interventions sanitaires, des aides alimentaires ou des interventions de maintien de la paix. C’est d’ailleurs ce que signifie sa devise: «C’est votre monde ».