Kina Malpartida, la guerrière péruvienne

Jessy Goffi, correspondant à Lima
10 Janvier 2014


Ex-boxeuse et désormais compétitrice dans un programme télévisé péruvien, Kina Malpartida est une de ces femmes d'exception dont le Pérou peut être fier. Portrait de cette battante qui impose le respect.


Kina Malpartida | Crédits Photo -- DR
33 ans et toutes ses dents ? Pas sûr. Cette femme est loin d'être calme et tranquille, sa nature et ses racines ne lui permettent pas de vivre ainsi. La fille d'Oscar « Chino » Malpartida, champion de surf a commencé le karaté à 6 ans. Kina Malpartida, aussi appelée « dynamite », n'a jamais suivi le cours normal de la vie. Elle a donc laissé tomber les études et s'est dédiée à la boxe à 100 %. Et en observant sa carrure et sa carrière, nous pouvons en déduire qu'elle n'a effectivement pas fait semblant. Elle a tout sacrifié et les dieux de la boxe lui ont donné raison. 13 victoires en 16 combats, ce poids plume a obtenu des résultats en béton et a conquis le titre mondial pour ne plus jamais le céder.

Cette battante, originaire de Lima, a donc surpris le Pérou entier en se retirant de la boxe. Il faut dire qu'elle représentait déjà l'icône féminine du sport national. De plus, comme le dit la principale intéressée, Kina s'est retirée au moment où sa carrière culminait au top du top : « Il faut mieux se retirer lorsque vous êtes au top. Pour délivrer un combat, il faut être au maximum de ses possibilités car la boxe c'est un effort colossal. Malgré cela, ce fut difficile pour moi de prendre cette décision ».

Du ring au plateau télé

En annonçant sa retraite, prématurée pour tous les fans de la championne, Kina Malpartida participe peut-être à la construction d'une légende autour d'elle. Elle aura tout autant laissé un goût d'achevé avec ses victoires qu'une saveur amère avec celles qui restaient à conquérir.

Pourquoi ce choix ? Il semble que la crise de la quarantaine ait frappé la boxeuse beaucoup plus tôt que prévu. Résultat, Kina pense à son avenir et sait que l'uppercut n'est pas rentable à long terme.

Reconversion ? Oui. Abandon définitif de son premier amour ? Non : « Les portes restent ouvertes. Peut-être que plus tard, je reprendrais le chemin du ring, mais pour le moment, je cherche de nouvelles options de vie ». Une vie plus sage ? Ou peut-être aussi la responsabilité d'une famille future ? Les pronostics sont de mise. En attendant, la sportive péruvienne est plus maline que les autres et a déjà trouvé un nid douillet. Celui de la télévision. Kina Malpartida est compétitrice dans l'émission péruvienne « Esto es guerra », le programme phare des jeunes basé sur des défis physiques ardus et des histoires d'amour entre les concurrents. La recette parfaite. Kina a sans doute décidé de se consacrer à 100 % au petit écran. 

Usée par les rings ?

Kina Malpartida possède un physique impressionnant et une volonté exemplaire pour les jeunes péruviens confortablement lotis dans leur canapé. Elle paraît imperméable aux coups et aux critiques mais sous ses muscles, se cache une certaine faiblesse. A tel point qu'elle semblait fatiguée et usée par la boxe : « La boxe est une carrière qui génère des sacrifices. Cela fut compliqué pour moi de combattre et comme je n'avais pas de manager, de promouvoir également mes combats et trouver des sponsors ».

Alors qu'elle semble petit à petit dire adieu à la boxe et à son titre mondial valeureusement défendu, la championne renonce avec un ton soulagé. Elle ne tenait plus le rythme qui est celui de devoir combattre et trouver les fonds nécessaires à sa survie. Grâce au programme de télévision qu'elle a incorporé, Kina va pouvoir poursuivre de nouveaux défis athlétiques tout en assurant un salaire fixe plus simplement.

Le destin de la « dynamite » de Lima est peu commun. A l'image de certains combats achevés au dernier round par décision des juges, son parcours fut jonché d'obstacles. Mais du haut de ses 33 ans et avec quelques dents en moins, Kina Malpartida symbolise la combativité et la force de caractère que tout sportif en herbe ou adolescent démotivé devrait suivre comme modèle de vie. Ce n'est pas un destin brisé mais au contraire un destin contrôlé. Que certains sportifs en prennent de la graine...