L’Europe hésitante sur la libéralisation des visas pour la Russie

Terry Burte
9 Novembre 2012


Les commissaires européens aux affaires intérieures et chargées du tourisme ont tenu une conférence de presse mettant en lumière des positions divergentes sur la libéralisation du régime des visas à destination de la Russie.


Le 7 novembre dernier, les commissaires européens chargés du tourisme et des affaires intérieures ont tenu une conférence de presse commune abordant le thème de la libéralisation du régime des visas à destination de la Russie et de la Chine. Antonio Tajani et Cecilia Malmström,  respectivement commissaire aux industries et à l’entreprenariat et commissaire aux affaires intérieures, ont affiché leurs positions divergentes sur une éventuelle suppression des visas pour entrer dans l’espace Schengen, composé des pays membres de l’Union Européenne, plus la Suisse et la Norvège. Antonio Tajani en charge également du tourisme a ouvertement exprimé la volonté de faciliter l’obtention des visas aux nombreux ressortissants russes et chinois dont les dépenses dopent l’industrie du tourisme européen.

Cette industrie représente à elle seule 18,8 millions d’emplois pour l’Union Européenne et l’on peut estimer que les dépenses des touristes au sein de l’Union vont atteindre en 2012 le chiffre impressionnant de 547 milliards de dollars. D’où la volonté affichée de M. Tajani de « viser la classe moyenne russe et chinoise qui veut voyager ». Selon le commissaire, si l’Union Européenne veut rester la première destination touristique du monde, un régime de visas plus favorable aux ressortissants de la Russie et de la Chine doit être établi. Il plaide même pour une suppression la nécessité d’obtenir un visa pour la Russie.

Telle ne semble pas être la position de la commissaire aux affaires intérieures. Mme Malmström a exprimé sa réserve sur l’abolissement du régime des visas à destination de la Russie  en arguant qu’il sera extrêmement complexe d’arriver à un accord sur le sujet entre les Etats membres de la zone Schengen. En effet, les ministres de l’intérieur de l’espace Schengen préfèrent maintenir une clause de sauvegarde, qui permettrait de rétablir le régime des visas en cas de besoin.

Depuis le 20e sommet Russie-Union Européenne en octobre 2007, la Russie semble avoir rempli la majeure partie des conditions ouvrant à la suppression du régime des visas. Cette suppression est essentielle, comme l’a rappelé Vladimir Poutine le 25 octobre dernier, pour l’amélioration des relations bilatérales UE-Russie. Le maitre du Kremlin a en effet pour horizon les Jeux Olympiques de Sotchi, à l’occasion desquels la Russie pourrait tirer une image positive de cette libéralisation. La balle est plus que jamais dans le camp des européens.