La marijuana légalisée aux Etats-Unis

Clotilde Lerévérend
22 Novembre 2012


Alors qu'en France le cannabis est toujours illégal, aux États-Unis la marie-jeanne est autorisée à des fins thérapeutiques depuis quelques années. Le Colorado en tête, plusieurs États des 51 ont décidé de légaliser la drogue à des fins « récréatives ».


Le mardi 6 novembre 2012, l'État du Colorado a voté la légalisation de la marijuana à des fins récréatives. La possession et la vente de cette drogue pour cette utilisation spécifique sont donc légales par 52.7% contre 47.3% des votants. L'État de Washington a également « régulé » la consommation de cannabis. « Régulée » (et non « légalisée ») est l’expression consacrée par le service communication des pro-cannabis afin de ne pas faire fuir l'électeur frileux.


L’Oregon, un État pourtant réputé progressiste, était lui aussi sur la liste des paradis potentiels du « joint », pourtant la loi n'est pas passée. L'État d'Oregon n'avait en fait fixé aucune limite de quantité dans sa loi. Cette approche plus que libertaire a certainement contribué à son refus. En effet les États où la loi a été acceptée ont fixé des règles précises. Dans le Colorado, le maximum autorisé est de 28 grammes de marijuana et six plantes à la maison. A Washington, il est de 28 grammes aussi, mais sans plantes. Il ne sera nulle part permis de fumer des joints en public.


Néanmoins, on peut relever que l'Arkansas et le Montana se sont parallèlement prononcés sur la légalisation de la marijuana mais seulement à des fins médicales. Le premier l'a rejetée, le second l'a adoptée. Pourtant, la prescription ou la recommandation de marijuana est déjà autorisée dans 13 États, et ce depuis le début des années 90.


Ces lois nouvellement votées ne sont cependant pas sans intérêt politique. En effet, dans le Colorado les taxes devraient rapporter environ 40 millions par an et seront utilisées dans le secteur éducatif. L'idée est de taxer les ventes d'herbe et de redistribuer cet argent dans des projets publics, comme la construction d'écoles, la santé et même la prévention de la toxicomanie.


Le contrôle de cette drogue permettra finalement d'éviter toutes les dérives qui y sont liées, notamment parce qu'elle durcit la loi sur la conduite sous l'influence du cannabis –le seuil est placé à cinq nanogrammes de THC (tétrahydrocannabinol) par millilitre de sang. Cette loi pourrait également permettre une baisse de l'importance des cartels en Amérique du Sud qui empochent des milliards de dollars par an. Enfin, cela permettra aussi de protéger d'une certaine façon les consommateurs, notamment en leur fournissant de la drogue de bonne qualité, puisque non coupée avec d'autres produits. En ces temps de crise, grâce aux dollars injectés dans les fonds de l’État américain (plutôt que dans des cartels), ces mesures pourraient être vues d’un bon œil.