Le Cameroun à l’ère des sénatoriales

19 Avril 2013


Le 14 avril, les conseillers municipaux se sont rendus aux urnes afin d'élire des sénateurs. Les Camerounais attendaient cela depuis 1996.


Plus de 10 000 conseillers municipaux, sur les 10 636 élus en 2007, ont voté dimanche dernier dans 58 départements. Ils élisaient les 70 futurs sénateurs. Ces derniers représenteront les dix collectivités territoriales que compte le Cameroun. Leur mandat sera de cinq ans. Le chef de l’Etat devra nommer les 30 autres sénateurs. Les partis politiques en compétition étaient constitués du RDPC, parti au pouvoir, et de trois partis d’opposition (UNDP, le SDF et l’UDC). Le taux de participation a été de 98,7 %.

Globalement, le scrutin s’est déroulé sans heurts, troubles ou irrégularités. L’Union Africaine a même, par la voix d'Edem Kodjo, ancien Premier ministre du Togo et chef de la délégation de 36 observateurs de l’UA, félicité le bon déroulement du scrutin. Toutefois, le SDF (Social Democratic Front), principal parti de l’opposition, n’a pas été satisfait de l’élection et a exigé, auprès de la Cour Suprême officiant en lieu et place du Conseil Constitutionnel, un recours en annulation des opérations électorales sénatoriales dans la région du Nord-Ouest, son fief politique. Le parti de Ni John Fru Ndi reproche à Elecam (organe chargé de l’organisation des élections au Cameroun) d’avoir publié la liste des Grands Électeurs du département de la Momo par commune et non pas par ordre alphabétique comme cela devrait se faire. Il dénonce aussi la procuration d’un des Grands Électeurs du RDPC qui résiderait non pas au Cameroun, mais en France.

Quoi qu’il en soit, le RDPC pourrait remporter le scrutin dans sept régions sur dix, et ce, sans difficulté. Cependant, le doute demeure dans la région du nord-ouest où il est au coude-à-coude avec le SDF. Du reste, les résultats définitifs seront proclamés officiellement par la Cour suprême au plus tard le 29 avril 2013.


Les enjeux

L’enjeu de ce premier scrutin sénatorial de l’histoire du Cameroun n’est pas dans la conquête des sièges du futur Sénat, mais dans la succession de Paul Biya qui règne à la tête du Cameroun depuis 1982. L'article 6 alinéa 4 de la Constitution de 1996 (Loi n° 96-06 du 18 janvier 1996 portant sur la révision de la constitution du 2 juin 1972), stipule qu'en cas de vacances de la Présidence de la République pour cause de décès, de démission ou d’empêchement définitif constatés par le Conseil constitutionnel, « l’intérim du président de la République est exercé de plein droit, jusqu'à l’élection du nouveau Président de la République, par le président du Sénat, et si ce dernier est, à son tour, empêché, par son suppléant, suivant l’ordre de préséance du Sénat ».

Ainsi, avec les élections sénatoriales qui viennent de se tenir, cette disposition constitutionnelle entre en vigueur 17 ans après son institution. On pourrait donc croire que Paul Biya serait en train de préparer sa succession, le véritable but de cette élection étant d'espérer être le futur président du Sénat, soit le futur successeur de l’actuel chef de l’État camerounais.




Correspondant à Douala, au Cameroun, pour Le Journal International. En savoir plus sur cet auteur