Le Canada et les États-Unis main dans la main sur les questions d'immigration

17 Décembre 2012


Avec la signature d'un accord sur l'échange de renseignements en matière d'immigration avec les États-Unis et le dévoilement de liste des «pays sécuritaires», le Canada revoit sévèrement sa politique d'immigration.


Le Canada est depuis toujours salué comme étant l'un des pays les plus accueillants au monde pour les immigrés et les demandeurs d'asile. Qualité de vie, emploi, opportunité d’investissement, accompagnement sont autant de bon point pour le pays. Reste que depuis quelques mois, le «modèle canadien» subit de nombreuses transformations dans le domaine de l'immigration. Le Canada est en passe de devenir beaucoup moins accueillant, donnant ouvertement la priorité à l'immigration «rentable» (avatar de « l'immigration choisie »).

Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, a affirmé vouloir mettre «fin au party». Pour ce faire, il multiplie les réformes visant au durcissement des conditions d'immigration malgré les fortes contestations de la part des organisations de défense des droits des personnes, et des partis d'opposition. Jason Kenney a dévoilé ce vendredi à Ottawa une liste de vingt-sept «pays sécuritaires», dont les ressortissants ne pourront plus demander l'asile au Canada. Cela en prévision du resserrement des règles entourant les demandes de statut de réfugié des demandeurs d'asile. À noter qu'il a le pouvoir de désigner lui-même les pays sécuritaires pour leurs ressortissants, sans qu'il n'ait besoin de consulter ni les membres du parlement ni de comité d'experts en droits de la personne.


L'on retrouve dans cette liste les États-Unis, la Croatie et 25 pays de l'Union européenne. Pour justifier la mesure, le ministre dénonce l'explosion de demandes frauduleuses ou injustifiées en provenance de la Hongrie, un pays jugé sûr et démocratique par Ottawa. Alors que les demandeurs hongrois sont en bonne partie des Roms. Une communauté qui subit de plein fouet les conséquences de la politique nationaliste du ministre-président conservateur Viktor Orbán.

Ce jeudi, une nouvelle étape semble avoir été franchie en terme de durcissement des politiques d'immigration canadiennes, le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, et l'ambassadeur américain au Canada, David Jacobson, ont paraphé un accord sur l'échange de renseignements en matière d'immigration, dans le cadre du « Plan d'action sur la sécurité et la compétitivité économique ». En somme, Canadiens et Américains peuvent désormais échanger de manière systématique les renseignements obtenus de ressortissants qui présentent une demande de visa ou de permis de séjour dans l'un des deux pays, qu'ils pourraient ensuite fournir à un autre pays afin de vérifier l'identité de cette personne.

Pour Jason Kenney, « un échange accru de renseignements sur les étrangers aura pour effet d’assurer la sûreté et la sécurité des Canadiens, du fait que nous serons plus à même d’empêcher d’emblée les terroristes, les criminels violents et les autres individus constituant une menace d’entrer au Canada ou aux Etats-Unis ».


Et même si Jason Kenney et l'ambassadeur américain au Canada, David Jacobson, ont assuré que les renseignements personnels seraient manipulés avec parcimonie de façon à respecter la vie privée, les préoccupations subsistent quant à la possibilité que des informations personnelles échangées aboutissent dans des pays qui n'ont pas pour réputation d'être des fervents défenseurs des droits de l'Homme, mettant ainsi en danger les demandeurs de visa ou des membres de leurs familles.

Les demandeurs de visa au Canada dont les informations biométriques seront partagées proviendront d'Afghanistan, d'Albanie, d'Algérie, du Bangladesh, de la Birmanie, du Cambodge, de la Colombie, de la République démocratique du Congo, de l'Égypte, de l'Érythrée, de Haïti, de l'Iran, de l'Irak, de la Jamaïque, de la Jordanie, du Laos, du Liban, du Nigeria, du Pakistan, de l'Autorité palestinienne, de l'Arabie saoudite, de la Somalie, du Sri Lanka, du Soudan, du Sud-Soudan, de la Syrie, de la Tunisie, du Vietnam et du Yémen.