Le catalan est-il toujours en danger?

Valentin Berthoux
3 Avril 2013


Le 26 mars dernier, la mairie de la capitale de l'île de Minorque, Mahon, a approuvé le changement de nom de la ville. Ce ne sera plus seulement "Maó" comme avant en catalan, mais aussi "Mahón" en castillan. Cela faisait plusieurs semaines que l'initiative du Partido Popular (droite) faisait débat. Le conseil municipal, grâce à la majorité du PP a pu voter ce changement.


Grafitti à Vilassar de Mar, Catalogne
Cela pourrait paraître anodin, mais la question de la place de la langue catalane est très importante dans l'ensemble des pays catalans, regroupant : la Communauté valencienne, les îles Baléares et la Catalogne Nord (situé en France autour de Perpignan). Ces régions ont une identité et un attachement à la langue catalane important pour une partie de la population. Le catalan est utilisé régulièrement par 46% de la population dans les îles Baléares, et 25% dans la Communauté valencienne.

Si la Generalitat de Catalogne met en place des politiques audacieuses du soutien de sa langue et que celle-ci est de plus en plus parlée en Catalogne, ce n'est pas le cas dans l'ensemble des pays catalans. Ces régions sont souvent exclues de ces politiques du fait de ne pas faire partie de la Catalogne elle-même.

En Espagne, la majorité des débats sur l'utilisation de cette langue se concentre dans ces régions. Celles-ci ont du mal à assumer leur identité catalane, et à chaque changement de majorité dans les gouvernements locaux, l'utilisation du catalan dans la vie publique est remise en cause. La dernière offensive contre son utilisation a été menée là aussi dans les Îles Baléares, où le PP a fait approuver une loi qui n'oblige plus les fonctionnaires à devoir parler catalan pour prétendre à des postes dans la fonction publique.

Pour la Plataforma per la Llengua, une ONG de promotion de la langue catalane, ces multiples réformes ne servent qu'à affaiblir l'utilisation de la langue. Elle dénonce des réformes qui sont en rupture avec la culture locale et sans aucune utilité justifiée.

La situation de la Catalogne Nord demeure encore plus inquiétante. Le catalan n'est parlé régulièrement dans le département des Pyrénées-Orientales que par 3,5% de la population. Historiquement, l'usage du catalan a été réduit à néant par les différentes politiques de francisation menées par le gouvernement français depuis le 18ème siècle. La langue n'a pas de réel statut officiel puisqu'elle n'est reconnue que par la région et la majorité de l'éducation est donnée en français. Dernier coup dur contre le catalan côté français : la France ne ratifiera pas la charte européenne des langues régionales. C'était pourtant une promesse de campagne de François Hollande. Sous prétexte d'incompatibilité avec les valeurs républicaines et de menace sur l'indivisibilité de la nation, la France a toujours hésité à ratifier ce texte.