Oxford et Cambridge : les étudiants de Londres et du sud-est privilégiés?

Justine Cohendet
18 Juin 2013


Une récente étude menée par le Guardian montre que les étudiants de Londres et du Sud-Est de l’Angleterre sont surreprésentés dans les deux prestigieuses universités que les Britanniques surnomment « Oxbridge ». Pour Dan Hully, ancien étudiant de l’Université de Durham, venir d’une école publique peut aussi constituer un obstacle.


Que l’on vienne du nord ou du sud du Royaume-Uni, les chances d’intégrer les meilleures uiversités ne sont pas les mêmes. Les deux établissements les plus prestigieux, Oxford et Cambridge, sont nettement dominés par des étudiants provenant de Londres ou du sud-est de l’Angleterre. Le comté de Surrey, situé au sud de Londres, a ainsi envoyé l’an dernier presque autant de candidats pour intégrer Oxbridge que le pays de Galles et le nord-est de l’Angleterre réunis. 868 demandes ont été reçues du comté de Surrey, et seulement 1 187 demandes du Pays de Galles et du nord-est. L’étude menée par le Guardian précise que ces deux dernières régions comptent, pour une même classe d’âge, 100 000 jeunes supplémentaires. 

Moins de demandes et donc moins d’admissions pour les étudiants du nord. En 2012, trois districts londoniens, Richmond upon Thames, Kensington-Chelsea, et la City, ont envoyé plus de 25 étudiants sur 1000, âgés entre 16 et 17 ans, à Oxbridge, tandis que seuls 2,5 étudiants sur 1000 du nord-est et du Pays de Galles ont intégré les deux prestigieuses universités. 

Un problème didactique, plus que géographique

Pourquoi certaines régions sont-elles sous-représentées à Oxbridge ? Pour le Guardian, cette sous-représentation pourrait venir d’une autocensure des jeunes eux-mêmes, notamment pour ceux qui ont été d’une école publique. Ceux-ci ne postuleraient pas dans des Universités qui leur paraîtraient inaccessibles. Mais cette explication permet-elle, à elle seule, de justifier l’immense écart qui sépare le sud du nord de l’Angleterre ? Dan Hully nuance ces propos. « Je viens d’une école publique, Cedars Upper School, j’ai postulé à Oxford. Cependant mon école m’avait conseillé de ne pas le faire, car cela demandait beaucoup de temps et d’effort, et ce malgré avoir obtenu quatre As au  A-level (l’équivalent du baccalauréat pour les Britanniques, ndlr). »
 
Critiquées pour leur manque de mixité sociale, les deux universités se défendent. Expliquant, notamment, que leur sélection se base sur le niveau scolaire et les capacités des postulants, et non sur leur lieu d’habitation ou la réputation de leur école.

Si l’on suit ce raisonnement, les jeunes Anglais du nord-est et du pays de Galles seraient moins qualifiés que leurs homologues du Sud. L’enquête du Guardian vient le confirmer. Elle montre, qu’à niveau d’étude équivalent, le nombre d’admis à Oxbridge est à peu près le même que l’on vienne du nord ou du dud. Cependant si l’on regarde les admissions en fonction d’une même classe d’âge, confondant titulaires et non-titulaires du « A-level », le nombre d’étudiants provenant du nord-est et du pays de Galles décroit sensiblement. Par exemple, sur la classe d’âge des 16-17 ans, on s’aperçoit que le comté Gateshead, situé au nord-est, n’a plus que 6 candidats sur 1000 jeunes, alors que le comté de Hampshire, situé au sud, en compte 18. Des chiffres qui laissent penser que les étudiants du nord quittent le supérieur plus tôt, ce qui pourrait expliquer leur faible proportion dans les universités d’Oxbridge.  
 
Pour Dan Hully, le problème n’est pas seulement géographique. « Il y a des personnes pauvres dans le sud de l’Angleterre, et de personnes riches dans le nord. La vraie division se créée entre ceux qui ont fait une private school ou une grammar school, et ceux qui sont allés dans une state school (école publique, aussi appelées comprehensive schools, ndlr). La plupart du temps les écoles privées passent un semestre entier à préparer leurs élèves à Oxbridge, alors que l’école publique dans laquelle je suis allée, m’a conseillé de ne pas postuler. »
 
Les universités anglaises ont plusieurs fois été sous le feu des critiques pour leur sous-représentation des élèves provenant d’écoles publiques et des jeunes issus de l’immigration. En 2009 déjà, le Guardian affirmait qu’aucune personne de couleur noire n’avait été admise dans un Collège d’Oxbridge.