PS4, Xbox One, Wii U : la guerre des trois aura bien lieu

24 Juin 2013


L'E3, le plus grand salon de jeux vidéo au monde, a fermé ses portes il y a tout juste une semaine. L'occasion de faire un premier bilan de la guerre des consoles nouvelle génération qui fait rage entre les trois principaux géants du secteur.


Crédits photo — Sergey Galyonkin
L'E3 c'est un peu comme le salon de l'auto : les principaux constructeurs viennent présenter leurs nouvelles machines et ce qu'elles ont sous le capot, chacun essayant de produire la plus forte impression ! Pas de voiture sur le salon cependant, l'E3 est le plus grand salon au monde... de jeux vidéo. Il se tient chaque année à Los Angeles, mais l'édition de cette année, qui a eu lieu la semaine dernière, était un peu particulière. Les constructeurs en ont profité pour officialiser les consoles nouvelle génération.
Trois grandes marques concurrentes se partagent principalement le marché très juteux des consoles de salon : l'américain Microsoft et les japonais Nintendo et Sony. La rivalité, cette année, a surtout lieu entre Sony et sa Playstation 4 et Microsoft et sa Xbox One, Nintendo ne boxant pas tout à fait dans la même catégorie.
Toujours un peu en avance, ou toujours un peu en retard c'est selon, la firme a déjà sorti en novembre dernier sa console nouvelle génération, la Wii U. A la traine au niveau des graphismes et de la pure puissance technique, Nintendo compense traditionnellement par une expérience de jeu novatrice, comme avec sa console Wii qui permettait de reproduire à l'écran les mouvements exécutés dans le salon. Si Nintendo a su trouver son public, plus jeune ou plus familial que ses concurrents, Sony et Microsoft s'affrontent tous deux sur le terrain de l'excellence technologique et se partagent les faveurs des « gamers ».

L'ère du tout connecté

Dans cette bataille, et avant même la sortie officielle des deux nouvelles consoles, prévues pour la fin d'année, Microsoft accumulait les mauvais points. Pratiquement semblables techniquement, Playstation 4 et Xbox One ont été départagées par d'autres critères. La firme américaine avait ainsi annoncé que sa nouvelle machine nécessiterait un accès permanent à internet pour pouvoir jouer, ou tout du moins une connexion quotidienne. Ce choix, surprenant, contesté, illustre la dématérialisation progressive du contenu vidéo ludique. Les jeux vidéo sont de plus en plus téléchargés, et plus seulement achetés en magasin. Ils nécessitent des mises à jour et proposent tout une partie de leur contenu à jouer en ligne. Ce phénomène, associé à la nécessité de lutter contre le piratage, a amené Microsoft à modifier sa politique en matière de revente ou de prêts. Jusque récemment, revendre ses jeux Xbox One semblait tenir d'un parcours du combattant où les adversaires sont incarnés par les numéros d'identifications, le peu de revendeurs agréés, et toujours la connexion internet obligatoire.

Un modèle de guerre commerciale

Devant le tollé provoqué par ces annonces de Microsoft, notamment sur internet, Sony a décidé de contre-attaquer. Nous assistons ainsi depuis plusieurs jours à un modèle de guerre commerciale, humoristique mais bien réelle. Ayant choisi de conserver les bons vieux disques pour sa PS4, Sony n'a pas manqué l'occasion de vanter la simplicité avec laquelle les joueurs pourront revendre ou prêter leurs jeux, tout en tournant en dérision la formule choisie par Microsoft. Une vidéo qui se présente comme un manuel d'instructions pour partager un jeu a ainsi été mise en ligne début juin. Le dit manuel ne comporte qu'une étape : « donner le jeu à un ami ». La rivalité a progressivement envahit la toile, les internautes devenant adeptes du « Xbox One bashing ». Si cette guéguerre semble bon enfant, les enjeux commerciaux sont d'importance. En ce qui concerne les précommandes, La PS4 est en effet repassée devant la Xbox One, boostée par les annonces de Sony et par son prix de vente bien inférieur (399 euros contre 499 euros). Les cent euros de différence s’expliquent entre autres par le fait que la nouvelle Xbox sera vendue d’office avec son nouveau capteur Kinect. Le Playstation Eye, produit ayant une ambition équivalente au Kinnect et propre à Sony, sera quant à lui vendu à part pour 49 euros, soit toujours moins cher que la Xbox One.

Revirement de Microsoft

Si le passé était de rigueur pour décrire la stratégie de Micosoft, c’est parce qu’un coup de théâtre est venu rééquilibrer le conflit. La firme américaine a en effet annoncé, une semaine après l’E3, qu’elle renonçait à la connexion obligatoire pour sa Xbox et à toute limitation pour la revente des jeux vidéo. Si cette annonce remet les deux machines sur un pied d’égalité, il ne faut pas oublier que les concepteurs des jeux ont eux-mêmes la possibilité de bloquer leurs créations pour en empêcher la revente ou le prêt, ou encore de privilégier les contenus dématérialisés pour lesquels aucune solution de revente n’existe. Le marché de l’occasion, déjà en difficulté, n’est donc pas au bout de ses peines.
Il y a fort à parier que ces créateurs de jeux vidéo joueront un grand rôle de cette rivalité. Ils ont toujours plébiscité les outils de développements proposés par Microsoft et ce n’est sans doute pas un hasard si la Xbox One affiche pour le moment une liste de jeux exclusifs plus fournie que sa concurrente nippone.
Il ne faudrait pas non plus oublier la Wii U, toujours en retrait mais dont le démarrage en novembre a été tout à fait honorable. Si Sony et Microsoft se disputent la palme de la meilleure console nouvelle génération, il n'est pas inutile de préciser que le online de la PS4 et de la Xbox One sera payant, ce qui n'est pas le cas pour la console de Nintendo (qui est encore moins chère que ses concurrentes avec un prix de base à 269 euros). Cela commence à ressembler furieusement à la fable des deux lièvres et de la tortue.

Une rivalité qui ne date pas d'hier

Une telle rivalité s'explique par l'importance du marché du jeu vidéo. On estime qu'entre 30 et 35 millions de consoles se vendent chaque année dans le monde, et ces chiffres devraient dépasser les 40, voire les 50 millions avec l'arrivée des consoles de nouvelle génération. Un filon donc.
L'affrontement actuel entre les trois géants du marché date d'une quinzaine d'année environ. En 1994, Sony sortait la première Playstation. Deux ans plus tard, Nintendo répliquait avec la Nintendo 64. Sony est le large vainqueur de cette manche puisque la Playstation s'est écoulée à environ 104 millions d'exemplaires (contre 33 millions pour la Nintendo 64). Toujours un peu en avance, la Playstation 2 sort en l'an 2000 et est rejointe en 2001 par la Game Cube de Nintendo et la Xbox de Microsoft, qui entre dans la danse. Là encore, Sony s'impose (environ 157 millions de PS2 vendues contre 22 millions de Game Cube et 25 millions de Xbox). En 2006, c'est Nintendo qui prend les devants en sortant son innovante console Wii, avant d'être rejoint la même année par la Playstation 3 et la Xbox 360. Cette fois, Nintendo détient pour le moment le trophée avec 99 millions d’unités écoulées, ses concurrents faisant jeu égal avec 77 millions de consoles vendues chacun.* Parallèlement, Nintendo est le leader incontesté du marché des consoles portables avec sa DS et sa 3DS. Inutile de dire que la quatrième manche s'annonce très disputée.

* données issues du site VGchartz



Auteur à deux têtes, métaphoriquement schizophrène : Pierre est aspirant journaliste, Pierrot… En savoir plus sur cet auteur