Pourquoi certains films sont-ils considérés comme “incontournables” ?

16 Octobre 2014


On entend souvent parler de “classiques” et de films “cultes”. Ce sont les mêmes noms qui reviennent et pour les cinéphiles il est inacceptable de ne pas les avoir vus. Mais qu’est-ce qui fait que ces films ont marqué tant de générations au long des décennies tandis que tellement d’autres ont été oubliés ?


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Lors du Festival Lumière, la plupart des films projetés ne sont pas récents : l’essence du festival est de rendre hommage au cinéma et à ses débuts. Ainsi, la présence du petit-fils des frères Lumière est de mise, et des grands noms du cinéma français - tels que Michel Hazanavicius, Jean-Pierre Jeunet ou Bertrand Tavernier - et international - Keanu Reeves, Penelope Cruz, Faye Dunaway et bien évidemment, Pedro Almodovar - sont à l’affiche. Des hommages sont fait aux grands noms du cinéma, et les séances sont affichées complètes pour des films considérés comme intemporels. Entre ceux qui sont présents pour se remémorer la ressorties de ces films, et les jeunes curieux de pouvoir assister à une séance unique au cinéma, la volonté de célébrer le cinéma se fait ressentir, quel que soit l'âge. 

Les classiques : un idéal à atteindre

Il est toujours délicat de parler de classiques : comme pour les goûts, chaque personne a son opinion et pour chacun, certains films ont plus marqué que d’autres. Les “classiques” dépendent beaucoup de l’époque à laquelle on a vécu et tout simplement de ce que notre entourage considère comme classique. Mais certains films dont le nom est connu par tout le monde - et l’histoire connue sur le bout des doigts par les cinéphiles - sont indéniablement des films considérés comme modèles. 

Ces films a souvent pour point commun de faire rêver. En effet, ils présentent souvent des aspects de la vie que l’on aimerait voir se réaliser. C’est ainsi pourquoi La vie est belle de Frank Capra (1946) a marqué les esprits. Ce film incarne l'American Dream, idée selon laquelle il ne faut jamais perdre espoir et que, aux États-Unis, tout est possible. Malgré qu’il n’ait pas eu beaucoup de succès au début, face à un public d’après-guerre pessimiste, il est petit à petit devenu un film aimé de tous, et diffusé encore de nos jours aux États-Unis à Noël. Un autre film qui est toujours régulièrement diffusé : Bonnie and Clyde d'Arthur Penn (1967). Il est radicalement différent du premier, puisqu’il se base sur des personnages qui “braquent des banques en série”. Les personnages principaux nous sont donc dépeints  comme des héros, ce qui est très fortement controversé, mais va aussi marquer toute une génération. Dans ce film, c’est le caractère rebelle et libre des personnages qui va donner envie aux jeunes d’aspirer à une vie identique - d’où la polémique que le film a créée. 

Image extraite du film Bonnie and Clyde d’Arthur Penn avec Faye Dunaway et Warren Beatty (1967).
Enfin, si on prend un dernier exemple de film marquant, Le Bon, la brute et le truand de Sergio Leone (1966) est à mi-chemin entre le classique et  le film culte. Il peut être considéré comme un film classique par le fait qu’il ait eu un grand succès auprès de la majorité des personnes et qu’il n’ait pas été le premier de son genre, mais un des plus utilisés en matière de références. Ce film étant le plus connu de Sergio Leone, il est apprécié pour l’époque qu'il retrace - la guerre de Sécession - la réalité de la situation historique, la violence, les acteurs, etc. C’est un film qui a été une source d’inspiration pour beaucoup d’autres, et qui est, de nos jours, parmi les meilleurs westerns ayant été produits. Ces films, par les différentes morales qu’ils transmettent - dont l’espoir, l’amour, la liberté, la bravoure - donnent envie d’aspirer au style de vie ou aux qualités qu’ont les personnages principaux, montrés comme réalistes par les défauts qu’ils peuvent avoir et  les  actes irréparables qu’ils peuvent commettre - suicide, vols, meurtres. 

Les films cultes : des innovations controversées

Trois films se sont détachés des autres, diffusés lors du Festival : Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (1974), Rambo de Ted Kotcheff (1982) et Ghostbusters d’Ivan Reitman (1984). Ils ont été classés dans la catégorie des “films cultes” puisque bien qu’ils aient marqué l’esprit de tout le monde, comme ont pu le faire les films classiques, ceux-ci sont souvent controversés et sont reconnus pour leur base de fans incomparable.

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Massacre à la tronçonneuse a été inspiré par certains faits réels, provenant notamment de Ed Gein, qui avait exhumé des cadavres dans un cimetière en 1957. C’est ainsi que le début du film - et Tobe Hooper - en profite pour annoncer que celui-ci est basé sur des faits réels afin d’attirer un plus grand public et créer plus de controverse. Ce film a été l’initiateur des slashers, films marqués par un psychopathe qui chasse un groupe de personnes pour les tuer. Il est considéré comme un des meilleurs films d’horreur de tous les temps, ce qui peut être expliqué d’une part par l’innovation de son histoire et la façon de filmer - qui pourrait presque faire penser à un faux documentaire - et d’autre part par son presque réalisme qui lui est attribué, avec des passages parfois drôles et surtout, du fait que l’ennemi peut être n’importe qui. Les scènes violentes, le poids psychologique que le film porte et surtout, les scénarios macabres font que ce film a été interdit pendant 8 ans en France et 15 ans au Royaume-Uni, et qu’il est encore interdit aux moins de 16 ans de nos jours. 

De la même façon, Rambo peut être vu comme trop violent et a pu être mal accepté du fait que les américains avaient du mal à faire face aux problèmes que la guerre a pu créer. En effet, le film montre à quel point la guerre peut détruire une personne psychologiquement, et à quel point la réinsertion est difficile une fois la guerre finie. Le film a donc pu créer un sentiment de culpabilité du peuple américain, qui préférait fermer les yeux sur ce problème. Il reste tout de même un film culte de par sa moralité, comme pour les films classiques : le personnage principal est courageux et veut venger la mort d’un de ses amis ; mais aussi par son réalisme psychologique vis-à-vis des héros de guerre. Enfin, dans un registre radicalement différent, Ghostbusters nous délivre une comédie de science-fiction qui reste une des références du genre cinématographique. L’innovation a été de mélanger les deux genres et le résultat fut exceptionnel : contrairement aux autres films, l’audience a été beaucoup moins partagée. De plus, les très bons effets spéciaux pour l’époque, la chanson - qui est encore connue de nos jours, même par ceux n’ayant pas vu le film - et les surprises successives que peut nous apporter le film, étant très peu prévisible, lui ont apporté de lui un succès plus grand que celui de Gremlins de Joe Dante ou Indiana Jones et le temple maudit de Steven Spielberg.

Ces films ne sont que quelques exemples, non-exhaustifs, de ceux ayant marqué les esprits. Ce sont de véritables référencés et ils sont souvent encore diffusés à la télévision. Ils sont souvent pris en exemple et considérés comme des films obligatoires pour les cinéphiles. C’est donc dans cet esprit que le Festival Lumière nous les met à disposition, pour qu’on puisse être transportés à la première diffusion de ces films dans les salles de cinéma, quelle que soit l’époque. 



Arrivée en France il y a quatre ans, j'ai entamé des études de Science-Politique. Les relations… En savoir plus sur cet auteur