Zambie : des élections anticipées

20 Janvier 2015


Aujourd’hui se sont tenues les élections présidentielles exceptionnelles en Zambie. Suite à la mort de Michael Sata, le leader du Front Patriotique peine à s’imposer en tant que remplaçant. Retour sur la situation du pays.


Crédits afriqueinside.com
Comme tout pays ayant été colonisé en Afrique, la Zambie est maison de nombreuses ethnies. En vue de garder l’unité nationale, l’anglais est resté la langue officielle suite à l’indépendance en 1964. La même année, le United National Independence Party prend pouvoir et Kenneth Kaunda devient le premier président de la République. Il garde ce poste sous un régime autoritaire jusqu’en 1991, quand, suite à de nombreuses révoltes une année plus tôt, il décide de ré-instaurer un régime multi-partidaire. 

Depuis, les élections se sont déroulées dans les temps prévus, malgré des élections anticipées en 2008 suite à la mort du Président Levy Mwanawasa — leader du Movement for Multiparty Democracy (MMP), parti d’opposition dans les années 1990. Les élections d’aujourd’hui ont eu lieu suite à une situation similaire. En effet, Michael Sata, leader du Front patriotique, élu en 2011, est décédé le 28 octobre 2014.

L’économie Zambienne : la clef des élections

L’économie de Zambie se base en très grande partie sur le cuivre — il compose 85% des exportations. Depuis les années 2000, la pays a davantage exploité ses ressources, ce qui leur a permis d’avoir une économie légèrement en croissance. C’est dans cette optique que la Chine est devenue un des principaux investisseurs en Zambie — comme dans beaucoup d’autres pays d’Afrique —, ce qui est devenu un enjeu pour les élections. 

Il est aussi important de tenir compte de l’importance de l’agriculture dans le pays puisqu’en 2000, elle représentait 85% des emplois dans le pays. 

Cependant, le gouvernement s’est beaucoup endetté au fil des années, et l’instabilité du cours de la monnaie provoque de fortes augmentations de la dette. Ceci provoque davantage d’investissements extérieurs, du chômage à 20% et une confusion de la part des citoyens face aux élections. Le parti qui était au pouvoir, le Front patriotique, a gouverné pendant 3 ans. De nos jours, certains de leurs électeurs se posent des questions sur leur capacité à remonter la situation du pays.

Un seul tour d'élections

En Zambie, les élections présidentielles se font en un seul tour. Ainsi, il y a 11 partis politiques qui s’affrontent pour ces élections,. Quatre principaux candidats en ressortent : Edgar Lungu, à la tête du Front Patriotique — parti social-démocrate —, et qui succèderait à l’ancien Président ; Hakainde Hichilema, représentant du United Party for National Development — parti politique libéral, qui avait baissé dans les sondages depuis quelques années ; Edith Nawakwi avec le Forum for Democracy and Development, parti qui a fait scission du MMD ; et enfin, Nevers Mumba, à la tête de ce dernier. 

Malgré le recul dans les élections de l’UPND, Hakainde Hichilema est le principal concurrent d'Edgar Lungu. En effet, il se montre comme la différence dont le pays a besoin. Étant économiste de profession, il donne l’image d’un candidat avec des qualités de leadership. Il veut aussi décentraliser le pouvoir sur les provinces, et joue beaucoup sur l’économie en termes de salaire minimum et de chômage. Ainsi, il essaie de s’opposer en tous points au FP, à propos duquel beaucoup d’électeurs émettent un doute.

À la différence des élections présidentielles normales en Zambie, celles-ci se distinguent sur deux points : tout d’abord, suite à deux décès de présidents pendant leurs mandats, il a été imposé aux candidats des consultations médicales, une première dans le pays. De plus, le dernier président a pris sa fonction en 2011. Celle-ci devrait se terminer en 2016, puisque les mandats en Zambie durent 5 ans. Cependant, le candidat prenant sa place n’aura qu’une fonction de “remplacement” puisqu’il ne sera élu que jusqu’en 2016. En effet, des élections auront lieu durant l’année comme il était prévu. 

Une élection agitée

La Zambie a un passé de violences durant les campagnes, et cette fois n’a pas fait exception. En effet, un hélicoptère transportant des membres de l’UPND a été attaqué. Hichilema a fait un appel contre cette violence, en disant que celle-ci délégitime les élections et que cela pouvait mettre son parti et les autres en désavantage face au parti gouvernant. De plus, la Commission électorale zambienne a décidé, cette année, de publier les résultats en ligne. Il y a donc, selon lui, un risque de manipulation des données. 

Pour essayer de contrer non seulement les problèmes déjà présents, mais aussi les possibles problèmes à venir (manipulation des votes, corruption…) cette Commission a mis en place un système par lequel les électeurs peuvent se manifester en cas de problème. En effet, il est possible d’envoyer un message gratuitement à un numéro ou encore d'utiliser sur twitter l’hashtag #Zvotes. 

Malgré le possible changement de bord du gouvernement, dans moins de deux ans, les électeurs pourront une fois de plus choisir leur Président, ce qui leur donne la possibilité de prendre des risques.



Arrivée en France il y a quatre ans, j'ai entamé des études de Science-Politique. Les relations… En savoir plus sur cet auteur