Affaire Puerto : la nouvelle Inquisition

30 Avril 2013



L’affaire Puerto, un scandale de dopage révélé à la veille du Tour 2006, impliquant le docteur Eufemiano Fuentes et de nombreux sportifs dont le Barça et Rafael Nadal, devrait connaître son épilogue aujourd'hui.


Crédits : Reporters / Panoramic
Crédits : Reporters / Panoramic
De nombreux sports et plusieurs dizaines de sportifs seraient impliqués. La Guardia Civil a saisi en mai 2006 plus de 200 poches de sang détenues par le docteur Fuentes. Ces poches portent chacune un code correspondant à un patient, dans ce cas un sportif.

Après de nombreuses années d’enquête, l’audition s’est déroulé dans un climat tendu et perturbé par les révélations de l’USADA sur le système de dopage mis en place par Armstrong, entre 1999 et 2009 et les nombreuses aveux de sportifs. Il est reproché à Fuentes d’avoir mis en danger la santé des coueurs.

Tyler Hamiltion, un de ses patients, dopé repenti a porté un témoignage accablant. Le coureur a révélé avoir cru mourir quand son urine est devenu noire, peu après une transfusion. Son témoignage rejoint celui Jorge Manzano, ancien coureur espagnol, qui a accusé Fuentes de l’avoir fourni en sang frelaté. D’autres coureurs dont Jorge Jakshe ont aussi témoigné contre le docteur Fuentes.

Une potentielle bombe à retardement

Derrière ces considérations d’ordre sanitaire, le monde du sport dans son ensemble prêtait un grand intérêt au procès. Le nombre de poches de sang non identifié a permis de nombreux fantasmes. Durant l’enquête, des sources diverses ont annoncé la présence, parmi les clients du médecin, de sportifs connus.

Parmi eux, l’équipe espagnole de football, le FC Barcelone et le Real Madrid, les deux principaux clubs espagnols, le tennisman Rafael Nadal, le cycliste Alberto Contador, auraient eu recours au docteur Fuentes pour améliorer leurs performances. Le principal instigateur du réseau de dopage affirme être prêt à donner des noms. Cependant, la justice espagnole n’a pas souhaité les connaître, au grand dam de l’opinion publique, des médias et des institutions sportives.

Cette décision provoque notamment la colère du Comité olympique italien (CONI), de la voix de son avocat : « Nous voulons les preuves matérielles de cette affaire. Elles existent. Mais la juge refuse que nous puissions y accéder.n Elle a refusé toutes nos demandes : l’accès aux poches de sang, l’analyse des données – pourtant essentielles – contenues dans l’ordinateur de Fuentes ». L’instance souhaite la divulgation des noms puisque bon nombre de cyclistes italiens tels Ivan Basso ou Michele Scarponi sont impliqués dans l’affaire.

Par ailleurs, au-delà de la décision de la juge de ne pas pousser plus avant l’enquête, sur les 227 poches de sang saisies par la Guardia Civil, 51 sont ont disparu. Ces faits laissent planer le doute sur la réelle volonté de la justice de lever toute la lumière sur cette affaire.

Le sport, une affaire d'Etat

Devant l’absence d’investigation poussée de la justice espagnole, Ludovic Lestrelin, sociologue du sport à l’université de Caen, résume la situation : « Ce qui est passionnant, c’est l’omerta qui entoure cette affaire. Le principal protagoniste déclare qu’il offrait ses services à des sportifs et qu’il est prêt à dire leurs noms, et en face, on a quelqu’un qui ne cherche pas à en savoir plus et reste dans les clous, n’ose pas venir vers lui. »

En vérité, il semble que l’Espagne préfère rester aveugle aux soupçons qui pèsent sur ses champions. Depuis la mise en lumière du système Fuentes, le sport espagnol brille de mille feux. La Roja est la première équipe de l’histoire à réaliser l’incroyable triplé Euro-Mondial-Euro. Le FC Barcelone éblouit le monde de son football léché depuis 2008, Rafael Nadal demeure l’un des meilleurs joueurs actuels, Contador est le meilleur coureur de grands tours de sa génération.

Dans un pays où le taux de chômage a atteint plus de 26 % de la population active en février 2013, le sport reste un des derniers motifs de satisfaction. Attaquer les héros de la nation reviendrait à se priver de rares moments de fierté.
Ainsi, Zapatero n’avait pas hésité à intervenir pour défendre Contador lors de l’affaire du steak contaminé, en 2010. Affaire pour laquelle la culpabilité de l’Espagnol a ensuite été prouvée.

De plus, alors que la notion de nation est particulièrement diffuse en Espagne, la population encourage son équipe et permettrait de grands moments d’unité nationale. Le verdict du procès devrait être prononcé dans la journée.

Les conditions de pratique du docteur Fuentes ne sont pas le réel enjeu. Il s’agit désormais d’envisager une collaboration du docteur Fuentes pour éclairer les nombreux soupçons de dopage.

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1.Posté par Tito le 15/11/2013 09:06
Ils ont remporté chacun un maillot http://www.mfpascher.com/barcelone-c-1_47/

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