Afrique du Sud : le mouvement étudiant de Wits veut toucher « toute la société civile »

24 Septembre 2016




Rassemblement à l'université de Wits, le 19 septembre 2016. Crédit Romane Butin (capture vidéo)
Rassemblement à l'université de Wits, le 19 septembre 2016. Crédit Romane Butin (capture vidéo)

Après les violences de mardi et mercredi dernier où les étudiants se sont confrontés aux forces de l'ordre, les manifestations étudiantes de l'université de Wits sont redevenues pacifiques. Mercredi, quelques centaines d'étudiants ont décidé de manifester dans les rues du quartier de l'université, Braamfontein. Le but était de rallier les étudiants du Rosebank College situé en face de l'université, afin de montrer que leurs revendications dépassent le simple cadre de Wits. Cependant la manifestation illégale a dégénéré et deux étudiantes sont encore détenues au poste de police.


Suite à cet accès de violence et au manque d'organisation du Student Representative Council (SRC), celui-ci a mené une nouvelle réunion jeudi après-midi. Il en est ressorti la création de huit groupes de travail. Leurs tâches concernent à la fois la logistique, la communication, l'élaboration d'une idéologie claire, la mobilisation d'universitaires et travailleurs, la sécurité et enfin la recherche de fonds et de solutions afin de mettre en place une éducation gratuite, décolonisée et exempte de toute sous-traitance des moyens de sécurité envers des entreprises privées. L'objectif actuel va donc au-delà de la première lutte contre l'augmentation des frais de scolarité.


Les étudiants se sont regroupés à midi aujourd'hui pour mener une marche jusqu'à la plus grande et ancienne fédération de syndicats sud-africains, le Congress of South African Trade Unions (COSATU). Le symbole de la marche est fort, puisque la fédération syndicale a pris part au combat contre l'apartheid. Or depuis 1994, les promesses de l'African National Congress (ANC) n'ont pas été tenues. L'objectif est d'élargir le mouvement étudiant à toute la société civile sud-africaine qui est concernée par l'inégal accès à l'éducation selon la couleur de peau et le milieu social. Les noirs et la classe ouvrière sont les premiers touchés par ce problème. Ainsi après avoir obtenu un permis légal, la marche s'est déroulée pacifiquement. Les membres élus du SRC ont signé une déclaration statuant clairement leurs revendications. Les étudiants sont ensuite revenus à la Solomon Mahlangu House en présence du secrétaire général du COSATU, Zwelinzima Vavi. Il a exprimé son soutien envers le mouvement #FeesMustFall. Il a affirmé : « l'éducation doit être vue comme un droit humain de base. Personne ne doit nous dire que nous n'avons pas d'argent, l'argent est dépensé à cause de mauvaises priorités. Notre responsabilité en tant que parents est de marcher main dans la main avec vous pour changer le système ». Il a ensuite proposé devant les caméras qu'il faudrait se lancer dans une grève générale pour l'éducation gratuite.

Alors que le mouvement semblait déstructuré au début de la semaine, son évolution récente montre une volonté de continuer à plus large échelle. Les étudiants sont en train de contacter les autres universités afin d'unifier le mouvement. De plus, des universitaires de Wits et de l'université de Johannesburg ont appelé à se retrouver samedi pour trouver une solution au problème des frais de scolarité. Les parents, professeurs, étudiants, travailleurs sont tous appelés à venir y assister. Entre temps, Wits a décidé de suspendre les cours « jusqu'à prochaine annonce officielle » et affirme même « considérer la fermeture complète de l'université, incluant les résidences, dans l'intérêt de la sécurité du personnel, des étudiants et de l'établissement ». Étant donné que les étudiants demandent l'éducation gratuite « d'ici la fin de la semaine prochaine », le mouvement #FeesMustFall n'est pas près de s'arrêter.

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Correspondante à Johannesburg. En savoir plus sur cet auteur