Arabie Saoudite : l'Islam ou la mort

Clotilde Lerévérend
16 Mai 2013



En Arabie Saoudite, renoncer à la religion musulmane et se convertir à une autre religion est interdit et passible de la peine de mort. Cette pratique, l'apostasie est punie dans de nombreux pays musulmans malgré le relatif silence du Coran.


Photo : Lynsey Addario
Photo : Lynsey Addario
En juillet dernier, une affaire a fait grand bruit. Celle d’une Saoudienne employée dans une compagnie d’assurance qui, encouragée à se convertir au christianisme par un collègue libanais, s’est enfuie du pays avec l’aide d’un autre de ses collègues.

L’affaire a été relancée par le verdict rendu récemment par le tribunal de Khobar dans l’est de l’Arabie saoudite. Le tribunal a en effet condamné le Libanais l’ayant encouragé à se convertir à six ans de prison et à 300 coups de fouet. Le Saoudien l’ayant aidé à fuir l’Arabie saoudite a, quant à lui, été condamné à deux ans de prison et à 200 coups de fouet. Les Saoudiennes ne peuvent voyager à l’étranger librement, donc les deux hommes pourraient également être poursuivis pour l’avoir aidé à quitter son pays sans l’accord de sa famille.

Le royaume est ultraconservateur, il fait application d’une version rigoriste de l’islam dont la loi religieuse condamne l’apostasie.
Dans les textes sacrés, bien que condamnée moralement, aucune sanction terrestre n’est préconisée pour l’apostasie.
Ainsi diverses sourates du Coran évoquent l’apostasie, sans la condamner aussi sévèrement que la loi religieuse de l’Arabie Saoudite : « Et ceux parmi vous qui abjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. » Ou bien « en vérité, ceux qui ne croient plus après avoir eu la foi, et laissent augmenter encore leur mécréance, leur repentir ne sera jamais accepté. Ceux-là sont vraiment les égarés. »

C’est certainement cette différence entre le texte sacré et la loi religieuse qui explique que les tribunaux bénéficient d’une grande liberté quant à l’application de la loi religieuse et ne sont tenus ni par la jurisprudence ni par un code très précis.

Cette affaire étonne d’autant plus que le roi Abdallah, depuis son accession au trône en 2005, a mis en place des réformes, pourtant limitées. En effet, il a ouvert, l’an dernier, à Vienne, un centre pour la promotion du dialogue interreligieux, après avoir financé, en 2008, une conférence sur ce thème en Espagne.

Si de nombreux pays condamnent l’apostasie, l’Arabie Saoudite est le seul à la punir par la peine de mort. Ainsi en Iran, et sur la base de la charia non codifiée, des peines sont régulièrement prononcées, et servent souvent également à museler toute opposition politique intérieure au pouvoir des mollahs. En juin 2008, bien que l’Iran ait annoncé son intention de renoncer à inclure dans son projet de nouveau Code pénal l’apostasie comme crime, un pasteur chrétien d’Iran a été condamné sur cette base en 2010. De même en Libye le rejet de l’islam peut être sanctionné par la perte de la citoyenneté. On peut aussi observer d’autres sanctions telles que l’enfermement dans une institution psychiatrique (Égypte avec Gaser Mahomet Mahmoud), mais aussi l’emprisonnement ou encore la dissolution du mariage et le retrait de la tutelle sur les enfants.

Néanmoins, si peu de gouvernements appliquent la peine de mort, la société les suppléait. Certains musulmans très dévots se sentent obligés d’exécuter eux-mêmes ce châtiment suprême (Irak avec Ziwar Muhammad Isma'il). La première des sanctions et la plus automatique est l’ostracisation, la sanction « sociale »

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