Attentats d'Istanbul : un pro-Erdogan s'exprime

Shérazade Faynel
19 Janvier 2016



Rencontre avec un professeur turc qui a préféré rester anonyme. Âgé de 45 ans, il réside à İzmit, Kocaeli, à 90 kilomètres à l’est d’Istanbul. Lorsqu’on lui demande de se présenter, il se décrit comme Turc et musulman. Il dit essayer d’éduquer ses élèves pas seulement en leur apprenant sa matière, à savoir l’anglais, mais aussi en leur inculquant comment être « une bonne personne », un bon citoyen. Avec eux, il parle parfois de ce qui se passe au Moyen-Orient. « Quel est le but des terroristes ? », « Qu’est-ce qu’ils nous veulent vraiment ? » sont des exemples de questions posées pour amener la réflexion.


Crédit Kurdishstruggle / Flickr (CC BY)
Crédit Kurdishstruggle / Flickr (CC BY)

Le Journal International : mardi 12 janvier, un attentat revendiqué par Daech à l’ouest de la Turquie a visé des touristes, tandis que deux jours plus tard, jeudi 14 janvier, la police turque a été touchée par le PKK (Parti des travailleurs kurdes) dans le Sud-Est du pays. Ces différences sont-elles géopolitiques ?

Nous sommes le pays le plus puissant au Moyen-Orient. Tous nos voisins ont des problèmes politiques et économiques. Vous connaissez la situation en Syrie. Daech essaie de contrôler le territoire et tue des personnes innocentes. Le plus intéressant, c’est qu’ils insistent sur le fait qu’ils le font pour l'islam. Je ne crois pas qu’ils soient musulmans.

Le PKK est un groupe terroriste qui tue des gens innocents depuis trente ans dans le Sud-Est de la Turquie. Le PKK ne représente pas les Kurdes. En Turquie, nous ne faisons pas de différences entre les groupes ethniques. Les Turcs et les Kurdes sont frères et sœurs. Nous avons trente groupes ethniques et nous défendons la Turquie ensemble dans notre guerre. Nous respectons tous Mustafa Kemal Atatürk et ses révolutions. « Paix en Turquie, paix dans le monde » en fait partie et nous suivons notre beau leader.

JI : n’y a-t-il pas une répression des Kurdes en Turquie ?

Les Kurdes peuvent faire commerce dans n’importe quelle ville de Turquie. A n’importe quel niveau de notre République, nous avons des Kurdes. Nous avons des ministres kurdes et plus de 150 députés kurdes à l'Assemblée nationale, pas seulement du sud-est de la Turquie, mais dans différentes villes comme Istanbul, Ankara, Adana, etc. Les Kurdes ne forment pas une seconde classe. Donc que veut réellement le PKK ? Qui sont-ils ? Quels pays les défendent ? Ces questions sont vraiment importantes pour comprendre ce qu’il se passe en Turquie.

JI : ce que vous dites est surprenant… Nous avons été informés de massacres de la part du gouvernement turc sur les Kurdes. Des manifestants kurdes semblent avoir été violemment réprimés par la police. Des mobilisations ont lieu en France pour dénoncer ces répressions. N'est-ce pas la source de revendications de la part du PKK ?

Quand j’ai voyagé en Europe, beaucoup de mes amis m’ont posé la même question. Beaucoup de militants du PKK ont migré en Europe pour faire leur propagande. Ce ne sont pas des citoyens kurdes, mais des meurtriers et ils sont contrôlés par les ennemis de la République turque. La Turquie s’est rapidement développée depuis longtemps, mais le PKK veut empêcher cela. Le gouvernement a construit une usine dans le Sud-Est de la Turquie mais le PKK l’a fait exploser. Si les adolescents peuvent trouver du travail, ils ne pourront pas les emmener dans des camps dans les montagnes et en faire des militants. Ils insistent sur le fait qu’ils mènent une lutte pour la libération des Kurdes.

JI : le PKK semble participer dans la lutte contre Daech. Qu’en pensez-vous ?

Les deux sont des meurtriers. Ils utilisent des gens faibles et inéduqués pour atteindre leur but. Un meurtrier est un meurtrier, peu importe combien de personnes il tue. Il n’y a pas de différence entre eux.

JI : quelles pourraient être les solutions pour lutter contre le terrorisme qui touche la Turquie, mais bien d'autres pays encore ?

Notre pays mène une campagne contre les organisations terroristes en Turquie. Nous devons rester unis contre le terrorisme, pas seulement en Turquie, mais à travers le monde. Malheureusement, les pays européens se soudent seulement quand une attaque terroriste touche la France, l’Allemagne et d’autres encore. Je souhaite qu’ils soient honnêtes et qu’ils donnent la même réponse pour toutes les nations et toutes les religions. Nous respectons toutes les religions et toutes les nations, et souhaitons la même chose en retour. Musulman ne veut pas dire terroriste.

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