Cameroun : 10 millions d’euros de rançon pour libérer le père Vandenbeusch

David Wanedam, correspondant au Cameroun
7 Février 2014



Libéré le 30 décembre 2013, le père Georges Vandenbeusch a célébré ce dimanche 5 janvier la messe de l’Épiphanie à la cathédrale de Nanterre. On en sait désormais un peu plus sur la libération du prêtre français détenu par la secte islamiste Boko Haram. Selon plusieurs médias et sources camerounais, la libération du prêtre résulterait d'une rançon de 10 millions d’euros et d'un échange de prisonniers.


© AFP
© AFP
Jusqu’ici, les circonstances et les conditions de la libération du prêtre, Georges Vandenbeusch, de la paroisse de Nguétchéwé dans l’extrême nord du Cameroun, n’ont pas été révélées. Le prêtre français a été détenu pendant un mois et demi au Nigéria par les islamistes de Boko Haram après son enlèvement au Cameroun. À la suite de la libération, Laurent Fabius s’était contenté d’affirmer que le prélat avait été libéré « par compassion ». Une déclaration vite démentie par le prêtre… Depuis le 30 décembre 2013, cette libération alimente toutes les polémiques et spéculations : cette dernière a-t-elle été rendue possible par le versement d'une rançon de 10 millions d’euros et d'un échange de prisonniers ?

Selon des informations recueillies auprès des sources militaires camerounaises, les tractations et les transactions pour la libération du père Georges ont débuté peu avant Noël. L’hebdomadaire camerounais L’œil du Sahel croit même savoir que le principal interlocuteur et négociateur pour le compte du Cameroun est un certain Hassan, chef du petit du canton d’Achigachia, situé à la frontière nigériane, dans le département du Mayo-Tsanaga. Ce dernier a été contacté par Boko Haram pour servir d’intermédiaire entre la secte et le président de l’Assemblée nationale camerounaise, Cavaye Yeguié Djibril, originaire de la région. Celui-ci à son tour rendait directement compte au Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, celui-là même qui est allé récupérer l’ex-otage à l’aéroport de Maroua, capitale régionale de l’Extrême-Nord. La transaction menée quelques heures avant a été réalisée sous le contrôle étroit du Général israélien Mayer Heres, conseiller militaire à la présidence du Cameroun, chargé de la formation des unités spéciales. Le même homme avait déjà été parmi les premiers à accueillir la famille Moulin-Fournier en territoire camerounais après leur libération en mars 2013.

Un échange de prisonniers

D’après des informations recueillies sur place, la présidence du Cameroun aurait rabattu environ 7 milliards de francs CFA (10 millions d’euros) pour faire avancer les négociations « au mépris de la France qui a manifesté sa volonté de ne pas verser un seul radis, et surtout contre la volonté du Nigeria qui ne souhaite pas voir Boko Haram être financé », confie un haut gradé de la gendarmerie. Outre la contrepartie financière obtenue par le truchement de son intermédiaire, le lawan Hassan, la secte a réclamé - et obtenu - en échange de la libération du prêtre, l’élargissement d’un de ses principaux membres emprisonnés à Maroua. « Elle a réclamé la libération d’un de ses leaders détenus à Maroua. Le hic, c’est que les autorités camerounaises ignoraient totalement l’identité et le rôle que jouait ce prisonnier au sein de la secte. En principe, il aurait dû être classé comme un détenu de premier niveau », explique une source en contact avec Boko Haram. Son nom : Djida Umar, d’ethnie Kanuri. Ce dernier était détenu à la prison de Maroua depuis novembre 2013 après avoir été arrêté avec des armes de guerre. Il a finalement été libéré, selon nos sources, le 30 décembre 2013, le même jour que le prêtre français.

Notez