Christophe Colomb, avant-centre du Barça

4 Juin 2013



La publicité n'en finit pas d'envahir l'espace urbain. Nike s'est adjugé fin mai la célèbre statue de Christophe Colomb à Barcelone pour promouvoir un nouveau maillot. Les réactions sont contrastées.


Christophe Colomb, avant-centre du Barça
Mais... Ce n'est pas un maillot là sur la statue ? ». La statue en question c'est celle de Christophe Colomb qui trône en haut de sa colonne de fer à Barcelone. Effectivement, cette dernière est vêtue depuis le mercredi 23 mai d'un maillot du FC Barcelone taille « grandiosa ». Cette opération insolite et remarquée est l'œuvre de Nike, l'équipementier du fameux club de football, et vise à promouvoir la marque et la nouvelle tunique que Lionel Messi et ses camarades arboreront la saison prochaine.

Si l'objectif était d'attirer l'œil, la mission est plus que remplie. Située à deux pas du port et à l'extrémité de la Rambla, la principale artère touristique de Barcelone, impossible de louper la colonne de Christophe Colomb et son nouveau style. Les gens regardent en l'air pour observer le navigateur tout en bleu et grenat pointer la mer du doigt. L'appareil photo est mis à contribution, on mitraille, de près, de loin, de devant, de derrière. Dans l'ensemble, les gens semblent trouver cette initiative sympathique et insolite. Il faut dire que rien n'est permanent, le bout de tissu qui orne la statue sera retiré dès le 9 juin prochain.

Une stratégie de communication bien huilée

En plus du maillot de Colomb, Nike a installé à la base de la colonne un grand panneau publicitaire circulaire qui fait la promotion de la marque, du FC Barcelone et de leurs nouveaux maillots. Ce panneau est situé juste derrière les statues des lions qui entourent la colonne, où les touristes aiment grimper pour prendre la pose. Nike s'offre ainsi l'arrière-plan de toutes les photos touristiques prises devant le monument. Ce procédé rappelle étrangement celui déjà utilisé en conférence de presse, où  entraineurs et joueurs répondent aux questions devant un mur recouvert de sponsors.

La date du 23 mai choisie pour l'installation du dispositif n'est sans doute pas innocente non plus. Deux jours plus tard, avait lieu la finale de la Ligue des champions, à laquelle aurait sans doute pris part le Barça sans la formidable performance du Bayern Munich. Il y a fort à parier que la statue customisée de Colomb serait devenu le rendez-vous de tous les supporters barcelonais et aurait bénéficié d'une couverture médiatique d'envergure.

Une initiative qui n'enchante pas tout le monde

Si les passant semblent s'amuser de cette transformation du symbole municipal et national, elle n'est cependant pas du goût de Joan Collet, le président de l'Espanyol Barcelone, l'autre club de la ville. On avait eu tendance à l'oublier tant la renommée du FC Barcelone est forte, mais il n'est pas le seul club de la capitale catalane. Joan Collet a ouvertement accusé le conseil municipal de faire du favoritisme et d'avoir laissé Nike défigurer un emblème de la ville. Les quelque 94 000 euros que le sponsor a déboursé pour pouvoir mettre en place son opération ont dû jouer dans la balance, même si la ville affirme que l'argent sera reversé à des œuvres sociales. Malheureusement pour l'Espanyol Barcelone, le maillot de Colomb n'est qu'une goutte d'eau, car le club peine déjà à exister face au tout puissant club de Lionel Messi. Lorsque l'on se promène dans les rues de Barcelone, les boutiques de souvenirs sont pleines d'objets aux couleurs du Barça, mais l'on ne voit nulle part le bleu et le blanc de l'Espanyol.

Quelques dents ont aussi grincé du côté de Madrid où, depuis longtemps, on voit d'un mauvais œil la volonté émancipatrice de la Catalogne. Le fait de s'emparer d'un symbole national, Christophe Colomb, pour en faire un porte drapeau catalan a crispé encore un peu plus la situation. Et ce d'autant plus que, la saison prochaine, le Barça arborera en second maillot une réplique de la Senyera, le célèbre drapeau catalan rayé rouge et or qui, à Barcelone, s'affiche déjà largement aux fenêtres.

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Pierre Lecornu
Auteur à deux têtes, métaphoriquement schizophrène : Pierre est aspirant journaliste, Pierrot est... En savoir plus sur cet auteur