Ecosse : un pas de plus vers l'indépendance ?

23 Octobre 2012



Les gouvernements écossais et britannique ont signé le 15 octobre dernier un accord prévoyant la tenue d'un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse. Non sans concessions des deux parties.


Le château d'Edimbourg, un des symboles de l'indépendance écossaise
Le château d'Edimbourg, un des symboles de l'indépendance écossaise
Le bras de fer aura duré près de dix mois. Le 15 octobre, David Cameron, Premier ministre britannique, et Alex Salmond, à la tête du gouvernement écossais depuis 2007, ont accepté la tenue d'un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse. C'est une victoire majeure pour le Parti National Ecossais (SNP).

Alex Salmond et le SNP, forts d'une majorité absolue au Parlement écossais, avaient pris de court l'exécutif britannique en s'engageant en janvier dernier à lancer une consultation populaire sur l'indépendance. Ces derniers mois, David Cameron a constamment rappelé son opposition à toute rupture entre l'Ecosse et le reste du Royaume-Uni, avec l'objectif affiché de faire plier les indépendantistes. Cette consultation pourrait en effet sonner le glas d'une union politique qui, depuis 1707, place les deux soeurs ennemies sous l'autorité de Westminster. C'est déjà par référendum qu'a été rétabli, en 1997, le Parlement d'Edimbourg avec cependant des compétences limitées. Pour le SNP, cette victoire ne marque qu'une étape dans la course à l'indépendance : bien avant  l'annonce officielle de l'accord du 15 octobre, le parti majoritaire avait lancé sa campagne. Ils étaient entre 5 000 et 10 000 à parcourir les rues de la capitale politique écossaise, le 22 septembre, au son des cornemuses et des "Yes, Scotland".

Le texte, signé par les deux premiers ministres, a nécessité des concessions de chaque côté. Au-delà de la "question écossaise", les désaccords politiques entre le dirigeant conservateur et le leader d'un parti souvent placé à la gauche du Labour ont rendu les négociations houleuses. Alex Salmond peut se réjouir : son calendrier a été validé par Downing Street, le référendum étant prévu pour fin 2014. Les 16-18 ans participeront au vote, comme le SNP l'avait souhaité, misant sur la mobilisation des plus jeunes. David Cameron, pour sa part, a obtenu de son homologue écossais qu'une seule question soit posée lors du scrutin : "Etes-vous pour ou contre l'indépendance ?" Parmi les options offertes au SNP, un renforcement du système de la devolution, par un accroissement des compétences assignées au Parlement d'Holyrood - connue sous le nom de Devomax - aurait pu figurer au nombre des propositions. David Cameron a ainsi marqué sa crainte qu'une proposition "indépendantiste modérée" séduise largement, mais aussi sa confiance dans le soutien des citoyens britanniques à l'union.

Et les chiffres semblent lui donner raison, du moins pour l'instant : selon les derniers sondages, le "oui" recueillerait seulement 30% des voix. Les indécis demeurent nombreux, tout comme ceux qui ne voient pas dans ce référendum une réponse pertinente aux problèmes de leur quotidien. Alex Salmond a deux ans pour convaincre.

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Antoine Beauquis
Étudiant en Sciences Politiques à l'IEP de Lyon. En mobilité à Édimbourg (Écosse) jusqu'à mai 2013. En savoir plus sur cet auteur