En Allemagne, Dieu n'est plus un homme !

26 Décembre 2012



La ministre allemande de la famille a suscité une levée de boucliers en considérant que Dieu pouvait ne pas être masculin. Un débat qui ressuscite de vieux démons religieux.


Couverture du tome 1 de la bande-dessinée de Nicolas Barral,  "Dieu n'a pas réponse à tout" (2007)
Couverture du tome 1 de la bande-dessinée de Nicolas Barral, "Dieu n'a pas réponse à tout" (2007)
Pas de trêve des confiseurs en Allemagne. Le 21 décembre, le gouvernement allemand se déchirait sur un débat bien différent de ceux sur le chômage persistant, le travail précaire ou la crise de l’euro : le sexe de Dieu. Ce débat théologico-grammatical s’est invité lors de la trihebdomadaire conférence de presse du gouvernement, entre la dette chypriote et la relation russo-européenne.

C’est la jeune ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse, Kristina Schröder, qui est à l’origine de ce grabuge. Interrogée sur la manière dont elle évoque Dieu devant sa fille par l’hebdomadaire Die Zeit du 20 décembre, cette membre de l’Union chrétienne-démocrate a osé affirmer que « chacun devrait décider pour soi-même. L’article est sans signification. » Le débat est d’autant plus compliqué que le neutre vient s’ajouter au masculin et au féminin dans la langue de Goethe.

Un féminisme religieux ?

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Alors qu’un responsable de la puissante Eglise de Bavière a taxé les propos de la ministre d’« analphabétisme religieux », Norbert Geis, élu de la CSU (branche de l’Union chrétienne-démocrate de Bavière) a rétorqué : « Pour nous, Chrétiens, Dieu est manifestement le père. Il doit en rester ainsi. » La ministre du Travail de ce Land s’est dite « muette devant une telle stupidité » et a confié au tabloïd Das Bild : « Je trouve que c’est triste de retirer à nos enfants les images qui sont fortes pour leur imagination au nom (…) du politiquement correct. »

Kristina Schröder n’est pourtant pas une féministe de la première heure. Régulièrement critiquée pour ses idées très conservatrices, la ministre ne visait certainement pas un tel débat. Ce dernier prouve l’importance du fait religieux en Allemagne, où la séparation de l’Eglise et de l’Etat peine à être respectée. Le porte-parole d’Angela Merkel (elle-même fille de pasteur), s’est invitée dans le débat : « Si vous croyez en Dieu, l’article n’a pas d’importance. Vos prières seront exaucées quelle que soit la manière dont vous vous adressez à Lui. » Amen.

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Laurène Perrussel-Morin
Ex-correspondante du Journal International à Berlin puis à Istanbul. Etudiante à Sciences Po Lyon... En savoir plus sur cet auteur