Fin du pacte de non-agression entre Corée du Nord et Corée du Sud

Axel Fix, correspondant à Séoul
11 Mars 2013



Alors que 2013 est l’anniversaire des soixante ans de la fin de la guerre de Corée, la tension n’a jamais été aussi vive entre les deux pays. D’un côté, la multiplication des provocations du régime de Pyongyang avec un nouvel essai nucléaire et de l’autre, l’élection récente de la conservatrice Park Geun-Hye à la tête du pays. Éclairage.


Une photo de soldats à l'entrainement, diffusée par l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. | Photo REUTERS/KCNA
Une photo de soldats à l'entrainement, diffusée par l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. | Photo REUTERS/KCNA
Fraichement élue en décembre 2012 et ayant pris ses fonctions le 25 février dernier, Park Geun-Hye est devenue la première femme présidente de la Corée du Sud. Lors de son discours inaugural, en évoquant les relations avec la Corée du Nord, elle déclara qu’en cas de conflit entre les deux pays « la plus grande victime ne sera rien d'autre que la Corée du Nord elle-même ».

Le 12 février dernier, alors qu’elle est sous la menace de nouvelles sanctions de la part de la communauté internationale, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a réalisé son troisième essai nucléaire depuis 2006. Une nouvelle provocation qui n’est pas du goût de Washington et de Séoul, qui s’inquiètent de la prise de position de Kim Jong-Un, qui tente d’asseoir sa position de leader depuis la mort de son père Kim Jong-Il. En effet, la Corée du Nord utilise son programme nucléaire vigoureusement comme un levier d’influence pour obtenir de la communauté internationale des ressources et des aides [le pays est sous le coup de sanctions économiques internationales, NDLR].

Jeudi 7 mars, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à l'unanimité la résolution 2094 (ici) qui prévoit de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord. Il s'agit notamment de geler toute relation financière qui risque de servir les efforts de Pyongyang pour se doter d'armes atomiques et de missiles à longue portée. Alors que la Chine est initialement l’un des seuls alliés de la Corée du Nord (avec l’Iran notamment), elle se place comme l’un des grands acteurs de la résolution du conflit. Elle a d’ailleurs proposé de faire baisser les tensions en tentant de revenir aux « négociations à six » : les deux Corées, la Chine, le Japon et les Etats-Unis, mais cette déclaration n’est pas du goût de Séoul qui défend que la Corée du Nord s'est « isolé[e] du reste du monde et ce n'est pas le moment de parler de dialogue ».

Peu de temps après le vote sanction de l’ONU, « le Comité pour la réunification pacifique de la Corée » (CPRK) a indiqué que la Corée du Nord « abroge tous les accords de non-agression entre le Nord et le Sud ». Le pacte de non-agression entre le Nord et le Sud a été signé en 1991. Le conflit peut donc éclater à tout moment dans le cas d’une attaque ou d’une provocation de l’un des deux pays.

Le président Barack Obama a réaffirmé que les États-Unis seraient présents pour défendre la Corée du Sud mais également le Japon, et a proposé « d’offrir » son parapluie nucléaire aux deux pays.

A Séoul, le conflit avec le voisin nord-coréen ne change en rien les habitudes de la population qui continue de vivre comme tous les jours, mais lorsqu’on aborde le sujet, on sent une réelle inquiétude sur l’évolution du conflit. La population locale ne croit pas à une résolution du problème dans un futur proche mais n’arrive pas à s’imaginer le conflit évoluer en une guerre ouverte immédiatement.

Il faut rappeler que la zone coréenne démilitarisée, abrégée en DMZ (de l’anglais demilitarized zone), frontière séparant la Corée du Nord et la Corée du Sud est seulement à une soixantaine de kilomètres de Séoul. Paradoxalement, c’est probablement la zone la plus militarisée au monde actuellement, avec plus d’un million de mines, et surveillée par 700 000 soldats nord-coréens d'un coté et 410 000 soldats sud-coréens de l'autre.


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