Guerrière : un film comme les autres

Colomba Poinsignon
31 Mars 2013



Malgré son thème intriguant et porteur d'une importance historique sur le danger du néo-nazisme, le film ne possède pas de force particulière.


Guerrière : un film comme les autres

Le développement de l'industrie cinématographique nous invite à aller voir toujours plus de films au cinéma et d'en découvrir toujours plus en dvd (des nouveaux comme des anciens). Cela possède un inconvénient : certains sortent du lot et s'affirment comme "œuvres de cinéma" quand la plupart contribue à former une masse informe et indistincte de films qui ne sont pas des échecs, mais que rien ne permet de distinguer pour leur singularité (il n'y a pas forcément besoin d'être original pour cela).


Guerrière de David Wnendt fait malheureusement partie de la seconde catégorie. C'est un film réaliste sur un sujet grave : un groupuscule de jeunes néo-nazis en Allemagne. On suit l'histoire de Marisa, jeune femme membre d'un gang violent, qui va finir par aider un jeune réfugié afghan. En parallèle, Svenja, 15 ans, plonge dans cet univers beaucoup plus exaltant que sa vie d'adolescente. La structure montante et descendante (Marisa sort de l'enfer quand Svenja y entre) est intéressante sur le papier mais le réalisateur, qui est aussi scénariste, a été submergé par son thème. Aucun effort n'est fait pour construire une œuvre à part entière au-delà de cette réalité choquante. Il n'y a aucun travail particulier sur l'image, on ne peut même pas parler d'esthétique réaliste tant les plans sont identiques les uns aux autres, à part la dernière image, aucune ne nous reste en mémoire. Il n'y a pas non plus d'aperçu convaincant de cette part sombre de la société allemande. Les différentes familles sont bien amenées et on comprend leur rôle, actif ou passif, dans cette dérive politique extrêmement violente. Mais la ville où les personnages se trouvent, la vie qu'ils mènent nous est très peu montrée. Svenja est une très bonne élève, comment se fait-il alors qu'elle ne soit pas déjà persuadée de l'horreur et de la vérité des crimes nazis ? Le film soulève ce type de question, nous montre l'influence du milieu familiale sans creuser plus loin la réflexion. Il nous offre une Allemagne désincarnée, sans accéder à un aspect universel par son indétermination.


Le personnage principal reste quant à lui trop manichéen, la méchante qui est attendrie et devient gentille, pour en payer ensuite le prix. Entre l'exploration psychologique et l'émotion brute, le personnage ne parvient pas à trouver son équilibre, sans que le jeu d'actrice soit à remettre en cause. Alina Levshin n'est pas du tout mauvaise, c'est le personnage qui est trop plat, tout en surface (ce qui aurait pu être positif) mais sans présence. Le choix de mise en scène était apparemment de ne pas faire apparaître sa prise de conscience comme un processus, mais comme un événement peut-être incontrôlable, qui en tout cas s'impose à elle. Cela n'empêche pas une exploration minutieuse du phénomène ou bien de nous le montrer tout simplement, Guerrière le transforme en un cliché invisible en images.


Le magazine Trois Couleurs fait le parallèle entre ce film et This is England qui traite aussi d'un groupe de néo-nazis, en Angleterre cette fois. Ce dernier parvient, lui, à faire un véritable portrait d'un partie de l'Angleterre, les personnages sont tous fouillés, ont un caractère présent et l'humour façonne un film riches de questionnements et d'images mêlés. Il va jusqu'au bout dans son observation d'une portion de réalité, quand Guerrière semble s'être arrêté au milieu de son processus créatif.


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