Israël : si près, si loin... (1/2)

Hélène Gully
11 Mai 2014



Terre de paradoxes et de préjugés, pour comprendre Israël, il faut s’y confronter. Authentique laboratoire de contrastes, la Terre Sainte ressemble à un kaléidoscope de cultures et d’influences, dérogeant aux lois d’une réalité manichéenne. Morceau de terre disputé, méprisé ou sacralisé, la Terre sainte est aussi maudite. Carnet de voyage d’un œil incorruptible et curieux.


Crédit Hélène Gully
Crédit Hélène Gully
Il était une fois Tel-Aviv… Les immeubles effleurent le ciel, les plages accueillent une jeunesse insouciante, l’acier et le verre modernisent les bâtiments. La capitale économique d’Israël accueille le touriste sous un soleil enthousiaste. Mais Tel-Aviv, l’occidentale, aussi prometteuse soit-elle, est incapable de refléter la Terre Sainte dans son ensemble.
 
 

Jaffa l’orientale est l’alter ego de Tel-Aviv, elle est sa banlieue après avoir été le centre. Trois mille cinq cents ans d’existence, le rythme y est lent, l’effervescence prodigieuse… Le marché aux puces accueille des nuées de touristes, le quartier des artistes se décompose en ruelles où se dissimulent de vieilles maisons en pierres. Dans la vieille ville, de nombreux monuments de l'époque ottomane existent encore et le port est l’un des plus anciens du monde.
 
Ces deux jumelles laissent deviner l’ambiguïté d’une Israël aux multiples visages. 
Crédit Hélène Gully
Crédit Hélène Gully

Les deux Nords

Jusqu’à la frontière libanaise au Nord, le littoral est parsemé de souvenirs historiques du temps des Croisés ou encore d’Hérode… Les ruines essaient de raconter des histoires trop vieilles, des histoires de guerre, de Rome, d’envahisseurs et d’architectes de civilisations bigarrées. Dans un décor d’Orient, les vestiges prennent le soleil et hument les embruns de la mer bleue.
 
Au Nord-Est, les rives luxuriantes du lac de Tibériade et celles du Jourdain contredisent le paysage aride du littoral. Le lac est le plus grand réservoir d’eau douce d’Israël. Une constellation de lieux de pèlerinage entoure l’étendue d’eau, du Mont des Béatitudes à Migdal en passant par Tabgha, Capharnaüm ou Kursi. Mais les infrastructures dénaturent ces lieux de méditation. Les plages de sable succèdent à celles de galets, elles sont toutes adaptées au tourisme de masse. 
 
Crédit Hélène Gully
Crédit Hélène Gully

Golan, Guns & Roses

Crédit Hélène Gully
Crédit Hélène Gully
Le plateau surplombant le lac de Tibériade et l'Est de la Galilée s’appelle le Golan. Tabou et symbole de conflits, ce territoire stratégique présente un intérêt militaire mais il est surtout le château d’eau de la Galilée. Ses pentes suivent les affluents du Jourdain. Quelques vingt mille Israéliens ont bâti trente-trois colonies après la conquête de 1967. Depuis les cowboys du Texas israélien vivent avec les Druzes syriens.

Au bord de la route, des panneaux d’interdiction sont saupoudrés sur un tapis verdoyant sous lequel vieillissent des mines anti-personnelles. Soudain, la carcasse rouillée d’un tank se distingue entre les fleurs sauvages. La présence militaire négocie avec celle des milliers de pèlerins venus s’imprégner de l’atmosphère bénie des lieux de culte. Interaction entre deux dimensions ennemies, celle de la guerre et celle de la prière, celle de l’occupation et celle du rassemblement.

En Israël, les fusils côtoient les lieux saints sans pudeur ni embarras. Les pommes de discorde se cultivent aussi bien que celles qui font prospérer les colons agriculteurs.
Crédit Hélène Gully
Crédit Hélène Gully

Notez