L’Afrique veut vivre sa révolution industrielle

Gilles Landry Dossan
22 Mai 2014



La Septième réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique et de la Conférence des ministres de l’économie et des finances de l’Union Africaine a donné le ton : la transformation structurelle de l’Afrique par l’industrialisation.


Credit : contrepoints.org
Credit : contrepoints.org
On le sait, l’Afrique constitue l’une des premières pourvoyeuses de matières premières au monde. Des pays africains comme la République Démocratique du Congo possèdent tellement d’abondantes réserves minérales qu’on les qualifie de véritables scandales géologiques. Dans plusieurs pays africains, de nouveaux gisements de minéraux sont découverts et de nombreux permis d’exploitation délivrés. Malgré ces différents éléments, des analystes n’hésitent pas à avancer que l’Afrique souffre de la « maladie hollandaise », ce syndrome qui caractérise les économies tournées vers l’exportation massive de matières premières.

Lors de leur dernière Conférence à Abuja en mars dernier, les ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l’Afrique et de la Conférence des ministres de l’économie et des finances de l’Union Africaine ont souligné la nécessité pour les pays africains d’évoluer vers un véritable développement inclusif et équitable à travers un véritable changement structurel. L’industrialisation, clé de voûte de ce changement a été l’objet des débats. 

Faire face aux défis structurels

En effet, si le taux de croissance de l’Afrique est deux fois supérieur à celui de la croissance mondiale, l’Afrique peine encore à développer de solides chaînes de valeur qui permettront d’améliorer la compétitivité de son économie. A ce titre, ils ont souligné l’importance pour le continent de sortir de sa dépendance à l’égard des matières premières. Avec une population qui augmente et des classes moyennes dont le revenu discrétionnaire s’accroît, l’Afrique a plus que jamais besoin d’industries solides, capables de répondre à la demande et de tirer l’économie. Il s’agit désormais pour les dirigeants africains de « libérer tout le potentiel de l'Afrique en tant que pôle industriel majeur ». 

Si l’intention est en tout point louable, la tâche s’annonce plus laborieuse pour un continent que la vague des ajustements structurels a frappé de plein fouet pendant les années 90. Le tissu industriel, démantelé par les privatisations successives, peine encore à se remettre sur pied et à affronter la concurrence des produits originaires des nouveaux pays émergents, la Chine en tête. 

Redéfinir les politiques industrielles

La définition de politiques industrielles viables constitue également un défi pour le continent. Officiellement présenté durant la Conférence ministérielle, le Rapport Economique sur l’Afrique 2014, élaboré conjointement par la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique et l’Union Africaine, a pour thème  « Politique industrielle dynamique en Afrique : Institutions innovantes, processus efficaces et mécanismes flexibles ». 

Le Rapport souligne le fait que la croissance de nombreux pays africains est loin d’être inclusif étant surtout marqué par l’exportation de ressources naturelles et de minéraux. De cette situation découle la nécessité d’élaborer de vraies politiques industrielles. Ces politiques doivent, selon le Rapport, être constamment évaluées et réactualisées en fonction des différentes conjectures du moment. A ce titre, le dialogue avec le secteur privé est mis en avant comme un passage obligé pour l’efficacité des politiques élaborées par les pouvoirs publics, d’autant plus que les différentes réglementations sont susceptibles d’avoir un impact important sur la compétitivité des acteurs du tissu industriel.

La dynamique démographique actuelle du continent africain crée un important marché potentiel et la nécessité de créer des emplois viables pour les jeunes qui accèdent au marché du travail. La formation d’un véritable tissu industriel par des politiques vigoureuses et efficientes apparaît donc déterminant pour un continent, autrefois, connu pour ses crises alimentaires et autres instabilités politiques. 

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