L'Empire du Milieu s'empare du continent africain

22 Avril 2013



Longtemps considérée comme le terrain de chasse des pays occidentaux, l’Afrique est devenue le centre d’intérêt de la Chine qui s’impose de plus en plus sur ce continent tout juste libéré de l’emprise occidentale.


L'Empire du Milieu s'empare du continent africain
La Chine a démontré son intérêt pour l’Afrique depuis quelques années, notamment avec la tournée africaine du président Xi, récemment élu, constituant un signal assez clair sur les envies de la seconde puissance économique qui désire instaurer son influence sur l’espace africain au détriment de la France et surtout des États-Unis.

Cependant, le régime communiste se trouve devant un enjeu délicat, les marchés africains étant monopolisés par les pays occidentaux. Les responsables chinois devront apporter une stratégie innovatrice pour espérer contrebalancer l’hégémonie occidentale et se positionner comme acteur incontournable en Afrique.

L’Afrique représente pour la Chine un enjeu majeur où se trouvent plusieurs intérêts géostratégiques qu’il s’agit bien de défendre, c’est la raison pour laquelle les responsables chinois ont développé une stratégie innovante tout en restant conformes aux attentes des pays africains.

Chine-Afrique : un regain d’intérêt

La place grandissante de la Chine en Afrique répond à des considérations énergétiques et économiques, deux critères qui font de l’Afrique un espace sur lequel se disputent les différentes puissances sur la scène internationale. La Chine a toujours considéré les pays africains comme une source considérable en énergie et en matières premières, nécessaires à dépasser la pénurie énergétique dont souffre le pays depuis les années 90.

Justement. Elle demeure de plus en plus dépendante des importations pétrolières et des hydrocarbures, et doit de ce fait diversifier ses sources énergétiques pour maintenir sa puissance internationale. Raison pour laquelle les responsables chinois s’efforcent de renforcer leurs relations commerciales avec le continent. D’ailleurs, la seconde économie mondiale importe les deux tiers du pétrole sud-africain, s’approvisionnant en minerai de fer à partir du Gabon, achetant ses besoins en bois à la Guinée Équatoriale sans oublier la Zambie d’où elle reçoit le cuivre.

Voulant élargir son influence dans toutes les régions du monde, la Chine s’efforce de façonner les pays africains en « adoptant une attitude différente de celle qui a été pratiquée dans les échanges avec les Occidentaux ». C’est dans ce sens que la Chine s’est, d’ailleurs, distinguée en offrant un nouveau modèle de coopération aux pays africains qui diffèrent complètement de celui qui leur est proposé par les pays occidentaux.

Politique d’inconditionnalité de la Chine en Afrique

Les pays occidentaux ont toujours adopté une stratégie de conditionnalité dans leur rapport avec les pays africains. L’Europe et même les États-Unis relient constamment les aides au développement et le financement des projets sociaux à l’instauration de la démocratie et des droits de l’Homme, une réelle pression que les régimes africains n’apprécient guère.

Consciente de cette situation, la Chine a profité de cette faiblesse pour accroître sa présence, imposant sa stratégie fondée sur l’approche « gagnant-gagnant » et caractérisée par un dialogue entre partenaires, prônant la non-ingérence dans les affaires intérieures des États africains, voulant s’intéresser principalement aux méthodes qui permettent le renforcement de ses relations avec ses partenaires sur le continent sans penser à la situation démocratique et le respect des droits de l’Homme.

Le discours du président chinois confirme parfaitement ce constat, n’hésitant pas à affirmé que les pays africains ne sont nullement en infériorité par rapport au reste du monde, et que la Chine les considère comme des partenaires qu’il faut aider « à transformer leurs richesses naturelles en force de développement et à accomplir un développement indépendant et durable ». De quoi susciter l’intérêt des pays africains à se rapprocher de la Chine.

Cet intérêt pourrait fortement évoluer suite aux promesses du président Xi qui à affirmer que même « lorsque la Chine sera devenue plus forte et jouira d’un statut international plus élevé », elle ne s’abstiendra jamais à « offrir l’aide nécessaire à l’Afrique sans conditionnalités politiques à la clef ». Pour cela, la Chine a offert 20 milliards $ pour le développement du continent africain pour la période 2013-2015, confirmant, par la même occasion, les bonnes intentions chinoises et sa volonté de s’installer durablement dans la région. D’ailleurs, le taux d’échange commercial sino-africain est passé de 10,5 milliards de $ en 2000 à 40 milliards de $ en 2005.

Ce chiffre s’est multiplié de manière considérable puisque les échanges entre les pays africains et la Chine ont atteint, aujourd’hui, plus de 166 milliards $. Une situation qui inquiète énormément les pays occidentaux, notamment la France et les États-Unis, partenaires traditionnels de l’Afrique. Ces derniers considèrent que la politique chinoise à l’égard des pays africains ne permettra en aucun cas la promotion des droits de l’Homme en Afrique. Au contraire, elle contribue à renforcer la tyrannie de certains seigneurs de guerre africains, éloignant la pression démocratique nécessaire au développement des peuples africains.

Avec cette concurrence entre les pays traditionnellement liés à l’Afrique et l’arrivée de la Chine, les pays africains doivent profiter de cette situation pour assurer leur développement politique, économique et social, nécessaire à la population africaine dont les intérêts ont été trop longtemps bafoués.

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Mehdi RAIS
Doctorant en Relations et Droit Internationaux à l'Université de Rabat (Maroc) et membre du Centre... En savoir plus sur cet auteur