La République Tchèque se cherche un nouveau président

18 Janvier 2013



Pour la première fois, 8,5 millions de Tchèques éliront directement leur nouveau président. Au deuxième tour les électeurs choisiront entre l'ancien Premier ministre socialiste, Milos Zeman, et le ministre des affaires étrangères Karel Schwarzenberg. Les sondages indiquent que la bataille sera serrée. Prédire le vainqueur parait encore impossible.


Les deux candidats à la présidentielle tchèque : l´ancien Premier ministre Milos Zeman (à gauche) et le ministre des affaires étrangères Karel Schwarzenberg
Les deux candidats à la présidentielle tchèque : l´ancien Premier ministre Milos Zeman (à gauche) et le ministre des affaires étrangères Karel Schwarzenberg
Samedi après-midi, les commissions électorales comptabilisaient encore les votes, mais deux candidats sur neuf avaient déjà ouvert leur bouteille de champagne. La légende de la gauche des années 90, Milos Zeman est sorti vainqueur du premier tour avec 24,2 % des voix. Le deuxième sur la liste est l’aristocrate, chef de la diplomatie tchèque, Karel Schwarzenberg avec seulement quelques mille votes derrière Zeman (23,4 %).

Par contre le favori, un candidat indépendant, Premier ministre du temps de la présidence tchèque à l'UE, Jan Fischer, a été relégué à la troisième place. Les portes du deuxième tour sont donc restées fermées pour lui. Le premier tour a été une véritable surprise. La lutte finale s’annonce sous le signe de la tension car rien n'est sûr. Les Tchèques ont une seule certitude : le prochain président sera un des plus vieux en Europe.
Le candidat indépendent Jan Fischer, favori de la compétition, n'a pas recu assez de votes pour passer à la deuxième tour
Le candidat indépendent Jan Fischer, favori de la compétition, n'a pas recu assez de votes pour passer à la deuxième tour

La bataille des réseaux sociaux

Selon les sondages électoraux, tout s´est décidé au cours des derniers jours de la campagne. Il y a eu un véritable raz-de-marée autour de Schwarzenberg, président Parti conservateur. Il a tout d’abord gagné le soutien de grands acteurs de la vie publique et culturelle. Mais c’est surtout grâce à l'enthousiasme de ses jeunes supporters qu’il a conquis le grand public sur Facebook et Twitter. Ce sont les éléments principaux de son succès. "La force de Schwarzenberg sur Facebook s´est montrée par une synergie énorme. Beaucoup des acteurs, musiciens et même quelques journaux lui ont aussi proclamé leur soutien, a déclaré Petr Duchacek, manager de la campagne numérique de Schwarzenberg. En un mois, la page Facebook de Schwarzenberg a touché près de deux millions de personnes."

Les réseaux sociaux joueront probablement aussi un rôle important au second tour. Le vainqueur du premier tour Milos Zeman est pourtant le grand perdant d’Internet. "Nous avons une grosse carence de voix jeunes. Aujourd’hui c'est aux jeunes que nous aimerions mieux expliquer les qualités de notre candidat," a annoncé le directeur de la campagne électorale de Zeman, Vratislav Mynar. 

Néanmoins Zeman peut être confiant. En plus de sa victoire au premier tour, il a aussi gagné le soutien du CSSD, le Parti social-démocrate tchèque. Toutefois, le candidat social-démocrate, exclu dès le premier tour, n'a pas appelé à voter Zeman. Cette situation crée une forte confusion à gauche de l'échiquier politique, et le Parti social-démocrate pourrait en sortir affaibli.
Karel Schwarzenberg a réussi à mobiliser les jeunes pendant les derniers jours de campagne
Karel Schwarzenberg a réussi à mobiliser les jeunes pendant les derniers jours de campagne

Les conflits anciens resurgissent

Parmi les hommes politiques de gauche, il y a encore des questions délicates non résolues du passé. Milos Zeman a dirigé le gouvernement tchèque entre 1998 et 2002. Il était le Premier ministre du gouvernement minoritaire qui a gagné la confiance du parlement seulement grâce au premier parti conservateur, ODS. À cause de ce pacte entre les deux puissances politiques principales, les journalistes montrent cette période comme le début de la corruption en République Tchèque. Certains cas corruptions, qui ont commencé à la fin des années 90, ont des impacts dans la vie politique d'aujourd'hui. Des connexions entre Milos Zeman et des entrepreneurs sont souvent montrées du doigt par les socialistes, qui contre l’avis de leur parti ne voteront pas pour Milos Zeman au second tour.

Cependant des controverses entourent aussi l’autre finaliste, Karel Schwarzenberg. Il est le descendant de nobles tchèques mais suite à la confiscation de ses biens par des communistes dans les années 50, il a du passer une grande partie de sa vie à l'étranger. Beaucoup de gens n’imagine donc pas Karel Schwarzenberg comme président tchèque. Après son retour au début des années 90, il a travaillé comme chancelier du Premier président de la République Tchèque, Vaclav Havel. Malheureusement pour lui, il est désormais membre du gouvernement qui dispose d'une popularité extrêmement faible, ce qui l'affaiblit d'autant plus.

Un président comme un symbole

Pour cette élection, il est indispensable que le président tchèque ne dispose pratiquement pas de pouvoirs constitutionnels significatifs. Contrairement à la France, dont le chef d´état est le maillon le plus important, le Président tchèque détient un rôle plutôt symbolique. Cependant, aux yeux du public, le poste est beaucoup plus prestigieux que par exemple la position de ministre ordinaire ou d´un parlementaire. C´est la raison pour laquelle la majorité du public a accueilli avec enthousiasme la décision parlementaire d´adopter la législation électorale directe. Pourtant, au cours des derniers mois, le gouvernement a été critiqué, car la campagne a montré que cette nouvelle loi était très vague.

Cette campagne électorale est donc perturbée par les décisions judiciaires. En outre, il existe des doutes sur le financement des campagnes électorales : la loi fixe les règles, mais il est possible que certains candidats les aient violées s’exposant donc à la possibilité de poursuites pénales. Des soupçons portent même sur le finaliste Milos Zeman.

Une victoire pour l´Europe ?

Les autres pays de l’Union Européenne (UE) accueilleront probablement le résultat de cette élection avec enthousiasme. Les deux candidats ne cachent pas que leur optimiste envers l’UE, contrairement à l‘eurosceptique Vaclav Klaus, actuel Président. Le rôle du Président en matière de politique étrangère est crucial – mais pas décisif. Le gouvernement détient un fort pouvoir de décision quant aux questions européennes. Même si le nouveau président est pro-européen, un gouvernement reservé sur l´intégration européenne aura toujours le dernier mot.

Qui deviendra le troisième président de la République Tchèque ? Réponse samedi 26 janvier !

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Jakub Kajtman
Correspondant à Prague pour Le Journal International. En savoir plus sur cet auteur



1.Posté par reymond le 19/01/2013 14:03
merci pour l article,il est vrai que c est un encore un de ces pays europeens dont on n entend jamais parler!!!et dont on aimerait en savoir un peu plus!!!

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