La main verte des clubs berlinois

12 Mars 2013



À Berlin, l’association BUND incite les boîtes de nuit à investir dans des équipements écologiques en préférant la carotte au bâton.


La main verte des clubs berlinois
Faire la fête nuit gravement à la planète : les clubs sont rarement écologiques du fait de leurs nombreuses installations électriques. Faudrait-il pour autant arrêter de sortir entre amis ? Certainement pas, répond l’association BUND (Bund für Umwelt und Naturschutz Deutschland – Association pour l’environnement et la protection de la nature en Allemagne). Elle tente trois à quatre fois par an de réunir un maximum de fêtards à une soirée. L’établissement dans lequel l’événement est organisé s’engage en échange à ce que les gains obtenus soient investis dans des équipements écolo-responsables.

Un club allemand consomme en moyenne 150 000 kWh par an, ce qui représente la consommation de 45 foyers de 3 personnes. Les 5 000 clubs que compte l’Allemagne consommeraient donc à eux seuls autant d’électricité que la Slovénie en un an. Les établissements berlinois, souvent anciens et mal isolés, sont les plus mauvais élèves avec leurs coûts de chauffage élevés.

La carotte et le bâton

Le principe est inspiré des carrotmobs (foule de la carotte) apparues à la fin des années 2000 aux Etats-Unis. Le concept, fondé sur le « buycott » incite les entreprises à être responsables en leur apportant de nouveaux clients. Une communauté achète en masse dans un établissement afin de le féliciter des engagements sociaux ou écologiques qu’il a pris. La carotte de l’argent est utilisée pour pousser les commerçants à agir dans le domaine de l’écologie.

Le premier Club Mob a été organisé en décembre 2011 au SO36, petit club du quartier de Kreuzberg. L’établissement a bénéficié dans un premier temps de conseils en énergie délivrés par l’association. Le SO36, qui s’est engagé à acquérir des ampoules de basse consommation, de nouveaux frigos, et à se tourner vers un fournisseur d’électricité spécialisé dans les énergies renouvelables, est depuis suivi par l’association. La soirée lui a permis d’obtenir plus de 2000 euros à réinvestir. Des bilans sont régulièrement publiés sur le site de celle-ci.

D’autres initiatives surfent sur la vague verte qui touche les villes réputées branchées, faisant de l’écologie une économie. La Green Music Initiative, partenaire des Clubs Mob, a ainsi créé cette année un Green Club Index. Celui-ci classe les clubs en fonction de leur empreinte écologique afin de permettre aux musiciens en tournée de choisir où ils joueront. Autre initiative, l’association Klima Klicker a tourné en 2008 le premier clip vert dans le Tresor Club berlinois, en créant l’énergie du tournage uniquement grâce à des vélos transformés en turbine. L’économie verte, encouragée par les carrotmobs, a de beaux jours devant elle !

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Laurène Perrussel-Morin
Ex-correspondante du Journal International à Berlin puis à Istanbul. Etudiante à Sciences Po Lyon... En savoir plus sur cet auteur